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Obstinément pluvieuse et frisquette, la quinzaine parisienne du tennis qui annonce l'été a cette année tout de l'automne, et les conditions de jeu sur la terre battue de Roland-Garros en deviennent plus lourdes et plus lentes.
Chaque jour de la première semaine, la pluie s'est invitée dans l'Ouest parisien. Les températures fraîches devraient elles persister jusqu'au bout.
Le pire a sans doute été mercredi, quand on a joué moins d'une heure sur les courts extérieurs et que l'ensemble des matches qui y étaient programmés ont été repoussés au lendemain.
Qui dit pluie, dit matches saucissonnés, retardés, parfois reportés. Mais dit aussi conditions de jeu transformées, aussi bien sur les courts non couverts, exposés aux intempéries, que sous les toits des courts Central et Suzanne-Lenglen.
"Le court et les conditions de jeu sont très lourds", résume le N.2 mondial Jannik Sinner. "Très différentes des conditions habituelles à Roland-Garros", précise le jeune Danois Holger Rune.
"Les balles s'imbibent de beaucoup d'eau. C'est lent et lourd. Plus, sous le toit, humide", décrit la Russe Daria Kasatkina, N.13 mondiale mais éliminée dès le deuxième tour.
L'Argentin Tomas Martin Etcheverry (29e), qui doit affronter le N.7 mondial Casper Ruud pour une place en huitième de finale samedi, n'est pas dépaysé.
- Comme à Buenos Aires en hiver -
"Je joue dans des conditions très similaires à Buenos Aires en hiver depuis que je suis enfant", raconte-t-il.
Le jeu "n'est pas aussi rapide qu'un jour ensoleillé, sec et chaud", explique Ruud. Au fur et à mesure qu'elle se gorge d'eau et de terre battue, "le balle devient plus grosse et plus lourde, elle ne voyage pas aussi vite dans l'air", poursuit-il.
Conséquence? Ca devient plus compliqué de faire la différence et ça rend les matches encore plus exigeants physiquement.
"Ca change pas mal de choses. Vous devez vous préparez mentalement à ne pas réussir autant de coups gagnants et au fait que les rallyes risquent de durer plus longtemps. Ce n'est pas facile de frapper des coups gagnants nets et d'écourter les échanges", développe le Norvégien double finaliste sortant de Roland-Garros, qui estime néanmoins son jeu "plutôt adapté" à de telles conditions.
Le N.3 mondial Carlos Alcaraz, dont la saison sur ocre a été grandement perturbée par son avant-bras droit douloureux, a avoué qu'il en avait pris "peur" avant son match du deuxième tour, finalement remporté en quatre sets sans en souffrir.
Pour Daria Kasatkina, l'essentiel est de savoir à quoi s'attendre: "Vous savez que vous allez probablement ramener plus de balles, que votre adversaire va probablement en relancer plus, que ça va être très difficile de gagner un point. Que vous allez perdre quelques points en commettant des fautes parce que les rallyes vont être plus longs. Que vous allez obtenir moins de points gratuits avec votre service".
- Rebond bas -
"Quelqu'un de plus costaud et plus fort pourrait peut-être encore frapper (comme d'habitude) malgré ces conditions, et même avoir un peu plus de contrôle, mais pour quelqu'un qui n'a pas cette puissance de feu, ça demande un autre style de jeu", estime de son côté le N.11 mondial Alex de Minaur.
"Bien sûr l'amortie entre en jeu", poursuit-il. "Le slice. On essaie de trouver des angles, de casser le rythme. C'est un match complètement différent par rapport à un match joué au soleil."
L'autre effet de la météo exécrable, c'est que la balle, moins vive, rebondit moins haut, en particulier sous l'effet du lift.
"Plus il fait chaud, mieux c'est pour moi", observe le N.4 mondial Alexander Zverev, tombeur au premier tour de Rafael Nadal. "Là, la balle rebondit extrêmement bas. Et vos coups n'ont pas beaucoup de vitesse."
"J'ai grandi en jouant dans des conditions plus chaudes, avec un rebond plus haut, mais aujourd'hui, ça n'a pas eu un gros impact sur mon jeu et son efficacité", a constaté le N.9 mondial Stefanos Tsitsipas vendredi, qualifié pour les huitièmes de finale.
Tant mieux pour lui, car ni le soleil, ni la chaleur ne devraient s'imposer d'ici la fin de la quinzaine parisienne.