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Répondre au défi aérien des Gallois, tenir leur cadence et éviter les coups de mou: le XV de France doit cocher ces trois cases pour espérer survivre au quart de finale de Coupe du monde dimanche à Oita (sud du Japon).
. Bon pied bon oeil
Les Français sont prévenus: les Gallois ont gagné leurs deux précédents matches les plus importants cette année (Angleterre en février, Australie fin septembre) grâce, notamment, à des diagonales décisives au pied de l'ouvreur Dan Biggar pour ses trois-quarts. Des gestes parfaitement exécutés qui ont suffi à tromper ses adversaires.
"On va essayer de se mobiliser dès qu'ils ont un avantage (en cours), car ils ont tendance à user de jeux au pied hauts pour mettre en difficulté le triangle arrière", promet l'ailier Yoann Huget, justement piégé par le XV du Poireau sur un long coup de pied rasant lors de la défaite de février (24-19).
"Par rapport au Tournoi, on est mieux armé face au jeu au pied des adversaires", assure Gaël Fickou. "On a une stratégie mieux en place, on est mieux répartis (en couverture) et pour les contre-attaques", insiste le centre, conscient du retard français dans ce domaine. "Les équipes en usent énormément par rapport à nous".
Mais tout n'est pas encore réglé, si l'on se fie au dernier match péniblement gagné face aux Tonga (23-21), lors duquel le XV de France a encaissé deux essais à la suite de jeu au pied: l'arrière Maxime Médard a été piégé par le rebond d'un ballon haut, puis Damian Penaud lobé en toute fin de match.
Pour Médard comme pour les demis, le jeu au pied servira aussi à repousser la pression galloise. "Il faudra aussi les faire reculer deux-trois fois au pied pour qu'ils montent moins fort", réclame ainsi Fickou.
. Résiste!
Les succès amassés par les Gallois ces deux dernières années reposent aussi en grande partie sur une condition physique impeccable qui leur permet de tenir de longues séquences en attaque comme en défense. On en revient à l'essai de Josh Adams contre l'Angleterre, inscrit à 2 minutes de la fin après d'innombrables temps de jeu, mais aussi à cette défense imperméable, haute, agressive et énergivore, façonnée depuis 12 ans par l'entraîneur-adjoint Shaun Edwards.
"Ils ont cette faculté à mettre sous pression et attendre la faute de l'adversaire", résume Huget.
Des propos confortés par Warren Gatland qui ne s'en cache pas. "Pour nous, jouer contre la France, c'est rester à l'affût", dit le sélectionneur gallois. "A peu près 4 de nos 7 derniers essais contre la France ont été inscrits après des actions où l'on a insisté pour +chasser+, un de leurs joueurs a commis une erreur et nous avons capitalisé."
"C'est une équipe qui monte très fort (en défense) et rate très peu de placages", analyse Fickou. "Offensivement c'est très simple et efficace, ça utilise beaucoup la profondeur, ils sont puissants et techniques." La clé, pour le Parisien, c'est de garder de la "vitesse" pour gagner les duels. Louis Picamoles acquiesce: "Si on arrive à mettre ça en place, ce sera plus compliqué pour eux de ralentir le jeu, et c'est là qu'ils peuvent avoir quelques failles", glisse le troisième ligne.
. Un emploi à temps plein
Pour Fickou, les Bleus ont connu des passages à vide lors de leurs trois matches de poule (Argentine, Etats-Unis, Tonga) parce qu'ils ont tout simplement... baissé le pied. "Les moments où on a douté en deuxième période, c'est quand on a ralenti notre jeu et quand on n'a pas gagné nos duels. Si on met de la vitesse et qu'on gagne nos duels, qu'on alterne entre la main et le pied, ils seront en difficulté comme toutes les équipes", promet le centre.
Pour garder un rythme de croisière, il y a plusieurs équilibres à trouver, estime le N.12. "Il va falloir trouver un mix entre le pied, garder nos ballons et reposer un peu nos avants. Quand on les utilise trop et qu'ils vont buter sur la défense, notre jeu devient prévisible, ça devient compliqué. Nous les trois-quarts, il faut prendre le relai, prendre plus le ballon, et jouer nos duels. A nous d'aérer et écarter plus le jeu" vers les extérieurs, réclame Fickou.
Mais obtenir des ballons implique une conquête propre, alors que les Bleus ont là aussi été inconstants en poules. La mêlée française, en difficulté depuis le début de la compétition, devra se hausser au niveau de la galloise, "très intelligente" et qui sait "prendre la mesure de l'adversaire en place", estime le pilier gauche Jefferson Poirot.