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Un homosexuel tué par une personne arborant des tatouages nazis: un procès où "il reste des zones d'ombre" s'ouvre à Liège

Le 18 septembre 2020, le corps sans vie de Mbaye Wadé est découvert au 2e étage de la maison qu'il partage avec son compagnon : il a reçu 15 coups de couteau. Les caméras de surveillance montrent les images de 2 hommes, dont un grand, costaud, au crâne rasé avec des tatouages au cou et un tatouage SS sur le crâne. Il s’appelle Jérémy Davin, affirme être bisexuel, avoir rencontré Mbaye via une application de rencontres et avoir entretenu une relation au cours de laquelle il s’est senti "humilié".

Pourquoi Jérémy Davin, 28 ans, a-t-il poignardé 15 fois Mbaye Wadé quelques semaines après avoir entretenu avec lui une relation sexuelle ? Cette question est au cœur du procès.

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"On connaît l'ossature de ce qui s'est passé. Il reste des zones d'ombre, il va falloir être prudent. Les raisons pour lesquelles c'est arrivé, nous ne les saurons sans doute jamais", note l'avocat du compagnon de la victime. Mbaye Wadé vivait en couple avec un avocat liégeois. Dans leur maison, au deuxième étage, il y avait une chambre pour les relations extra-conjugales, souvent imprégnées de cocaïne : c'est là qu'il est retrouvé poignardé. Lors des interrogatoires, Jérémy Davin déclare avoir été humilié par Mbaye Wadé, qui aurait refusé d'interrompre une relation.

Plus tard, il déclare que d'autres personnes sont arrivées, qu'il y avait beaucoup trop de monde. Sur une photo provenant des réseaux sociaux, il met en avant un corps sculpté et sur son crâne avec un tatouage interpellant, ressemblant au signe nazi "SS". Il déclare que ces lettres sont une protection pour éviter que les homosexuels l'approchent, qu'il assume mal son côté homosexuel.

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"Savoir si monsieur Davin a un mauvais rapport à l'homosexualité ou pas, ce sera établi par les débats. Je pense que le dossier est déjà très clair là-dessus. Nous, ce que nous allons défendre en temps et en heure devant la cour d'assises, c'est qu'il n'y a pas eu de volonté de préméditation dans ce dossier", explique Michel Degrève, avocat de Jérémy Davin.

Le 17 septembre 2020, Jérémy Davin, accompagné d'un complice qui serait resté à l'extérieur de la maison, aurait voulu se venger de l'humiliation subie en mettant un couteau sur la gorge de Mbaye Wadé. Il aurait ensuite été emporté par la colère. Dans ce procès, plusieurs associations, luttant notamment pour les droits des homosexuels, sont partie civile.

"L'objectif, c'est justement de dire qu'il y a, dans ces circonstances-ci, un mobile peut-être de haine et de ne pas s'assumer qui pourra être débattu et qui sera peut-être l'occasion de pouvoir ouvrir à nouveau les esprits et de pouvoir parler de tolérance et d'acceptation de la différence", note Sandra Berbuto, avocate d’Unia.

Le procès de Jérémy Davin, qui a laissé ses cheveux repousser, durera au moins trois semaines.

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