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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a atterrit à Bruxelles où il rencontre le président du Conseil européen Charles Michel. Le président ukrainien est dans la capitale belge pour défendre son "plan de victoire" pour l'Ukraine devant les dirigeants de l'UE et les ministres de la Défense de l'Otan.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé jeudi à Bruxelles que son "plan de victoire" visait à placer son pays dans une position de force face à la Russie afin d'être en bonne posture pour les négociations. "Qu'y a-t-il dans notre plan ? Notre plan est de renforcer l’Ukraine, d’être fort et d’être prêt à tout ce qui est diplomatique, d’être très fort. Et je trouve formidable que ce plan ne dépende pas de la volonté russe, mais uniquement de celle de nos partenaires. Et je pense que cela donne l’opportunité de concrétiser ce plan", a-t-il déclaré à son arrivée à un sommet de l'Union européenne rassemblant les dirigeants des 27 pays membres.
Levée des restrictions dans l'usage des armes que les Occidentaux fournissent à l'Ukraine, déploiement sur le territoire ukrainien d'armes de dissuasion non nucléaires... Aucune de ces demandes n'a pour le moment rencontré de soutien du côté des Alliés, qui se réunissent au niveau ministériel pendant deux jours dans la capitale belge.
Deux ans et demi
Plus de deux ans et demi après le début de l'invasion russe, l'Ukraine recule, notamment sur le front oriental du Donbass où chaque jour ou presque Moscou annonce la prise d'un village.Le plan présenté par M. Zelensky préconise également d'adresser dès maintenant à Kiev une invitation à rejoindre l'Otan, la seule véritable garantie de sécurité pour son pays, selon le président ukrainien.
Sur la table
Mais là encore, il faudra faire preuve de patience. Mercredi, Mark Rutte s'est ainsi borné à rappeler le caractère "irréversible" du cheminement de l'Ukraine vers l'Otan.
Les Etats-Unis, où la présidentielle aura lieu le 5 novembre, se refusent pour l'instant à aller au-delà. "Nous ne sommes pas au point où l'Alliance discute du lancement d'une invitation à court terme", a ainsi confirmé mercredi l'ambassadrice américaine auprès de l'Otan, Julianne Smith.
Mais le plan ukrainien sera "sur la table" de la réunion jeudi soir, a confirmé Mark Rutte. "Il constitue, bien sûr, un signal fort de la part de M. Zelensky et de son équipe", a-t-il poursuivi. Mais "cela ne signifie pas que je peux dire ici que je soutiens l'ensemble du plan", a-t-il tempéré.
Plusieurs pays se montrent prudents, redoutant une escalade avec la Russie ou, plus prosaïquement, pour des raisons budgétaires. A l'Otan la ligne officielle reste la même, y compris depuis l'arrivée de Mark Rutte au début du mois. "Nous travaillons très dur pour être sûrs qu'ils (les Ukrainiens) l'emportent", a-t-il promis mercredi devant la presse.
"Victoire" ou "défaite"
Mais "il y a plusieurs façons de définir la victoire ou de définir la défaite", fait valoir un responsable de l'Alliance atlantique. Pour certains des 32 pays de cette organisation, les revers de la Russie au début de son "opération spéciale" en 2022 sont déjà une victoire en soi, autorisant un compromis, préférable à une guerre longue et coûteuse, explique un autre diplomate de l'Otan.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a d'ailleurs appelé mercredi à "tout faire" pour empêcher la poursuite du conflit en Ukraine, y compris en discutant avec le président russe Vladimir Poutine, en concertation toutefois avec Kiev.
Les forces russes pilonnent jour après jour les villes et les infrastructures énergétiques de l'Ukraine qui réclame avec insistance davantage de systèmes de défense antiaérienne. Dans ce contexte, l'attente était forte avant une réunion prévue samedi dernier du groupe de Ramstein, qui regroupe les Etats aidant l'Ukraine, à laquelle devait participer Joe Biden, pour relancer le soutien des Alliés à ce pays. Mais la réunion a été annulée. Le président américain a cependant annoncé à M. Zelensky au cours d'une conversation téléphonique mercredi une nouvelle aide militaire des Etats-Unis à Kiev évaluée à 425 millions de dollars et qui comprend notamment "des capacités de défense antiaérienne supplémentaires".
L'incertitude reste toutefois totale concernant la suite de l'aide américaine en cas de victoire de Donald Trump à la présidentielle et tous les regards sont tournés vers Washington avant le scrutin. "Nous sommes un peu en mode attente", résume un diplomate de l'Otan.