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"On veut nous reprendre ce que nos ancêtres ont acquis": des milliers de manifestants se sont rassemblés dans les rues de Bruxelles

Quelque 18.000 personnes selon la police, 25.000 selon les syndicats, ont pris part lundi matin à Bruxelles à la manifestation nationale contre le dumping social. Le cortège s'est élancé vers 11h15 depuis la gare du Nord et est arrivé à la gare du Midi en début d'après-midi.

Le cortège de militants rouge-vert-bleu venu lundi dans la capitale pour protester contre le dumping social est arrivé à la gare du Midi. Le cortège se disloquait petit à petit vers 13h30.

Entre 18.000 (selon la police) et 25.000 personnes (selon les syndicats) ont pris part à cette marche à travers les rues de Bruxelles.  

Même si la manifestation a été rythmée aux sons des pétards et autres coups de sifflets, elle s'est déroulée sans incident, d'après la police. 

Sous un ciel brumeux et incertain, les manifestants brandissaient une farandole de pancartes aux slogans incisifs, dirigés, sans surprise, contre l'enseigne au lion. "Même si Delhaize ne veut pas, on est là", ou encore "Tant que Delhaize ne franchisera pas, les travailleurs seront là".

L'entreprise belge est sous le feu des critiques depuis qu'elle a annoncé, le 7 mars dernier, son intention de passer sous franchise ses 128 magasins intégrés. "De l'argent il y en a, dans les caisses du patronat", "Stop social dumping" scandaient les militants, tandis que d'autres s'époumonaient sur le titre "Le lion est mort ce soir" repris à la sauce sociale: "Delhaize est mort ce soir". 

La manifestation était placée sous le signe de la solidarité avec les "Delhaiziens", mais également de la peur. Les travailleurs venus des quatre coins du pays sont préoccupés par leurs avenirs professionnels, car ils craignent que leurs conditions de travail se dégradent si le modèle de franchise venait à s'imposer durablement dans le paysage du commerce belge. 

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En franchisant ses magasins, le groupe pratique un dumping social "déguisé", en plus d'un contournement de la Loi Renault, selon les syndicats. D'après leurs estimations, le modèle de franchise entraînerait, à terme, une dégradation "inévitable" des conditions de travail ainsi que la suppression de 6.500 emplois.  C'est la raison pour laquelle les syndicats réclament une simplification et une harmonisation des commissions paritaires. Le sujet a d'ailleurs été remis sur le devant de la scène dans le cadre des négociations sectorielles. 

Par ailleurs, les mesures adoptées par Delhaize pour mettre fin à la grève ont provoqué une levée de boucliers des syndicats. L'interdiction des piquets de grève, l'intervention des huissiers de justice et l'appel aux forces de l'ordre sont perçus comme autant "d'attaques sévères" au droit de grève. Ces décisions de justice "font passer le droit commercial avant le droit d'action collective, ce qui constitue un dangereux précédent pour les mouvements sociaux", déplorent encore les syndicats.

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Les syndicats déposent des couronnes mortuaires 

Une petite délégation du Setca, emmenée par sa présidente, Myriam Delmée, a déposé lundi une couronne mortuaire arborant le message "A la défunte concertation sociale" à l'entrée de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) à Bruxelles, dans le cadre de la manifestation nationale contre le dumping social.

Les organisations syndicales se sont ensuite dirigées vers le Palais de Justice, situé place Poelaert, où trois couronnes mortuaires, une pour chaque couleur syndicale, ont été déposées. On pouvait lire sur celles-ci "A notre regretté droit de grève". Une grande banderole flottait également sur la façade de l'édifice judiciaire, indiquant "Profits partout, justice nulle part - Boycott Delhaize".    

Les militants ont ensuite procédé à un lâcher de ballons, tout en scandant "La franchise, aucune, aucune, aucune utilité".    

Selon le front commun syndical, les mesures adoptées par les dirigeants de Delhaize pour mettre fin à la grève constituent "un dangereux précédent pour les mouvements sociaux".    

"Sans syndicat, il n'y a pas de contre-pouvoir. C'est pourtant essentiel dans une démocratie. Nous ne permettrons pas que notre démocratie soit mise en péril. La grève est un droit fondamental", a clamé Mme Delmée.    

Le dépôt de couronnes mortuaires devant le Palais de Justice visait également à dénoncer, sous le prisme symbolique, le projet de loi "anti-casseurs" du ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne. Selon les syndicats, ce projet de loi confère une nouvelle dimension à une manifestation, car il vise les participants à des 'rassemblements revendicatifs' et aura pour effet l'interdiction de manifester. Le champ d'application de cette loi serait tellement étendu qu'il permettrait de viser et réprimer des manifestantes et manifestants qui ne commettent aucune violence. Sans avoir pour autant le moindre effet sur la présence ou les actions d'éventuels "casseurs".

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Des perturbations dans les transports

Outre des perturbations dans les services régionaux de transport (Stib, De Lijn, Tec), la manifestation nationale de lundi devrait aussi chambouler l'activité à Brussels Airport, ont fait savoir les responsables de l'aéroport sur internet.

Ces derniers prévoient des difficultés dans plusieurs secteurs. Les services de bus et de taxis pourront être affectés. Au sein de l'aéroport même, la capacité limitée des installations de screening pourrait entraîner des retards, de l'ordre d'une trentaine de minutes, selon une porte-parole. La présence du personnel aux contrôles de sécurité des passagers est en effet moindre que d'habitude.  

Les services de nettoyage de l'aéroport seront également perturbés, "mais les équipes disponibles feront tout leur possible pendant cette journée d'action", précisent encore les autorités aéroportuaires.  

 

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Départ pour la manifestation à Liège

 

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