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De plus en plus d'écrans géants remplacent les tableaux noirs des écoles: y a-t-il des risques pour les enfants ?

Via le bouton orange Alertez-nous, Sandrine s'interroge: les tableaux blancs interactifs, de plus en plus utilisés par les écoles, ne sont-ils pas dangereux pour la santé des plus jeunes?

À la maison, Sandrine s'efforce de limiter le temps d'écran de ses enfants Ethan et Eléa, pour leur santé. Une fois à l'école, pourtant, ils passent leurs journées devant un tableau blanc interactif. Cette maman s'inquiète de voir cette technologie se répandre, et prendre place dans les classes de maternelle : "Je me dis que si on les met depuis le bas âge devant des écrans, ça les suit jusqu'à la fin, car après, ils auront des ordinateurs portables pour l'école, ce n'est peut-être pas l'idéal", se soucie Sandrine.

Ethan, 10 ans, les regarde tous les jours en classe de 6ème primaire, mais n'apprécie pas beaucoup cette technologie : "Ils font mal aux yeux parce que la luminosité est assez élevée", explique l'enfant, à la sortie de l'école.

Les tableaux blancs interactifs, qui remplacent peu à peu les bons vieux tableaux noirs, peuvent-ils poser des risques pour la santé des jeunes enfants ?

Gare aux écrans trop tôt

Les 5 premières années de vie sont les plus importantes. Pour le pédopsychiatre, docteur Khalil, introduire les écrans trop tôt, et trop souvent, pourrait nuire à la santé des jeunes enfants : "Leurs cerveaux sont beaucoup plus sensibles aux lumières, aux bruits. Leurs yeux aussi, sont plus sensibles. Tous les organes qui sont encore en développement sont plus sensibles", explique-t-il.

Il ne recommande donc pas l'utilisation unique des tableaux interactifs en maternelle, car les enfants, encore en développement, ont "besoin, encore, de manipuler, toucher et on a tout intérêt à stimuler le développement sensori-moteur", précise le docteur Khalil, "tout ce qui est numérique, a l'inconvénient de ne pas développer ça".

Une nouvelle manière d'enseigner

C'est un outil qui est de leur génération

Dans l'école Joli-Bois de Woluwe-Saint-Pierre, cela fait 10 ans que les tableaux interactifs ont été implémentés dans les classes de primaire : "Cela permet une multitude d'activités qui sont plus attrayantes pour les enfants", décrit Philippe Vanesche, directeur de l'école. Il assure que les enfants sont enthousiastes : "Ils trouvent ça très motivant. C'est un outil qui est de leur génération. Ils ont l'habitude d'avoir, pour certains, des tablettes à la maison et ici, c'est un peu comme une tablette géante en classe", se réjouit le directeur de l'école.

Dans la classe de madame Julie, les élèves 2ème année apprennent l'alphabet en glissant les lettres dans le bon ordre sur le tableau interactif : "Ce qui est super, c'est que les enfants peuvent aller eux-mêmes manipuler plein d'éléments sur le tableau. On peut enregistrer et revenir ensuite dessus. Si dans deux jours, je veux revenir sur la manipulation, je peux repartir de là où on était. Dès qu'ils ont des questions, on peut aussi aller chercher avec eux sur internet", donne-t-elle comme exemple.

L'essentiel est le bon dosage

Je ne peux qu'insister sur l'utilisation d'outils pédagogiques diversifiés

Le docteur Khalil l'admet, le numérique a ses avantages au niveau de l'interactivité et de la qualité du matériel que l'on peut partager avec les enfants, "c'est un outil pédagogique non négligeable avec un potentiel réel". Pour pédopsychiatre, tout est, en fait, une question de dosage : "Je ne peux qu'insister sur l'utilisation d'outils pédagogiques diversifiés, l'excès est mauvais dans tout", affirme-t-il.

C'est le cas à Joli-Bois, où les tableaux interactifs sont utilisés "avec parcimonie", affirme le directeur de l'école : "Ça se fait de manière très encadrée, et le tableau ne fonctionne pas tout le temps. Il y a des moments où les enfants continuent à travailler comme on pouvait le faire auparavant", précise Philippe Vanesche.

Il n'est donc, ici, pas question de remplacer les bases de l'apprentissage, mais la révolution est bien en route : "C'est une nouvelle manière d'enseigner qui est plus riche que l'ancienne. On a pris de nouvelles habitudes et je ne sais pas comment on ferait pour revenir en arrière", reconnaît madame Julie.

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