Partager:
"La conférence de presse (organisée jeudi dernier) relative à des comportements humiliants au sein d'un bataillon de l'armée était planifiée bien avant la sortie de l'article du Morgen", a assuré mercredi Ludivine Dedonder jeudi devant les députés de la commission de la Défense de la Chambre.
Selon la ministre de la Défense, c'est précisément à la suite de l'organisation de la conférence de presse que l'article est paru dans le quotidien.
Ludivine Dedonder a ainsi assuré avoir agi dès qu'elle a été informée de faits de mœurs au sein du 4e bataillon d'Amay, au cœur d'un scandale qui éclabousse la Défense belge depuis la semaine dernière.
"J'ai été informée par des canaux externes de graves problèmes structurels au sein même du 4e bataillon de génie d'Amay en date du 27 novembre 2023", a-t-elle détaillé devant les députés. "Nous parlons, entre autres, de traitements dégradants, de coups et blessures, de chantage, de menaces entre soldats, de pressions exercées par des militaires sur des pairs, d'une obligation de silence imposée sur ces faits et donc de militaires qui n'osaient pas en parler à leur hiérarchie."
"Le jour même où j'ai été interpellée, j'ai transmis les informations portées à ma connaissance au chef de la Défense, l'Amiral Hofman. Dès le lendemain, le 28 novembre 2023, le CHOD les a transmises à l'inspecteur général, le Vice-Amiral De Beurme, qui a été désigné coordinateur dans ce dossier", a-t-elle détaillé.
Une ligne du temps
Et de poursuivre sa ligne du temps :" le 29 novembre, la DJMM (Direction judiciaire en milieu militaire) a été contactée par les services de plaintes de la Défense au sujet des faits de mœurs. Des auditions des victimes ont eu lieu le 7 décembre. Le 21 décembre, le CHOD a émis des directives claires au commandant du bataillon pour qu'il prenne des précautions et s'assure qu'aucun nouvel événement ne puisse survenir. Le 8 janvier 2024, deux victimes ont été mutées dans un autre service. Le 12 janvier, le parquet fédéral s'est saisi du dossier et une réunion a été organisée en présence du parquet de Liège, de la DJMM, du CHOD, du SGRS (Service Général du Renseignement et de Sécurité) et de l'Inspecteur général."
Ensuite, "des mesures spécifiques ont suivi le 16 et le 19 janvier. Elles concernent un écartement préventif de militaires. (...) Le 1er mars, nous avons reçu le rapport intermédiaire de l'enquête administrative ouverte le 16 janvier. Ce rapport intérimaire a confirmé que le problème à Amay dépassait le cadre individuel et était structurel. Sur la base de ce rapport intérimaire, nous avons décidé le 7 mars de dissoudre le 1er peloton de la 14e compagnie du génie de combat du 4e bataillon du génie. Cette dissolution est entrée en vigueur le 8 mars."
Avant ces faits, la Défense avait été informée par la police qu'un militaire du 4e bataillon du génie était soupçonné de trafic d'armes. Lors de l'enquête lancée par le SGRS, il est apparu que cette personne était en plus associée à un groupe d'extrême droite, a ajouté Mme Dedonder. La personne a été licenciée en mai 2022 (BIEN 2022) et a entretemps été condamnée pour trafic de drogue. Les faits de trafic d'armes n'ont finalement pas été retenus par manque d'éléments.