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A Madrid, skier dans un centre commercial quand il fait 34 degrés dehors

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Pierre-Philippe MARCOU

Ils retirent leurs tongs et passent une combinaison de ski, font claquer les crochets des chaussures et enfilent les gants. Il fait plus de 30 degrés cet après-midi là à Madrid, mais les clients de la station de ski couverte Snozone ignorent la torpeur de l'été... et les questions liées à l'environnement.

Une brise glacée saisit les visiteurs dès le hall. Après l'ours polaire de l'entrée, les râteliers à ski, les tapis antidérapants et les casiers cadenassés plongent les estivants dans un autre univers.

A Arroyomolinos, à une vingtaine de kilomètres au sud de Madrid, le centre commercial Xanadu abrite depuis 2003 Snozone, qui offre une piste inclinée de 250 mètres de longueur recouverte de neige artificielle, ouverte 365 jours par an de 10H00 à 22H00.

Entre un télésiège et un téléski, par - 3°, une trentaine de skieurs dévalent la pente du gigantesque hangar sous une lumière artificielle, et sous le regard amusé des badauds rassemblés derrière les baies vitrées.

Pour deux heures de ski, il faut compter une quarantaine d'euros entre le matériel et les vêtements.

- "Pas trop écologique" -

Le "Ski Club de Carcassonne" (sud de la France) vient ici depuis sept ans, explique Thomas Barataud, moniteur dans la station des Angles, dans les Pyrénées orientales: "à l'époque, on skiait l'été sur les glaciers, mais la conjoncture fait que c'est un peu compliqué. Ici, on a de la neige dure et du froid pour entretenir les gamins dans le ski, c'est le top".

La dizaine d'élèves "section compétition" vont, durant une semaine, enchaîner les slaloms sur la partie réservée aux clubs, à la surface très dure et plus technique.

"C'est pas trop écologique", admet cet instructeur de 43 ans, "mais nous, ce qu'on cherche, c'est le rendement et le ski. On s'adapte à ce qu'on nous propose, et ça, c'est une bonne alternative".

"Quand on sort à 16H00, ça fait bizarre, on est en short et claquettes !", dit-il en riant.

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Pierre-Philippe MARCOU

Une de ses élèves, Cyrila Pena, décrit, elle aussi, "un choc thermique: on se prend le soleil en pleine face le soir".

Si l'adolescente de 18 ans trouve le cadre "génial", elle avoue que "quand j'en parle à mes amis, y'en a certains qui me disent +Mais t'as pas honte d'aller skier à l'intérieur?+"

"Je me dis que si les générations passées avaient fait attention à l'écologie, on aurait skié tout simplement sur des glaciers", poursuit-elle. "Là, on est obligés de venir skier en salle parce que sinon, on commence à mettre les skis en décembre, et ça fait trop tard".

L'endroit accueille chaque année environ 200.000 personnes, 1.800 les bons jours.

- Frigo -

La haute saison est la même que pour les stations de montagne, d'octobre à mars, précise le directeur de Snozone, Javier Villar: "soit les gens viennent car ils sont débutants et veulent se remettre en jambes, soit ce sont des équipes de compétition qui nous viennent de France, d'Angleterre, de toute l'Espagne, d'Andorre pour se préparer, parce qu'il n'y a plus de neige dans les montagnes".

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Pierre-Philippe MARCOU

Il affirme que la consommation d'eau est bien moindre que celle d'un gymnase et que c'est surtout l'électricité qui représente une dépense importante: "c'est un frigo. Si on devait éteindre et refroidir à nouveau, la dépense énergétique serait immense, c'est pour cela que nous sommes ouverts toute l'année".

L'entreprise a investi dans des panneaux solaires, un investissement qu'il qualifie de "très rentable, non seulement en termes d'empreinte carbone, mais aussi sur le plan économique".

Le groupe Snozone, qui appartient à la société immobilière britannique Capital & Regional, dispose de deux autres stations couvertes, toutes deux en Angleterre.

La plus grande station de ski couverte du monde, qui est aussi la plus célèbre, est Ski Dubaï, dans le Golfe.

Alors que dehors l'été madrilène est accablant, à l'intérieur, les nez coulent.

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Pierre-Philippe MARCOU

Un surfeur tente une figure sur la rampe. Izan Romano, un maçon madrilène de 20 ans, est un habitué. Grâce à son abonnement annuel à 600 euros, il vient quatre à cinq fois par semaine.

"Eté, hiver, peu importe, il y a toujours de la neige, c'est ma bulle d'oxygène, j'oublie ce qu'il y a dehors", et notamment "les 38 degrés qu'il fait chez moi".

"Certains vont à la piscine, moi je prends la voiture et je vais à la neige". L'environnement? Il dit "ne pas y penser".

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