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"La voiture a tourné au dernier moment" : Mohammad a frôlé l’accident en laissant passer un véhicule d'intervention

Mohammad s'interroge. À de multiples reprises, le Bruxellois a enfreint le code de la route pour laisser passer des véhicules d’urgence. "Nous les laissons passer, mais nous nous mettons nous-mêmes en danger. Comment devons-nous réagir ?"

Mohammad habite Bruxelles depuis 10 ans. À 36 ans, il a l’habitude de sillonner les routes parfois complexes de la capitale. De Schaerbeek à Ixelles, en passant par Auderghem, il connaît Bruxelles comme sa poche.

Pourtant, depuis son installation, il se retrouve régulièrement confronté à des situations stressantes pour un usager de la route. Des véhicules d’urgence, comme les pompiers ou la police, qu'il faut laisser passer rapidement. "J’ai déjà brûlé plusieurs feux rouges pour laisser le passage." Mi-août, en se rendant au supermarché, Mohammad s’engouffre dans une petite rue à sens unique. "Un véhicule de police arrive derrière moi à toute allure, gyrophares allumés. Je panique, car je ne peux pas me mettre sur le côté. La seule option est de me garer dans la seule place disponible." Une fois garé, Mohammad se fait réprimander par l'agent au volant. "Il me dit que je prends trop de temps pour les laisser passer et que cela peut avoir de lourdes répercussions. Pourtant, je n'avais pas d'autre option."

Une autre situation s'est produite quelques semaines auparavant. "Je suis arrêté à un feu rouge lorsqu’une ambulance arrive derrière moi. Encore une fois, c’est un sens unique. Je brûle donc le feu pour le laisser passer."  Une situation dangereuse : "A ce moment-là, je suis de travers au milieu du carrefour. Une voiture à ma droite fonce vers moi, mais elle tourne au dernier moment. L’accident a été évité de justesse."

"La justice n’a jamais tranché"

Mohammad se demande donc : "Comment laisser le passage aux véhicules prioritaires sans se mettre soi-même en danger?"

Tout d’abord, un rappel sur les signaux des véhicules d’urgence s’impose. "Si un véhicule de police ou de pompiers est derrière vous avec seulement les gyrophares allumés, cela ne suffit pas pour qu'il soit prioritaire", précise Benoît Godart, porte-parole de l'Institut VIAS. "Il faut obligatoirement que les avertisseurs sonores soient également activés. Si vous commettez une infraction au code de la route alors que ces deux signaux ne sont pas enclenchés, vous vous exposez forcément à un procès-verbal."

Alors, pouvons-nous brûler un feu rouge ou un stop pour laisser passer un véhicule d’urgence? La réponse n’est pas simple. Il existe deux cas de figure. "Si vous êtes confronté à un véhicule de police qui vous intime l’ordre de franchir le feu ou de mordre sur le trottoir, il n’y aura jamais de sanction. Au contraire, vous êtes dans l’obligation de suivre l’injonction des agents." explique Benoit Godart

Pour le reste, le code de la route reste flou. Si un automobiliste se trouve face à une ambulance, un véhicule de pompiers ou de police qui ne demande pas d’enfreindre le code de la route et que vous montez de vous-même sur le trottoir, vous commettez une infraction. "La justice n’a jamais tranché sur ce point. En théorie, dans ce cas de figure, l’automobiliste enfreint le code de la route. Pourtant, je n’ai jamais entendu parler de conducteur verbalisé de la sorte. Cela ne se passe jamais"  poursuit le porte-parole. Si ce point est laissé à l’appréciation des agents, mais aussi au bon sens des citoyens, une chose reste claire : " Si en laissant passer un véhicule, vous causez un accident ou blessez quelqu’un, vous serez bien sûr responsable des dommages. Un conducteur doit toujours rester maître de son véhicule. "

Selon Benoît Godart, "le plus important dans ces situations est de garder son calme et ses idées claires. Il est primordial de laisser passer les véhicules d’intervention, mais il faut surtout rester vigilant à l’environnement qui nous entoure."

" Les agents ne vont jamais verbaliser un automobiliste qui franchit le feu rouge de 2 mètres "

La police rassure

De son côté, la police se veut rassurante. "Les agents savent comment conduire en intervention tout en évitant de trop perturber la circulation", déclare Katlien Breugelmans, porte-parole de la zone de police de Bruxelles-Nord. "Les policiers sont conscients des difficultés que certains automobilistes peuvent rencontrer pour les laisser passer." En ce qui concerne les potentiels procès-verbaux, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. "Par exemple, les agents ne vont jamais verbaliser un automobiliste qui franchit le feu rouge de 2 mètres pour les laisser passer."

Il faut cependant faire preuve de discernement. "Il y a une différence entre franchir légèrement le feu de circulation et accélérer pour passer en vitesse derrière le véhicule de police." Les automobilistes, comme Mohammad, peuvent donc enfreindre le code de la route en dernier recours, tout en faisant preuve de bon sens. Les agents de police feront, normalement, de même. 

 

 

 

 

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