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Appelé au chevet de Caen, Rolland Courbis avait 13 journées pour aider à sauver les Normands. À mi-chemin de ce sprint final pourtant, l'optimisme n'est pas de mise. Analyse des raisons d'un possible échec.
. Une situation extrasportive plus grave qu'attendu
"Je pensais que ça allait être compliqué, mais pas autant", a avoué l'ancien entraîneur de Marseille, Bordeaux ou Rennes en conférence de presse jeudi.
"Je pensais que c'était uniquement sur le terrain et aux entraînements qu'on allait avoir des complications et qu'il fallait s'occuper des qualités et des défauts que nous avions footballistiquement", a ajouté le technicien.
Mais les fissures dépassent largement le cadre du rectangle vert à Malherbe, où les tensions semblent omniprésentes.
Tension entre Fabien Mercadal et certains joueurs, comme le montre l'accrochage verbal qu'il a eu avec Paul Baysse, tension dans le vestiaires... on est bien loin de l'union sacrée qu'on pourrait attendre dans le sprint final.
"On ne va pas être surpris s’il y a deux, trois problèmes relationnels dans l’effectif caennais quand on en voit qu’il y en a à Paris ou Lyon", a plaidé Courbis.
Enfin, les mauvais résultats ont évidemment fait ressortir les divisions entre la direction du club et les supporters, qui n'ont toujours pas digéré l'éviction au printemps dernier de l'ancien président Jean-François Fortin.
. Un rôle mal défini
Le quiproquo du 29 mars au sujet de qui commande à Caen pourrait prêter à sourire s'il n'était pas révélateur du flottement à la tête d'une équipe qui lutte pour sa survie.
"À la question +qui décide entre Fabien et moi ?+ (...) il faut qu'il y en ait un qui décide et celui qui décide, c'est moi jusqu'à la 38e journée", avait déclaré l'entraîneur, contredit quelques heures après par voie de communiqué officielle par le club qui avait réaffirmé que "Fabien Mercadal (était) l'entraîneur numéro un".
Venu officiellement apporter son "expérience" auprès du novice Fabien Mercadal, il devait aussi remettre du liant dans un groupe morcelé et proche du renoncement.
Mais comment le faire quand on n'a pas de poste clairement identifié et quand on partage son temps avec des activités médiatiques qui font qu'il n'a, par exemple, pas assisté à une séance d'entraînement cette semaine, avant le match de Nice ?
Au final, le coach ne semble d'ailleurs plus si pressé d'associer son destin à celui de Caen en assumant la direction technique de plein droit, pour ne pas obérer ses chances de rebondir ailleurs l'an prochain.
Son nom est même apparu sur une liste de candidats déclarés au poste de sélectionneur du Gabon dévoilée dans la presse, laissant supposer qu'il prépare déjà l'après-Caen.
. Un effectif qui ne permet pas de rêver
Rolland Courbis est entraîneur et pas alchimiste, une compétence qui aurait pourtant semblé nécessaire pour tirer davantage d'un effectif affichant trop de lacunes criantes.
Manque de technique, manque de talent, manque de caractère, ou parfois un peu trop de caractère, à l'image de Fayçal Fajr qui ne fait pas l’unanimité au sein du groupe: Caen partait de très loin.
L'échec de Caen cette saison, si échec il y a à la 38e journée, sera avant tout celui du recrutement.
Paul Baysse, Yacine Bammou, Claudio Beauvue et jusqu'à Fabien Mercadal: trop d'arrivées importantes de l'été ont viré au flop.
Écartés du groupe, voire sanctionné disciplinairement comme Beauvue, qui n'est plus que l'ombre de l'attaquant percutant qu'il était à Guingamp, Courbis ne compte en tout cas plus sur ces recrues pour les derniers matches.
Et si cela permet à Courbis d'offrir une belle vitrine aux jeunes Yoël Armougom, Jessy Deminguet, Younn Zahary ou Herman Moussaki, cela ressemble plus à la préparation de l'avenir de Caen avec ou sans lui qu'à une opération sauvetage immédiat.