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Gravement accidentée en 2020, opérée à plusieurs reprises et encore malade le matin même, l'Américaine Chloé Dygert est devenue championne du monde du contre-la-montre après un incroyable parcours du combattant jeudi en Ecosse.
Difficile de trouver un itinéraire plus cabossé que celui de Chloé Dygert qui, depuis son premier titre mondial en 2019, a traversé l'enfer avant de revoir la lumière au pied du château de Sterling, bâtisse du XVe siècle où plusieurs rois et reines d'Ecosse sont nés et ont succombé.
"Un long chemin de croix", a résumé la championne venue de l'Indiana qui, au début de l'année, n'était même pas certaine de recourir un jour.
Les malheurs de Chloé Dygert, 26 ans, ont commencé aux Mondiaux d'Imola en 2020 où elle défendait son titre dans le chrono. Elle possédait le meilleur temps intermédiaire lorsqu'elle a glissé dans un virage pour basculer de l'autre côté du rail de sécurité.
Les images de ce crash terrifiant et de sa plaie béante à la jambe gauche ont fait le tour du monde.
Après une opération en urgence à l'hôpital de Bologne, elle a encore dû passer deux fois sur le billard et sa jambe gauche est aujourd'hui encore plus courte de trois centimètres, a-t-elle expliqué jeudi.
- "Malade depuis cinq jours" -
Mais ses déboires n'étaient pas encore finis. En 2022, elle a été frappée par le virus d'Epstein-Barr, avant d'être opérée, du cœur cette fois, pour traiter une tachycardie.
"Après l'opération, je suis tombée malade pendant quatre semaines et lorsque j'ai repris l'entraînement j'ai chuté presque tout de suite. Je n'ai pu m'entraîner sérieusement qu'en mars", a-t-elle expliqué d'une voix éraillée.
Car en Ecosse aussi, tout n'a pas été simple pour l'octuple championne du monde de la piste qui a "chopé un virus" dans le vélodrome cette semaine à Glasgow. Plusieurs athlètes y sont tombés malades et la Française Marie Le Net a été testée positive au Covid-19.
"Ca fait cinq jours que je suis malade. Si la course avait eu lieu hier, je n'aurais pas pu prendre le départ", a-t-elle dit.
"On a pris la décision de courir ce matin, j'étais soulagée car pour la première fois en quelques jours j'ai pu sentir des choses à nouveau", a ajouté celle qui avait dû s'excuser en 2020 après avoir approuvé des positions très conservatrices sur les réseaux sociaux.
Jeudi, elle a "tout donné" pour conserver cinq secondes d'avance sur l'Australienne Grace Brown et 1 min 12 sec sur l'Autrichienne Christina Schweinberger pour succéder à la Néerlandaise Ellen van Dijk, double tenante du titre qui, enceinte, était absente cette année.
La Suissesse Marlen Reusser, annoncée comme la principale candidate à l'or après ses deuxièmes places en 2020 et 2021 et sa médaille de bronze l'an dernier, a abandonné au bout d'une vingtaine de kilomètres.
- Labous cinquième -
Coupant son effort, Reusser, qui avait chuté lors du relais mixte où la Suisse avait décroché l'or, s'est assise en larmes dans un fossé, consolée par un membre de son équipe.
C'est la première fois depuis 2019 que le titre mondial du contre-la-montre échappe aux Pays-Bas.
La Néerlandaise Demi Vollering, qui vient de remporter le Tour de France femmes, a terminé à la sixième place, juste derrière la Française Juliette Labous qui échoue à dix secondes du podium.
"J'étais contente de mon chrono en passant la ligne et je n'ai pas de regrets, même lorsque j'ai vu après que je passais vraiment très près d'une médaille", a déclaré la Française au terme des 36,2 km autour de Stirling, au nord-est de Glasgow, et un final impitoyable en montée sur les pavés.
L'autre Française, Cédrine Kerbaol, révélation et meilleure jeune du Tour de France, a terminé 13e et deuxième chez les espoirs à huit secondes de l'Allemande Antonia Niedermaier, décrochant ainsi sa deuxième médaille d'argent après celle du relais mixte.
"Pour le moment, je suis déçue car je visais l'or, a-t-elle souligné, mais dans quelques jours je vais savourer ce bon résultat je pense."