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L'invité de RTL info Signatures de mercredi 5 juin est l'un des hommes les mieux informés sur le véritable état de la Belgique. Pour la première fois, Baudouin Regout, commissaire au Bureau fédéral du Plan, a répondu aux questions de Luc Gilson et Christophe Deborsu.
Quel est l'état de notre pays ? Y a-t-il de quoi s'inquiéter ? C'est le genre de questions que se pose le Bureau du plan. Mais de quoi s'agit-il exactement? "Sa mission consiste essentiellement à nourrir le débat démocratique et l'adhésion politique de chiffres objectifs, indépendants, neutres et scientifiques. Nos domaines d'expertises, c'est le social, l'économique, le développement durable, y compris l'énergie, etc...", nous répond Baudouin Regout, commissaire au Bureau fédéral du Plan.
En moyenne, de 2019 à maintenant, le pouvoir d'achat a augmenté de 5%
Pour répondre à la question, le pouvoir d'achat est un bon indicateur. Va-t-il mieux qu'il y a quatre ans, quand le gouvernement De Croo a commencé, par rapport à nos voisins? "En général, quand on parle de l'évolution du pouvoir d'achat, on essaie de se placer avant la crise du Covid, donc de 2019. Parce que c'est vraiment ces deux crises, Covid et la crise de l'inflation qui ont touché le pouvoir d'achat. Et ce qu'on constate, c'est qu'en moyenne, de 2019 à maintenant le pouvoir d'achat a augmenté de 5%", révèle l'invité. "Donc la chute de 2% de 2022 a été compensée, et même dépassée", ajoute-t-il.
Baudoin Regout précise toutefois que c'est une moyenne, "ça cache des réalités très différentes", dit-il. "Parce qu'évidemment, la sensibilité d'un ménage à l'autre diffère. Pour un ménage plus aisé, la part de ce qui a augmenté, c'est-à-dire l'énergie et l'alimentation dans son budget mensuel, n'est pas élevée. Et donc, ils n'ont pas été très affectés par cela. Par contre, ils ont bénéficié en plein de l'indexation automatique des salaires. Donc, eux, ils ont été relativement bien protégés", relativise-t-il.
Autrement dit, c'est plutôt la classe moyenne qui a été impactée par la baisse du pouvoir d'achat. "De l'autre côté, les ménages les plus faibles, plus modestes, par contre, avaient des mesures spéciales, comme le tarif social. Et c'est entre les deux, quand vous ne tombez pas dans ces catégories-là, qu'effectivement, ça a été ressenti le plus fort", dit-il, même si "ils ont perdu pendant un moment donné, mais ça a été résorbé".
Ce qu'on constate, c'est que pendant la crise, elle a plutôt mieux résisté.
Qu'en est-il de la croissance ? L'économie belge se porte-t-elle moins bien ou mieux que les pays qui nous entourent ? Là aussi, Baudouin Regout est plutôt rassurant : "Plutôt mieux, voire beaucoup mieux. Ce qu'on constate, c'est que pendant la crise, elle a plutôt mieux résisté. Elle a mieux rebondi pendant les crises. Et depuis quelques années, en moyenne, par rapport à l'Europe, on a un taux de croissance plus élevé", révèle l'expert.
Comment expliquer cela ? Baudoin Regout évoque l'indexation automatique des salaires, parmi "toute une série de facteurs". "Ça vient évidemment avec un bémol. C'est que ça a un impact plutôt négatif sur la compétitivité par rapport au reste de nos voisins, et du coup, notre exportation".
"L'inflation, on a eu un pic de fièvre. C'est quasiment retombé. L'année prochaine, on va retomber aux 2% qui sont la norme à long terme, etc. Et les créations d'emplois, elles ont quand même été importantes. Alors, du bien et du moins bien : 170 000 à peu près emplois créés sur les trois dernières années. C'est plutôt bien. Mais ce ne sera quand même pas suffisant, quand on regarde à l'évolution, pour atteindre ce fameux 80% de taux d'emploi", conclut Baudoin Regout.