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De jeudi à ce dimanche, le pape aura donc visité plusieurs lieux du pays. Retour sur son passage en Belgique, entre polémiques et discours.
Le pape François a refermé, avec une messe présidée dimanche au stade Roi Baudouin, une visite étalée sur quatre jours en Belgique. Ses interventions ont oscillé entre un discours attendu et des propos controversés. Lors de son passage, le souverain pontife s'est ainsi exprimé sur les violences sexuelles commises au sein de l'Église, soulignant que cette dernière devrait "avoir honte et demander pardon". Le chef de l'Église catholique, âgé de 87 ans, a également tenu des propos plus polémiques sur la place des femmes dans la société ou sur la loi autorisant l'avortement sous certaines conditions, la qualifiant de "loi meurtrière".
Ne pas couvrir les abus
Lors de la messe de dimanche matin, le pape François a demandé "à tous de ne pas couvrir les 'abus'" et de condamner les agresseurs pour pouvoir "guérir de cette maladie que sont les 'abus'", faisant référence aux violences sexuelles commises au sein de l'Église. "Je demande aux évêques: ne couvrez pas les abus, condamnez ceux qui abusent", a-t-il encore exprimé. Le souverain pontife a ajouté qu'il fallait "que les choses se sachent" et "dénoncer ceux qui 'abusent'. Il faut du courage pour le faire", a-t-il salué. "Il faut que ceux qui 'abusent' soient jugés, qu'ils soient laïcs, prêtres ou évêques", a encore insisté le chef de l'Église catholique.
Le souverain pontife avait déjà abordé la thématique vendredi matin au Château de Laeken, où il était reçu. Le jésuite argentin avait souligné que c'était "à l'intérieur même de l'Église" que rôdait "ce crime". "Ce crime existe" et "l'Église doit avoir honte, demander pardon", a-t-il complété. Dans le même temps, le pape a assuré que l'Église s'attaquait "avec détermination et fermeté" au "fléau" des violences sexuelles sur mineurs.
Vendredi soir, le pape a rencontré 15 victimes de violences sexuelles commises au sein de l'Église. "Bien que vous vous soyez à plusieurs reprises emparé de ce sujet avec clarté et force de conviction, jamais vous ne vous êtes adressé à nous les victimes, ou plus exactement les survivantes et les survivants, dans notre ensemble", avaient plaidé plusieurs d'entre elles dans une lettre adressée au souverain pontife. Un échange a finalement été organisé et a duré deux heures.
"Le roi Baudouin, un homme de foi"
Samedi, le chef de l'Église catholique a tenu des propos d'une autre nature au sujet du droit à l'avortement, reconnu en Belgique sous certaines conditions. Il a salué le "courage" dont le cinquième roi des Belges avait fait preuve en 1990 quand il a choisi de "quitter sa place de Roi pour ne pas signer une loi meurtrière". Le pape était alors allé se recueillir quelques instants dans la Crypte royale à Laeken, accompagné du roi Philippe, neveu de Baudouin, de la reine Mathilde et du sixième roi des Belges Albert II.
Baudouin était en quelque sorte l'invité surprise de la messe présidée par le pape dimanche. Ce dernier a en effet annoncé qu'à son retour à Rome, il initierait le "processus de béatification" du monarque belge, qualifié d'"homme de foi". "Je demande aux évêques de participer à ce processus", a encore ajouté le souverain pontife sous les applaudissements du stade.
Les propos du pape François sur le droit à l'avortement ont fait bondir le Centre d'action laïque. Ce dernier a dénoncé une "provocation, le jour-même de la Journée internationale pour le droit à l'avortement". "L'accès à cet acte médical dans des conditions dignes et sûres est un droit fondamental pour toutes les femmes. S'y opposer est au contraire placer les femmes dans une situation risquée pour leur santé."
Des femmes, il a encore été question à Louvain-la-Neuve, où le pape s'est rendu samedi dans le cadre du 600e anniversaire de l'université de Louvain. Le chef de l'Église catholique a cette fois heurté l'UCLouvain, affirmant dans l'enceinte de l'Aula Magna que "la femme est accueil fécond, soin, dévouement vital". Une vision "déterministe et réductrice" qu'a déploré l'université.
Le pape a également visité la KU Leuven, l'institution sœur de l'université louvaniste francophone. Dans un discours plus conventionnel, il y a encouragé les universités à être des "protagonistes dans la création d'une culture d'inclusion, de compassion, d'attention aux plus faibles et aux grands défis du monde dans lequel nous vivons". Il n'a par contre pas mentionné les droits des femmes et des LGBTQIA+, auxquels avait auparavant fait allusion le recteur louvaniste Luc Sels. Dans un autre registre, le souverain pontife a salué la politique d'accueil de l'université, qui a "ouvert (ses) bras pour accueillir" des réfugiés et "les aider à étudier et à grandir" alors que "certains appellent au renforcement des frontières".
Le pape François a aussi effectué plusieurs visites hors programme. C'était le cas samedi matin à l'église de Saint-Gilles, où il a partagé un petit-déjeuner avec des personnes précarisées. En soirée, il a également été à la rencontre de quelques milliers de jeunes réunis sur le plateau du Heysel lors du festival religieux Hope Happening.
Le point d'orgue de cette visite papale en Belgique a été la célébration de la messe dans le stade Roi Baudouin dimanche devant quelque 37.500 personnes. Le souverain pontife a fait un tour d'honneur dans sa célèbre papamobile avant de prendre place sur le podium installé pour l'occasion. À l'issue de l'eucharistie, le pape a directement pris la direction de l'aéroport de Melsbroek, d'où il s'est envolé à la mi-journée pour retrouver Rome.