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Le "Fussball" allemand vient contenter les fous de foot: faute de championnats nationaux, les supporters du monde entier vont se rabattre samedi sur la reprise de la Bundesliga, subitement propulsée en "Une" des médias sportifs qui suivront ce retour au terrain par procuration.
Même au Brésil, pays de Neymar et Pelé, on se met à l'allemand. "L'attente est bientôt terminée. Samedi, le ballon va rouler à nouveau sur les pelouses d'Allemagne. Et le match d'ouverture (Dortmund-Schalke) ne pourrait pas être plus emblématique", lit-on en "Une" du site internet de la chaîne câblée Fox Sports, détentrice des droits de la Bundesliga.
Le groupe Globo, plus grand conglomérat médiatique du pays, a beau de son côté ne pas disposer des droits de diffusion, son site Globoesporte.com fait la part belle à la fameuse "Buli" à quelques jours de la reprise, avec en tête d'affiche lundi des entretiens avec quatre joueurs brésiliens évoluant en Allemagne.
Tout autour du globe, ces pensionnaires du championnat allemand vont bénéficier d'un gros coup de projecteur, quand bien même cette compétition reste, à bien des endroits, moins populaire que la Premier League anglaise ou la Liga espagnole de Lionel Messi.
Ce sera le cas en Inde. "J'attends désespérément que la Bundesliga démarre ce week-end. Je suis assoiffé de football en direct dans cette période de confinement", s'exclame Amjad Rehan Ibrahim, étudiant à l'université de Delhi.
Dans toute l'Asie, les diffuseurs seront au rendez-vous, comme au Japon, où le détenteur de droits Sky Perfect offrira gratuitement deux matches samedi en guise de cadeau de reprise. En Europe aussi, de nombreuses chaînes vont renforcer leur offre en profitant des cases laissées vides dans la grille par l'arrêt des autres compétitions en raison de la pandémie de coronavirus.
- "Spectacle" -
"Je peux vous garantir que depuis 20 ans, je n'ai jamais ressenti cet intérêt pour la Bundesliga. Habituellement, les gens s'en tiennent au Bayern Munich, à Dortmund, voire au Bayer Leverkusen et rien d'autre. Maintenant, les gens attendent aussi le Fortuna Düsseldorf, Paderborn... C'est fou", lance Adolfo Barbero, commentateur sur la chaîne espagnole Movistar+ et spécialiste de la Bundesliga.
En Amérique latine, les attentes sont similaires. "Je pense que (les fans) regarderont tous les matches quelle que soit l'équipe qui joue, car ceux d'entre nous qui aiment ce sport veulent voir du bon football, et s'il y a une ligue qui produit généralement du spectacle, c'est la ligue allemande", promet Daniel Alberto Brailovsky, consultant de Fox Sports au Mexique.
Et pour ces médias spécialisés privés de ballon rond et donc de revenus, c'est aussi un soulagement. "Pour ceux d'entre nous qui vivent du football parce que c'est notre travail, le fait qu'il n'y ait pas d'activité nous affecte plus que tout. Un week-end sans football, c'est vraiment très compliqué", remarque Emilio Fernando Alonso, reporter mexicain réputé qui travaille pour la chaîne ESPN.
Par endroits, la reprise de la Bundesliga intéressera surtout dans la mesure où elle fera office de "crash-test" pour d'autres compétitions espérant marcher sur les pas de l'Allemagne.
En Chine par exemple, où les clubs allemands sont actifs pour s'adjuger de nouveaux fans mais loin de leurs homologues de la Premier League, c'est surtout l'aspect économique qui fait parler, avec en vue l'éventuel reprise prochain du championnat anglais.
- "Curiosité" -
En Italie, la décision allemande a été saluée avec enthousiasme. "Merkel, oui ! A notre tour", a ainsi titré le quotidien Corriere dello Sport jeudi dernier. Plus que pour le derby à venir entre Dortmund et Schalke, c'est donc assez logiquement pour le protocole médical mis en place en Allemagne que les médias sportifs italiens se passionnent.
"Ce sera un baromètre, la référence pour tout le reste (...) Si tout va bien, ce sera un grand succès, et s'il y a un gros problème, ce sera tout aussi retentissant", estime le commentateur espagnol Adolfo Barbero.
Le "Fussball" saura-t-il profiter de cette publicité temporaire pour s'affirmer aux yeux du monde ?
Pas sûr, selon Eric Fong, le rédacteur en chef de mediotiempo.com, l'un des sites internet mexicains spécialisés les plus visités. "Cela suscitera de la curiosité car ce sera la seule option pour le football en direct, mais il sera difficile pour la Bundesliga (de passionner au-delà) car au Mexique, elle est diffusée à la télévision payante", estime-t-il.
Le "Fussball" est prévenu: il dispose d'un temps limité pour marquer les esprits de ces "assoiffés" de foot.
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