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Après leur victoire samedi à Marseille sur l'Afrique du Sud (30-26), championne du monde, les Bleus, invaincus depuis plus d'un an, ne peuvent plus se cacher: ils seront l'équipe à battre, à domicile, lors de la Coupe du monde l'an prochain.
Il y a trois semaines, au début du rassemblement à Marcoussis pour préparer les tests d'automne, le simple fait d'évoquer le Mondial-2023 (8 septembre-28 octobre) semblait leur brûler les lèvres.
Pas question pour eux de brûler les étapes: cette échéance suprême, qu'ils ont forcément tous à l'esprit, semblait alors encore beaucoup trop loin.
Mais les fenêtres internationales, comme les colonies de vacances, ont le mérite de faire passer la vie en accéléré.
Les deux succès arrachés à l'Australie (30-29) et aux Springboks, avec un engagement et une dramaturgie dignes d'une phase finale de Coupe du monde, ont levé le tabou.
Forte d'une série record de douze victoires consécutives, la France avancera dans les mois à venir "avec un statut certainement différent", reconnaît Antoine Dupont.
"Un statut de favori peut-être, comme les médias l'ont évoqué ces derniers temps, et auquel on se fait aussi parce qu'on se le provoque", poursuit le capitaine tricolore. "Maintenant, toutes les équipes vont vouloir nous voir tomber".
- "Remis à zéro" -
"Ils font certainement partie des favoris", confirme le sélectionneur sud-africain Jacques Nienaber. "Il suffit de regarder leur bilan. Ils n'ont plus perdu depuis juillet 2021, contre l'Australie, et ont maintenant gagné douze matches d'affilée. Aucune autre équipe au monde n'est sur une telle série".
Comme l'ont montré les scores étriqués de leurs deux premiers tests automnaux, les Français ne survolent pas pour autant la concurrence selon lui: "il n'y a pas beaucoup d'écart à l'heure actuelle entre les dix meilleures équipes mondiales. Si vous commettez des erreurs, vous pouvez perdre contre chacune d'entre elles".
Tombeur, en l'espace d'un an seulement, de toutes les nations majeures du rugby, le XV de France, qui doit encore affronter le Japon dimanche prochain à Toulouse, atteint-il trop tôt son pic de forme?
"C'est bien d'engranger des victoires, notamment contre des équipes comme ça (Afrique du Sud). Mais quand tu arrives dans une compétition comme la Coupe du monde, tout est remis à zéro", répond l'arrière et buteur Thomas Ramos. "Dire qu'on est favori, c'est peut-être un peu tôt. Mais on ira certainement la jouer avec des ambitions et des objectifs".
Pour le trois-quarts centre Gaël Fickou, battre les champions du monde en titre, un an après s'être déjà offert les All Blacks (40-25), "apporte des certitudes et de la confiance".
"Ca ne veut pas dire qu'on sera champions du monde, loin de là", tempère-t-il. "Il faut d'abord la jouer, cette compétition. On en est encore loin, quelques mois. Il reste entre-temps un Six nations, qui nous tient à coeur".
Tenants du titre, les hommes de Fabien Galthié se déplaceront lors du prochain Tournoi en Angleterre et en Irlande, qui pointe actuellement en tête du classement mondial. De quoi largement mettre à l'épreuve leur statut de favori.