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Mais qui va ruiner nos blocus, maintenant ?

Rafael Nadal s'en va. Il raccroche, range sa raquette pour la dernière fois. Ce génie de la petite balle jaune, joueur hors pair, était aussi le meilleur ami des étudiants et de ceux qui, chez eux, au boulot ou en cours, y voyaient une excuse parfaite. "Oui mais Nadal joue". Et quand il jouait, tout le monde s'arrêtait. 

Je crois que je n'ai plus d'eau dans mon corps. Tout est parti hier, sur le coup de minuit, quand l'Espagne a quitté la Coupe Davis et que Rafael Nadal, pour la dernière fois, a salué ses fans et ses adversaires. Avec élégance, avec classe. Il a rangé sa petite raquette dans son gros sac Babolat. Chacun de ses gestes étaient une scène d'adieu. Et moi, comme un fanboy de base, j'ai pleuré. J'ai vu la vidéo de 4:25 diffusée sur le grand écran. J'ai pleuré, à nouveau. J'ai lu la lettre de Roger Federer. Devinez quoi ? J'ai pleuré. J'ai perdu des litres d'eau, c'est à se demander comment j'arrive encore à écrire cet édito, d'ailleurs.

Blague à part évidemment, j'étais ému comme rarement devant les adieux de celui qui a bercé toute une génération de fans de tennis. 23 ans de carrière. Il commençait à briller que j'arrivais seulement à arrêter de sucer mon pouce. On a vu ce gamin arriver, bandana dans les cheveux, avec un pantacourt bizarre et un maillot qui ressemblait à un marcel. Il est rentré sur un petit court de Roland-Garros et là, boom. La magie a opéré, immédiatement. Qui est ce garçon ? Qu'est-ce qu'il fait là ? La suite, je ne vais pas vous la refaire, tout le monde la connaît. Vous savez, je sais, ils savent. Tout le monde sait. Et surtout, tout le monde saura, pour toujours. 

Nadal, c'est le sportif parfait. Le joueur qui nous fait perdre patience avec ses 25 tocs à chaque service, mais qui nous régale tellement dans son jeu qu'on ne le lui reprochera jamais. Cela restera de l'ordre de l'anecdote. Sur terre battue, il est intouchable. Sur les autres surfaces, il dégoûte 99% du circuit, mais sa lutte avec les rois du Big Four est éternelle. Roger Federer, Andy Murray, Novak Djokovic, Rafael Nadal. Le quatuor magique. Nadal, c'est aussi la classe, la vraie, la plus pure. À la Federer. Les deux hommes sont immortels, éternels, pour leur jeu, leur palmarès, leur héritage et leur exemplarité.

Rafael Nadal est sans doute responsable d'un nombre incalculable d'échecs scolaires. Il a poussé tout le monde, au moins une fois, vers une seconde session. Mais qu'est-ce qu'un examen raté face à un revers long de ligne de Rafael Nadal ? Rien. Rien du tout. Étudier, c'est bien. Le voir planter 3 sets à un joueur du top 15 comme s'il jouait contre nous, c'est mieux. Combien d'heures a-t-on tous perdu en regardant Nadal jouer ? Nos stabilos n'ont jamais été aussi peu utilisés que quand il montait sur le Chatrier. Le problème, c'est qu'avant les demi-finales, ça ne durait pas assez longtemps, donc la pause se prolongeait artificiellement, mais c'est une autre histoire. Qui, au boulot, n'a jamais eu un match de Nadal en fond sonore ? Qui n'a jamais regardé furtivement sur son téléphone en réunion pour voir où il en était contre ses rivaux légendaires ? On l'a tous fait. Et on l'a tous tant aimé.

Rafael Nadal a tout gagné. Des tournois, des trophées, des récompenses. Et le respect. Le plus dur à gagner, c'est le respect. Il l'a, éternellement. C'est une icône, une légende. On s'est tous dit "je veux être comme Rafa" quand on montait sur nos courts de village. Lui faisait de même en montant sur le court Philippe Chatrier. À la différence près que lui l'était, Rafa Nadal . Les légendes ne meurent jamais, mais elles s'en vont un jour et ce jour est arrivé. 

Ceux qui iront prendre l'apéro à ta table sont peu nombreux, "Rafa". Merci pour les frissons. Gracias, comme on dit chez toi. 

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