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"Elles disent que je suis trop vieux": à 87 ans, Claude, ancien pilote de chasse, ne trouve plus d'assurance pour sa voiture

Début septembre, Claude, 87 ans et Gembloutois, entame des démarches pour changer d’assurance. L’actuelle lui rend la vie impossible. "Les interlocuteurs étaient odieux. Je voulais absolument aller voir ailleurs." Ce changement, en apparence anodin, devient pourtant un véritable calvaire. Claude n'est accepté dans aucune assurance. Le motif : son âge.

Claude est un homme de 87 ans actif, en parfaite santé et débordant d’énergie. Il est totalement autonome. "L’âge, ce n’est qu’un nombre. Je fais tout pour rester indépendant. J’ai déménagé dans un bel appartement pour un entretien plus simple et j’ai acheté une voiture automatique pour plus de confort." Pour faire ses courses et rendre visite à ses amis, conduire est devenu quotidien et ne lui fait pas peur. "Je conduis souvent. Je n’ai jamais eu le sentiment d’être un danger pour les autres." Conduire fait effectivement partie intégrante de son identité. Sa carrière de 24 années comme pilote de chasse pour l’armée, suivie d’un travail comme pilote de ligne long-courrier, représente une fierté. "J’ai subi des centaines de contrôles médicaux pendant ma carrière. Pilote d’avion est l’un des métiers les plus surveillés au monde. J’étais responsable de milliers de vies. "

Je suis vieux, mais tout les vieux ne conduisent pas mal

Pourtant, l’octogénaire n’a pas pu faire valoir ses années de service. En septembre, il choisit de changer d’assurance. "J’ai arrêté mon contrat, car les relations étaient devenues invivables. Elle ne me satisfaisait plus du tout." Ce choix le plonge dans un parcours du combattant. Impossible pour Claude de se faire accepter dans une nouvelle assurance. "J’ai contacté au moins quatre compagnies. Elles me répondent toutes que c’est impossible en raison de mon grand âge." Une réponse difficile à accepter pour Claude. "Oui, je suis vieux, mais tous les vieux ne conduisent pas mal. "

Pour prouver ses aptitudes, Claude propose de passer des tests médicaux. "Il est normal de démontrer que nous savons encore conduire. Beaucoup de personnes âgées peuvent représenter un danger sur la route, mais les assurances ne veulent même pas que je leur fournisse un test médical. Elles étaient fermées à toute proposition."

Après plusieurs jours de recherche, aucune solution ne semble se présenter. Les assurances ferment les portes les unes après les autres. "J’étais désespéré et choqué que l’âge soit si déterminant. Je suis obligé d’être assuré. Cela signifie qu’on m’interdit de conduire alors que j’en suis parfaitement capable." Claude détourne donc le problème et assure sa voiture au nom de son épouse. "Elle est plus jeune que moi, donc elle n’a pas eu de problème." Claude peut ainsi reprendre la route, mais avec un sentiment amer.

Des refus 

Claude n’est certainement pas le seul dans cette situation. Les refus motivés par l’âge peuvent être fréquents. Malgré l’obligation d’être assuré, aucune législation n’oblige les compagnies à accepter un client, ce qui peut sembler injuste. "Étant des entreprises privées, les assurances ont le droit d’appliquer leurs propres critères et conditions", répond Assuralia. Cependant, lorsqu’un client demande des explications sur un refus, l’assurance est tenue de fournir une réponse.

Discriminatoire ?

L'octogénaire est évidemment en droit de se demander s'il n'est pas victime de discrimination. Pour Unia, le Centre interfédéral pour l'égalité des chances, être refusé sur la seule base de l'âge est effectivement discriminatoire. "S'il y a eu d'autres éléments, comme des accidents, ou un état de santé, il peut y avoir des tests de conduite qui sont demandés. S'il n'a pas eu d'accident, que c'est un bon conducteur, c'est un problème", souligne Patrick Charlier, co-directeur d'Unia. Selon lui, il pourrait y avoir une autre raison aux refus consécutifs essuyés par Claude. En effet, les compagnies d'assurance s'échangent de nombreuses informations : "Il faut être sûr que la personne n'ait pas eu plusieurs accidents consécutifs par le passé, ce qui pourrait radier le conducteur".

Si vous subissez trois refus consécutifs ou si les primes proposées sont trop élevées, vous pouvez contacter le bureau de tarification automobile du service public de Wallonie. Celui-ci vous aidera à trouver une assurance qui vous acceptera à un tarif raisonnable.


 

 

 

 

 

 

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