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Les Brexiters sont à la fête, les europhiles ont le coeur gros. Après plus de trois ans de déchirements, plus moyen de reculer: le Royaume-Uni devient vendredi le premier pays à quitter l'Union européenne, mettant fin à un mariage houleux de 47 ans.
Après avoir été repoussé trois fois et avoir semé la zizanie des foyers britanniques aux bancs du Parlement, le Brexit est prévu à 23H00 (heure de Londres et GMT), trois ans et demi après son vote par 52% des Britanniques au référendum de 2016.
Ce clap de fin n'en est pas vraiment un. Il marque le début d'une deuxième saison dans la saga du Brexit: celles des complexes négociations sur les liens qui uniront Londres et Bruxelles après une transition jusqu'au 31 décembre, mais aussi Londres et les autres puissances comme les Etats-Unis de Donald Trump, qui lui fait des appels du pied.
"C'est le moment d'un vrai renouveau et changement national", doit dire le Premier ministre Boris Johnson dans un discours à la nation diffusé une heure avant le grand saut, tandis qu'une horloge lumineuse projetée sur Downing Street lancera le compte à rebours.
Ce n'est pas une fin mais un commencement
Boris Johnson réunira symboliquement son conseil des ministres à Sunderland, une ville du nord-est de l'Angleterre ayant voté à 61% pour le Brexit en 2016.
Champion du Brexit, élu à une large majorité en décembre sur la promesse de le réaliser, le conservateur souhaite toutefois "unifier" pour aller "de l'avant".
La tâche s'annonce difficile. Selon un sondage de l'institut YouGov, seuls 30% des partisans du "Remain" ont accepté la rupture.
Les titres de la presse reflètent vendredi l'enthousiasme des Brexiters comme l'appréhension de ceux qui voulaient rester dans l'UE. "Ce n'est pas une fin mais un commencement", se réjouit l'europhobe Daily Telegraph tandis le quotidien pro-UE The Guardian titre "Petite île".
Une veillée dans le centre de Londres
Le jour a beau être historique, il n'entraînera pas de grand changement concret dans l'immédiat, si ce n'est le retour du passeport bleu, préféré au bordeaux européen, ou la fermeture du ministère du Brexit, qui perd sa raison d'être.
Pour que la séparation se fasse en douceur, le Royaume-Uni continuera d'appliquer les règles européennes, sans avoir voix au chapitre, durant la période de transition.
Alors que les réjouissances officielles se veulent sobres, pour ne pas froisser une bonne partie de la population, les eurosceptiques les plus fervents comptent bien marquer l'événement en fanfare, leur figure de proue Nigel Farage en tête, qui voit un vieux rêve se réaliser. Il a prévu une fête devant le Parlement, dont la célèbre cloche Big Ben, en travaux, restera toutefois muette.
A l'opposé, une veillée est prévue en soirée dans le centre de Londres, comme dans l'europhile Ecosse, où le Brexit a ravivé les velléités d'indépendance. Le drapeau européen continuera à y flotter devant le Parlement.
Une victoire pour le frétillant Boris Johnson
"Aujourd'hui, mes pensées vont aux millions de citoyens britanniques qui sont tristes, comme nous", a déclaré à la BBC le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier.
Dans une lettre publiée vendredi, les responsables de l'UE - Commission, Conseil et Parlement européens - ont salué "une Europe à l'aube d'une ère nouvelle", et rappelé au Royaume-Uni qu'il perdrait "les bénéfices" d'un Etat membre après le Brexit.
La concrétisation du Brexit est une victoire pour le frétillant Boris Johnson, qui a réussi là où la précédente locataire de Downing Street, Theresa May, s'était cassé les dents, enchaînant les déconvenues au Parlement.
L'ex-maire de Londres est parvenu à faire adopter fin janvier l'accord de divorce renégocié à l'automne avec Bruxelles, fort d'une solide majorité parlementaire. Le texte a été ratifié au Parlement européen lors d'une séance chargée en émotions pour les eurodéputés britanniques sur le départ.
Des négociations "dures mais justes"
Le traité règle les modalités du divorce en garantissant notamment les droits des citoyens expatriés et en résolvant le casse-tête de la frontière entre les deux Irlande.
Pour la suite, des difficiles tractations s'annoncent entre le Royaume-Uni et les 27 pour déterminer les contours de leur relation en matière commerciale, de sécurité ou de pêche.
"Les négociations seront dures" mais "justes", a prévenu la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sur la BBC.
Londres souhaite aboutir en un temps record, avant la fin de l'année, et exclut toute prolongation de la transition au-delà de 2020. Un calendrier jugé très serré à Bruxelles.
Boris Johnson, qui devrait détailler sa vision en début de semaine prochaine, a déjà clairement annoncé qu'il ne voulait pas d'alignement avec les règles communautaires.