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Vooruit, c’est le nouveau nom, depuis 3 ans, des Socialistes flamands. Un nom imaginé par le président de l’époque et qui va bientôt le redevenir: Conner Rousseau. En français, le mot Vooruit signifie "en avant". Il renvoie aussi au mythique centre culturel gantois Vooruit qui fut toujours proche des idées de gauche.
Vooruit fait plutôt du surplace depuis les élections du 9 juin. La coalition dont tout le monde parle depuis le scrutin, c’est: N-VA, MR, Les Engagés, CD&V et Vooruit. On est dans du centre à du centre droit, c’est à la fois compatible et solide. Sauf que Vooruit souffle le chaud et le froid, ce n’est bon ni pour la santé physique ni pour la santé mentale des futurs partenaires.
Ce fut d’abord le "La chance est petite que nous montions au gouvernement", phrase prononcée par Conner Rousseau il y a 10 jours. Puis le nettement plus encourageant "On va essayer d’y aller" de la présidente démissionnaire Melissa Depraetere. Jusqu’à cette semaine le "pas trop vite pour passer à la phase de formation, on a besoin de plus de garanties", venu de tout le parti. Monsieur Rousseau a même ajouté ce vendredi dans Het Laatste Nieuws: "Puisque le PS ne sera pas dans le futur gouvernement, il faudra nous donner le double en compensation. Nous devons pouvoir nous défendre contre la future opposition de gauche, PS, PTB et écologistes."
Tout cela énerve les autres partis appelés à gouverner, surtout le CD&V de Sammy Mahdi, qui soupçonne Vooruit de faire le difficile pour qu’il soit obligatoire de finalement faire appel aux socialistes francophones du PS pour obtenir une majorité.
Cela dit, cette option est peu crédible.
D’abord, parce que le PS veut vraiment aller dans l’opposition au fédéral. Et puis, il n’y a pas que Vooruit qui fait le "hard to get". Les Engagés de Maxime Prévot trouvent aussi "qu’il ne faut pas aller plus vite que la musique" et qu’il est encore trop tôt pour parler de véritable formation de gouvernement. Bref, les deux partis les plus à gauche de la coalition - Vooruit et Engagés - voudraient tous d’eux qu’on écoute davantage leurs désirs. Par exemple en augmentant le budget des soins de santé ou encore en taxant les bénéfices sur actions.
Finalement, tout ceci n’est probablement que péripétie. Chacun fait monter les enchères, c’est de bonne guerre tant que ça ne dépasse pas les bornes et pour le coup, ça reste raisonnable. Ma conclusion générale est que la (pré)formation commence bien.
Il n’y pas de tension communautaire – Bart De Wever ne parle plus de confédéralisme, il faut dire que Nord et Sud ont voté de la même façon, il ne peut plus mettre en avant ses chères "deux démocraties". Et au niveau socio-économique, rien d’irrémédiable dans les divergences.
Cela étant: patience. Tout le monde se souvient de la formation fédérale de 2014 - celle qui a vu naître le gouvernement MR-N-VA - comme d’un processus rapide comme l’éclair. Ledit éclair a quand même pris 4 mois et demi. Et en 2024 on a voté il y a tout juste… 3 semaines. Comme pour une fois, le temps ne presse pas, on peut bien en prendre un peu, de temps, avant qu’il ne nous prenne. Pour que l’accord de gouvernement sonne au mieux. Bel été!