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Paul Magnette était l'invité de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL TVI. Le président du Parti socialiste et bourgmestre de Charleroi a notamment été interrogé sur l'affaire de corruption qui secoue le Parlement européen.
Pour rappel, plusieurs députés sont accusés d'avoir adouci leur position sur le Qatar en échange de fortes sommes d'argent. Dans ce dossier, Antonio Panzeri, un eurodéputé italien, a accepté de collaborer avec la justice en échange d'une remise de peine. Le député corrompu a dénoncé l'élu belge Marc Tarabella (PS). Inculpé cette semaine par le juge d'instruction, ce dernier clame son innocence. Le Parti socialiste l'a pourtant exclu avant qu'un jugement ait lieu.
Pascal Vrebos: Marc Tarabella écroué, inculpé, mais présumé innocent. Est-ce que vous regrettez aujourd'hui de l'avoir exclu du PS?
Paul Magnette: Non, je ne regrette pas de l'avoir exclu. Je n'ai pas de commentaire à faire sur la procédure judiciaire. Je n'en ai jamais fait. Mais en tant que président du PS, j'avais dit que je serai absolument intraitable sur toutes ces questions. Donc c'est vrai qu'on l'a exclu alors que la présomption d'innocence est toujours là, il faut le dire et le répéter, tant que l'enquête n'est pas terminée et qu'il n'y a pas eu de jugement. Mais je pense que c'est fondamental de redonner ce signal politique clair qu'il n'y a pas de place pour la corruption, pour l'abus en quelque sorte, au sein du Parti socialiste.
Pascal Vrebos: Il clame son innocence depuis le début. Ça vous touche? Ça vous secoue?
Paul Magnette: Il clame son innocence et il aura tous les moyens de se défendre. Il fallait qu'il puisse y avoir la levée d'immunité pour qu'il puisse répondre aux questions qui lui sont posées. Mais en attendant, je pense aux milliers et aux milliers de militants socialistes qui, dans les communes, dans les CPAS, dans les sections locales, tous les jours se battent pour lutter contre la pauvreté. Pour incarner les valeurs de solidarité sur le terrain. Ils ont besoin que l'on puisse dire qu'il n'y a pas de place au Parti socialiste pour des pratiques comme celles-ci. Oui, c'est vrai que c'est des mesures un peu dures, parce qu'on dit qu'on exclut d'abord, et si ensuite il est blanchi, il pourra être réintégré. Mais je pense que dans un monde qui, aujourd'hui, et c'est légitime, est en demande d'exigences très fortes en matière d'éthique, on doit être absolument intraitable.
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Pascal Vrebos: Robespierre avec les uns: Marcourt et Tarabella… Pas avec les autres: Luperto (référence à l'affaire de 2014 concernant Jean-Charles Luperto: le bourgmestre socialiste de Sambreville a été condamné pour avoir commis des faits d'outrage public aux mœurs, coupable de s’être masturbé en public, notamment devant un enfant de 9 ans). Magnette Robespierre, c'est à la carte?
Paul Magnette: Non, ce n'est pas à la carte. Mais d'abord, c'est des faits d'il y a une dizaine d'années, à l'époque où je n'étais pas là. Ensuite, c'est des faits qui relèvent de la vie privée. Il a effectivement été condamné, mais si la justice avait voulu qu'il ne puisse plus faire de la politique, il aurait été privé de ses droits civiques et politiques. Ce n'est pas le cas. Aucun autre parti n'a demandé non plus de sanction à son égard, et au sein du Parti socialiste non plus. Pour moi, cette histoire est clôturée. Mais pour le reste, à chaque fois qu'il y aura quelqu'un, et j'espère que ça ne se produire plus, qui mettra ne fût-ce que le bout d'un orteil sur la ligne rouge, je serai absolument intraitable dans les sanctions qui seront à prendre.
Pascal Vrebos: Mais pourquoi réagir à ce point à la pression des médias et des réseaux sociaux? Est-ce que ce n'est pas la porte ouverte à la mort civile de n'importe qui?
Paul Magnette: Je vais vous faire une confidence, je ne l'ai encore jamais fait. Je ne lis jamais les commentaires sur les réseaux sociaux. Je ne les lis jamais parce que c'est tellement violent, tellement agressif, que je m'en protège. Donc je ne sais pas ce que les réseaux sociaux disent sur les mesures que j'ai prises ou que je n'ai pas prises. Mais ce que je peux vous dire, c'est que quand je me promène dans ma bonne ville de Charleroi, au marché, quand je vais à l'hôtel de Ville, que je parle avec des citoyens. Que je vais dans les sections locales du Parti socialiste, et j'y suis beaucoup allé au mois de janvier, c'est la période des vœux. […] Partout, les militants me disent ça, comme les citoyens, on veut qu'on fasse la démonstration que la Parti socialiste est un parti intègre.