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La directrice de l'hôtel où logeaient Santiago et ses parents témoigne: "Ils étaient désespérés"

Au lendemain de leur arrestation à Amsterdam au terme d'une haletante traque à travers l'Europe, les parents de Santiago sont samedi détenus par la police des Pays-Bas pendant que le bébé enlevé est soigné à l'hôpital. La directrice de l'hôtel où ils ont brièvement séjourné détaille sa rencontre avec la famille.

Nos reporters Meryem Laadissi et Denis Caudron, envoyés spéciaux à Amsterdam, sont parvenus à filmer la chambre 46, celle que les parents de Santiago ont louée et occupée à l'hôtel Neutraal, où la police les a ensuite cueillis. "C'est ici que la famille était, confirme Saffa Tanios, directrice de l'hôtel. Voilà la chambre [que je leur ai louée]".

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La directrice de l'hôtel décrit le déroulement de la réservation. Quand les parents de Santiago l'ont appelée pour réserver une chambre, cela faisait 4 jours qu'ils étaient en cavale après avoir prématurément extrait leur bébé du service de néonatalogie d'un hôpital à Aulnay-sous-Bois, près de Paris. Selon Saffa Tanios, ils étaient en larmes au téléphone. "J'ai reçu un appel pour réserver une chambre pour plusieurs personnes : trois adultes et deux enfants", relate-t-elle. 

"Ils me supplient et disent que c'est urgent"

Quand la directrice leur annonce que la chambre qu'ils convoitent pourrait n'être disponible que le lendemain, les parents de Santiago se mettent à la supplier. "Ils m'ont dit que mon hôtel était le 4e qu'ils appelaient parce que les autres les avaient refusés. Ils me disent que leur demande est urgente", raconte Saffa Tanios, qui peinée pour eux, leur met à disposition une chambre directement.

40 minutes plus tard, le père de Santiago arrive avec sa mère et deux enfants : "Un garçon d'une dizaine d'années et un autre de 2 à 3 ans", d'après la directrice qui leur demande une pièce d'identité, comme le veut la procédure. Mais le père prétexte des excuses pour ne pas la donner. "Ils me donnent une carte d'identité d'une autre femme en me disant qu'il s'agit de la 4e personne concernée par la réservation et qu'elle est en chemin".  

Peu de temps après, la police arrive en nombre, mais en silence

Ils accèdent à la chambre. "Puis, je vois une femme de dos avec un bébé arriver, explique Saffa Tanios. Elle ne se présente pas à l'accueil et monte directement". Une heure après, la police arrive discrètement à l'hôtel, en grand nombre. "La police me demande d'accéder à la chambre 46. Je leur ai immédiatement donné une carte pour qu'ils puissent entrer. Je n'ai rien entendu. Tout s'est passé de façon très silencieuse et calme", avant que d'importants renforts policiers n'arrivent plus tard avec des ambulances.

Les parents sont ensuite emmenés menottés. "La mère avait l'air très fatiguée", décrit Saffa Tanios. Le père, lui, semblait "confus", tout comme la grand-mère qui reste alors à l'hôtel avec les deux enfants. "Quand je l'ai questionnée sur ce qui se passait, elle m'a expliqué qu'ils étaient gitans et que dans leur communauté, ils ont l'habitude de gérer des enfants prématurés. Et qu'elle ne comprenait pas pourquoi on faisait des problèmes à son fils qui a pris son bébé à l'hôpital", raconte Saffa Tanios.

Les parents de Santiago ont-ils eu peur d'être injustement privés de leur enfant?

Notons que par le passé, dans de nombreux pays européens (en Slovaquie, Hongrie ou Roumanie notamment), les personnes gitanes ont parfois été injustement privées de leurs enfants par les autorités. Cette injustice s'est encore déroulée récemment en Irlande, où les autorités ont été contraintes de restituer deux enfants à leur famille rom. Ces enfants leur avaient été retirés parce que, blonds aux yeux bleus, ils ne ressemblaient pas à leurs frères et sœurs. Ce qui constituait, aux yeux des autorités irlandaises, une raison suffisante pour douter de l'authenticité de leurs liens familiaux avec leurs parents. 

Il est donc intéressant de se demander si cette peur d'être injustement privé de son enfant a joué d'une façon ou d'une autre dans la décision des parents de Santiago de l'extraire de façon unilatérale du service de néonatalogie parisien où il était suivi. L'enquête devra le déterminer.
 

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