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Initiateur de "l'Ultimate Garden clash", une compétition de perche à distance avec Armand Duplantis et Sam Kendricks disputée le 3 mai, Renaud Lavillenie évoque dans un entretien à l'AFP la période incertaine que vit l'athlétisme pour cause de coronavirus et estime que "c'est déjà énorme de pouvoir faire des exhibitions".
Q: Comment est née l'idée de l'"Ultimate Garden Clash"?
R: "Fin mars, j'ai mis l'idée en place. J'en ai parlé à +Mondo+ (Armand Duplantis, ndlr) et à Sam (Kendricks, ndlr). Je me suis dit que ce serait sympa de se faire un petit challenge puisqu'on est les trois meilleurs du monde, qu'on a chacun un sautoir à la maison et qu'on est confinés chez nous. Quand j'ai eu leur accord, je me suis rapproché de la Fédération internationale. Je voulais que ce soit quelque chose de bien structuré, il fallait trouver le concept idéal. C'est comme ça qu'on a décidé de faire le maximum de sauts à 5 m en 2 fois 15 minutes. L'objectif n'était pas d'aller haut mais de répéter les sauts puisqu'on n'a pas les mêmes installations. Au final, ça a été un vrai succès et un moment à la fois agréable et sympa mais aussi extrêmement dur physiquement. C'est un effort qu'on n'est pas habitué à fournir."
Q: La Fédération internationale a-t-elle tout de suite adhéré au projet?
R: "Complétement. Tous les évènements étaient arrêtés donc ils étaient friands de ça. Ils se posaient énormément de questions sur la suite de la saison et il y avait une grande incertitude. Du coup, ils ont été à bloc en voyant arriver un projet comme ça et ce n'est pas pour rien qu'ils ont gardé le concept pour le décliner avec les filles (le 16 mai, ndlr) et avec d'autres disciplines dans le futur."
Q: Est-ce un moyen suffisant pour combler le vide actuel dans le calendrier ?
R: "Cela a permis déjà de se fixer un objectif. Je suis un compétiteur dans l'âme, mais je ne m'attendais pas à ressentir des sensations de compétition, ce petit stress, durant les quelques minutes précédant le début du concours. Donc c'était vraiment une agréable surprise. Quand on voit les mois à venir, on n'a aucune idée du moment où on pourra retrouver ce genre d'émotions."
Q: Vous allez remettre ça le 11 juin lors du meeting d'Oslo...
R: "Ce sera complétement différent. Il y aura quelques athlètes dans le stade d'Oslo et moi je resterai chez moi mais je ferai la compétition tout seul en amont. Ma performance ne pourra pas être homologuée puisque mon sautoir n'est pas homologué mais en ce moment le plus important n'est pas d'avoir des compétitions valides et des performances. C'est déjà énorme de pouvoir faire des compétitions exhibitions."
Q: Où en êtes-vous sur le plan de la préparation?
R: "Je n'ai jamais vraiment coupé. J'ai repris le 16 mars comme c'était prévu, j'ai juste dû m'adapter et alléger le programme. Depuis une semaine, on a le droit d'aller au stade sous certaines conditions. Pour l'instant, je saute en salle avec un créneau par semaine pour sauter. En gros, sur une semaine, j'ai une ou deux séances d'exercices au stade, une séance de perche sur un vrai sautoir en salle et une séance de musculation à la maison et une deuxième séance de perche dans mon jardin. Cela fait quatre séances, dont deux de perche. L'objectif est de continuer à réadapter mon corps à enchaîner des séances de saut. Je suis assez lucide, cet été il n'y aura pas d'objectif de performances de pointe. Si on a la chance d'avoir quelques compétitions, l'objectif sera de pouvoir y être à peu près préparé. Mais tout de suite, j'aurai du mal à me mettre à bloc à l'entraînement en ne sachant pas vraiment ce que je prépare."
Propos recueillis par Keyvan NARAGHI