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Le mot "vacances" ne signifiait pas grand-chose dans la jeunesse de Carmen, 94 ans: "On travaillait d'un bout de l'année à l'autre"

Ils s'appellent Bernard, Daniel, Marie France, Nicole...ils sont 12 au total, de 65 à 95 ans, ils ont tous accepté d'évoquer leurs meilleurs souvenirs de vacances. De 1935 à aujourd'hui, de Blankenberghe à Rochehaut en passant par Cannes, Rome, la grèce et le Portugal...On vous emmène tout l'été en vacances, direction : un autre siècle. Tout cet été, on va vous parler 2 chevaux, Nationale 7, carte postale et caravane. 

Les congés payés, c'est un tournant social majeur dans l'histoire de Belgique. D'abord généralisés en France, ils sont adoptés par la loi belge en 1956. Cette loi vise à adoucir les conditions de vie et de travail de la population, alors que la Belgique sort de la guerre.

Jusque-là, le mot vacances ne voulait pas dire grand-chose, certainement pas pour la famille de Carmen, âgée de 94 ans, installée à Sugny, au beau milieu de la province de Luxembourg. "On n'avait pas de vacances, on travaillait d'un bout de l'année à l'autre. Au village, personne ne disait qu'il allait en vacances", se souvient la retraitée. Les gens, étaient-ils malheureux ? "Je ne crois pas", répond-elle.

Elle passait tous ses étés à Sugny vallée de la Semois, chez son oncle qui était cultivateur de tabac. Elle le suivait partout et roulait les cigares.

Ceci dit, pour Carmen, pas de congés payés qui tiennent. Elle est indépendante, alors ils se relaient avec son mari tout l'été. "Mon mari partait huit jours avec ma belle-sœur, mon frère et les enfants, et moi, je partais huit jours. On ne fermait pas le magasin, comme maintenant", dit-elle.

Quand on lui parle de budget vacances, Carmen repense souvent à ses parents. "Je ne vois pas mes parents, par exemple, mettre 12.000 euros pour aller faire un voyage", affirme-t-elle.

Andrée, âgée d'une septantaine d'années, se souvient encore de son salaire de l'époque, dans les années 60, et de ce que cela représentait, notamment quand il fallait partir en vacances. "Ça représentait beaucoup pour nous, puisqu'on était quand même des jeunes mariés. J'étais allée dans le sud de l'Espagne. Je ne sais plus combien ça avait coûté, mais on avait épargné pour pouvoir le faire", se rappelle Andrée.

"Là, on emprunte pour aller en vacances, puis on rembourse... Les gens ont de l'argent, je ne sais pas moi. C'était important le budget vacances par rapport à ce qu'on gagnait. Moi quand j'ai commencé à travailler, je gagnais 10 000 francs belges, ça fait 250 euros", compare Andrée.

Carmen s'est offert de beaux voyages dans sa vie, elle a vu la Grèce, l'Italie, la Turquie, pourtant, c'est dans son petit village de Sugny qu'elle voudrait passer ses dernières vacances. "J'aimerais y retourner une fois. Si je devais choisir l'un ou l'autre, je crois que je choisis Sugny", rêve Carmen, qui n'est malheureusement plus capable de se déplacer.

 

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