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Remplaçant contre l'Afrique du Sud, Gaël Fickou attend "patiemment" son tour pour une titularisation au centre du XV de France que Jacques Brunel ne lui a pas encore offerte. Peut-être samedi face à l'Argentine ?
Le sélectionneur ne devrait pas renverser la table jeudi, au moment d'annoncer la composition d'un XV de France qui a cruellement besoin de confiance et donc aussi de stabilité après sa défaite sur le fil contre les Springboks (29-26). La charnière Serin-Lopez reformée doit retrouver des automatismes, le triangle arrière Médard-Penaud-Thomas lui a globalement apporté satisfaction.
Et la paire de centres composée de Geoffrey Doumayrou et Mathieu Bastareaud ? En place depuis un an exactement --lorsque Guy Novès a rappelé le Toulonnais dont il ne voulait plus à l'origine et offert au Rochelais ses premières capes--, elle a survécu au limogeage du Toulousain, son successeur Brunel souhaitant trouver une "colonne vertébrale" le plus vite possible.
- "J'espérais mieux" -
Fickou (24 ans, 39 sélections) a beau afficher une forme étincelante avec le Stade Français en ce début de ce Top 14 (6 essais en 7 matches), il ronge son frein. "Forcément c'est frustrant, ça ne fait jamais plaisir. J'attends patiemment mon tour et je suis sûr qu'il viendra", dit la recrue phare du club parisien, au sein duquel il a perdu quelques kilos grâce à la préparation physique exigeante du directeur sportif Heyneke Meyer.
Fickou fut pourtant le premier homme du banc français à entrer sur la pelouse contre les Boks (53e, à la place de Doumayrou). Mais il n'a toujours pas été titularisé au centre, son poste de prédilection, depuis que Brunel est devenu sélectionneur fin 2017. "Vu mon début de saison, j'espérais avoir mieux, forcément. Mais je respecte les choix de l'entraîneur".
Dans la bouche d'autres joueurs, une telle sortie pourrait passer pour de la prétention. Pas chez Fickou, un des rares joueurs du rugby français actuel à ne pas se réfugier derrière un discours consensuel et des réponses toutes faites.
- Encore au "dépannage" ? -
Ainsi, évoquer la concurrence n'est pas tabou. Bastareaud ? "Il faut un centre plus gaillard, qui va au contact. Basta a ce rôle là, et en plus a un rôle de leader. Donc il prend une place. Aujourd'hui, il mérite sa place."
Dans une logique de complémentarité, l'autre place se joue plutôt entre Doumayrou, loué pour ses qualités défensives, et l'ex-Toulousain. "Doum', s'il joue, c'est qu'il le mérite et sincèrement c'est un super joueur. Mais on n'a pas du tout les mêmes profils, il a ses qualités, j'ai les miennes. Peut-être que le coach va utiliser plus Doum' dans un registre et moi dans un autre", a esquissé Fickou.
Le profil très joueur des Pumas pourrait pencher en faveur du Néo-Parisien, au détriment de l'ex-Parisien. A moins que Brunel ne replace une nouvelle fois Fickou à l'aile à la suite du forfait de Damian Penaud, autre centre de métier déplacé.
Ce que le technicien a déjà fait en mars au Pays de Galles, où Fickou avait brillé, puis en juin en Nouvelle-Zélande, deux fois (et comme ailier remplaçant sur le 1er test). Une polyvalence à double tranchant: "Je ne sais pas s'ils veulent me mettre à l'aile ou au centre. Ils me voient comme un joueur polyvalent. Ça peut être une arme mais aussi un handicap. Moi, mon poste c'est de jouer centre. Mais si on me dit de jouer à l'aile, je joue à l'aile."
Fickou peut encore "dépanner", mais tout le monde aura compris où va sa préférence...