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"On se faisait tirer dessus": André, dernier survivant de la Brigade Piron, raconte la libération de 1944

Il y a quatre-vingts ans, les forces alliées débarquaient en Normandie pour libérer l’Europe et la Belgique. Parmi elles, la Brigade Piron, une unité belgo-luxembourgeoise composée de volontaires. André Liégeois est l’un des derniers survivants de cette force combattante. Malgré ses 99 ans, ce résistant n’a rien perdu de sa lucidité.

À 99 ans, André Liégeois, de père wallon et de mère congolaise, conserve une vie de souvenirs. Lorsqu'il nous montre sa Jeep parquée dans son garage, tout lui revient.

"Quand on roule en combat, le pare-brise est baissé pour qu’on puisse tirer tout azimut. Au sein de la brigade Piron, il est aux avant-postes. Sa mission, identifier l'ennemi. On se faisait tirer dessus parce qu’on arrivait à l’improviste", se rappelle-t-il. 

Aujourd'hui, sa vue ne lui permet plus de conduire, mais ses réflexes sont toujours bien présents. L'histoire André Liégeois commence en 1940. Il s'engage dans la résistance dans la région de Liège alors qu'il est adolescent : "J’avais quinze ans et mon frère en avait treize. Nous devions faire passer des messages depuis le boulevard de la Sauvenière. Nous allions chercher du charbon là-bas, mais dedans étaient dissimulées des pièces d’armement". 

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En août 1944, il apprend que la Brigade Piron vient de libérer la côte fleurie en Normandie et se rapproche de la capitale. Avec son groupe de résistants expérimentés, il prend le chemin vers Bruxelles. "Nous avons vu l’entrée de la brigade Piron à Bruxelles et le lendemain, il y avait un bureau d’engagement qui s’était installé à Louvain et je m’y suis inscrit. Quelques semaines après, nous étions embarqués quand la brigade est repartie en opération", raconte-t-il.

André Liégeois est l'éclaireur de l'unité combattante. La nuit, il cartographie les positions allemandes avant les affrontements. Un jour, il frôle la mort : "C’était en 1945. Nous sommes bombardés, on est tous par terre et à un moment donné, un obus tombe au milieu du groupe… Mais n’explose pas. Nous sommes tous couchés et mentalement, on compte jusqu'à dix. Le sergent nous dit : « Ça n’a pas explosé ! Allez, foutez le camp. Tout le monde se lève et s’éparpille dans tous les sens".

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André est fier de ses médailles. Il n'oublie rien et s'inquiète de la montée de l'extrémisme : "Quand on voit comment se comportent les dirigeants russes, qui ont la folie des grandeurs comme Hitler, et bien, on craint que ça ne recommence. Mais ce n’est pas possible des histoires comme ça dans l’Europe de maintenant. On doit essayer de tous vivre en bonne entente, et pas avec un qui domine les autres".

Il y a encore quelques jours encore, André était en Normandie. Il promet de saluer la mémoire de ses frères d'armes jusqu’à son dernier souffle.

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