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"Une catastrophe comme Fukushima ne pourrait pas se produire": quelle sécurité autour des réacteurs nucléaires du futur?

Comment produira-t-on de l’électricité à l’avenir ? Après avoir annoncé la fermeture puis la prolongation de certaines centrales atomiques, le gouvernement fédéral investit dans la recherche sur les petits réacteurs modulaires. Une technologie nucléaire présentée comme celle du futur. A Mol, le centre d’étude nucléaire développe un modèle de démonstration avec 4 partenaires internationaux. Un modèle présenté comme plus sûr. Comment améliorer la sécurité nucléaire dans le futur ?

Nous entrons dans un lieu hautement sécurisé. Pour pénétrer dans ce centre de recherche nucléaire, il faut montrer patte blanche : on étudie ici des technologies stratégiques et potentiellement dangereuses. 

C’est ici qu’on développe les SMR, small modular reactor, petit réacteur modulaire en français. Ils sont présentés comme la technologie atomique de l’avenir. Dans une machine, chaque élément du futur réacteur est testé. "La température jusqu’à laquelle on peut aller, c’est 1.600 degrés, donc on a une réserve relativement importante", indique Marc Shyns, responsable du projet SMR au SCK-Cen de Mol. 

Dans une centrale nucléaire classique, le combustible, l’uranium, est plongé dans l’eau. Lorsque la réaction est stoppée, des pompes, alimentée en électricité, font circuler cette eau pour refroidir le cœur du réacteur. Ici, c’est du plomb liquide qui est utilisé. Un gage de sécurité. "Cela veut dire surtout lorsqu’il n’y a plus d’électricité pour quelque raison que ce soit, le système s’auto-régule d’une certaine manière pour avoir ce refroidissement qui doit toujours être assuré même après l’arrêt de la réaction", explique Marc Shyns. 

En clair, une catastrophe comme celle de Fukushima, au Japon, n’est pas possible. Les SMR au plomb n’ont pas besoin d’apport électrique extérieur pour se refroidir, après l’arrêt du réacteur. 

Aujourd’hui, la production d’électricité nucléaire est concentrée dans deux endroits hautement sécurisés en Belgique : Doel et Tihange. L’arrivée des SMR pourrait changer la donne. "Il va falloir commencer à regarder tout doucement à d’autres sites, d’autres endroits intelligents où mettre ces petits réacteurs, en particulier là où on a de grands besoins d’électricité", souligne Thomas Pardoen, professeur à l’école polytechnique de l’UCLouvain – spécialiste nucléaire. 

Autrement dit, le nombre de sites nucléaires pourrait se multiplier un peu partout dans le pays. Des zones qu’il faudra aussi protéger contre un attentat ou d’autres types d’événements extérieurs. "On n’est pas non plus à chercher 100 sites. On est sans doute en train de chercher quelques sites en plus en Belgique pour disposer ces réacteurs effectivement et là il faudra mettre les normes de sécurité qui sont nécessaires en fonction de la technologie", précise le professeur. 

Des technologies qui sont encore en développement. 70 prototypes sont en construction partout dans le monde. Le premier SMR belge est attendu vers 2035.

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