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Menée pendant plus d'une heure, la Croatie de Luka Modric pensait avoir fait le plus dur en marquant deux buts en un éclair mais a concédé le match nul contre l'Albanie en toute fin de match (2-2), mercredi à Hambourg, lors de l'Euro-2024.
En deux minutes, à un quart d'heure de la fin, l'équipe de Zlatko Dalic avait chassé comme un mauvais rêve la perspective d'être quasi éliminée en cas de défaite, qui a pourtant été sacrément concrète pendant 73 minutes.
Mais le but pris dans les arrêts de jeu l'a clouée à un petit point en deux rencontres dans le très relevé groupe B, avant d'affronter lundi prochain (21h00) l'Italie, qui joue contre l'Espagne jeudi.
En première période, les Croates ont vite été surpris par un but de Qazim Laçi d'une tête coupée au premier poteau (1-0, 11e). Sonnés, inhibés probablement par l'ambiance pesante qui a entouré la sélection depuis la débâcle contre l'Espagne samedi dernier (3-0), les coéquipiers de Luka Modric ont mis du temps à se montrer réellement dangereux.
Vieillissante, lente, sans inspiration, la Croatie semblait tourner la page d'une génération autrefois dorée, celle qui fut notamment finaliste au Mondial-2018 et troisième au Mondial-2022.
Mais au retour des vestiaires, sans doute fouettés vocalement par Zlatko Dalic, qui avait déjà été cinglant contre ses joueurs ces derniers jours, les Croates sont revenus le couteau entre les dents.
Vague après vague, les Croates ont fini par engloutir la défense albanaise, vaillante et disciplinée jusque-là, et ont montré qu'ils avaient de beaux restes, techniquement et collectivement.
Le premier but est venu après une remontée de balle du capitaine Luka Modric. Pourtant très lent, à 38 ans, il a pu tranquillement s'avancer vers la surface adverse, profitant de sa protection de balle impeccable mais aussi d'Albanais visiblement émoussés.
- "Génial, incroyable" -
En quelques décalages millimétrés dont celui de l'entrant Ante Budimir, Andrej Kramaric s'est retrouvé face à Thomas Strakosha et n'a pas tremblé pour expédier le ballon dans les filets, d'un tir décroisé (1-1, 74e).
Le Volksparkstadion côté croate est entré en éruption. Et l'équipe a eu la bonne idée de danser sur le volcan en continuant à pousser pour marquer, sans doute consciente que son standing n'admettait pas un simple match nul.
Quelques secondes plus tard, Mario Stanisic croquait une situation énorme à bout portant, mais les Croates n'eurent pas le temps de la regretter puisque Klaus Gjasula déviait malencontreusement le ballon dans son propre but sous la pression de Luka Sucic et Mario Pasalic (2-1, 76e).
Cette fois-ci, les Croates ont pensé avoir fait le plus dur. Et le stade avec eux. Même les chants des supporters albanais, véritable muraille rouge et noir, se faisaient moins bruyants.
Mais en ne se jetant plus vers l'avant, en n'étant plus aussi flamboyants que l'exige leur surnom de "Vatreni", les hommes de Zlatko Dalic ont redonné de l'air à l'Albanie, qui a su en profiter.
Après plusieurs grosses occasions manquées, l'équipe entraînée par le Brésilien Sylvinho a fini par faire trembler les filets. Gjasula s'est rattrapé en reprenant un centre que le défenseur croate Josip Sutalo, jusque-là très bon, n'a pu que dévier du talon (2-2, 90+5).
Apparu tendu en conférence de presse la veille, Dalic avait demandé à "tourner la page" du "triste spectacle" donné par les Croates lors de la première rencontre. Il va sans doute aussi ruminer ce match nul là, contre une équipe largement à leur portée, et qui les place dos au mur. "On n'aurait jamais dû leur permettre de revenir", a commenté Zlatko Dalic.
Andrej Kramaric relativisait sa déception: "Parfois le football te donne, parfois il te prend". Tout comme son coach: "Il faut toujours qu'on se complique les choses... Mais on est toujours en vie".
Sylvinho, lui, a savouré: "C'était génial, incroyable... L'Albanie se souviendra de ce match".