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L'Espagne s'apprête à fêter ses champions d'Europe, de retour lundi au pays, dans l'euphorie d'un tournoi illuminé par sa jeunesse dorée et remportée au bout du suspense face à l'Angleterre (2-1), de nouveau baignée dans un océan de regrets.
La Roja, au jeu si séduisant et enthousiasmant, est remontée sur le toit du continent pour devenir la première équipe à décrocher un 4e Euro après les sacres de 1964, 2008 et 2012.
"Pour l'instant, nous ne réalisons pas encore ce que nous avons fait. Nous rentrerons en Espagne (lundi) et nous pourrons vivre cette expérience avec les supporters, l'amour et la chaleur qu'ils nous ont apportés", a savouré par avance Nico Williams, premier buteur de la finale à Berlin.
Des milliers de supporters vont prolonger la fête qu'ils ont déjà lancée, dimanche dans la nuit, en inondant de coups de klaxons et de concerts de sifflets les rues de Barcelone, Pampelune ou Bilbao. Une cérémonie est prévue à partir de 19h30 à Madrid pour accueillir et célébrer les nouveaux héros.
"L'invincible armada!!!", s'affiche en Une du quotidien sportif Marca, qui salue "La quatrième merveille" au terme d'un "match inoubliable".
"La sélection espagnole peut regarder tout le monde d'en haut. Douze ans après, le football revient chez lui. Pas en Angleterre, mais en Espagne !", ose le journal dans une chronique.
"De nouveau les rois d'Europe!", s'exclame aussi son concurrent, As, sur son site Internet.
- Union sacrée -
Tout au long de la compétition, l'équipe de Luis de la Fuente a esquivé les obstacles, pourtant élevés, que lui ont opposé des nations majeures comme la Croatie, l'Italie, l'Allemagne, la France et l'Angleterre, sa dernière victime en date.
Avec à la clé une touche de magie qui a séduit un pays tout entier, uni derrière son équipe, au-delà des divisions entre régions et des tensions politiques qui agitent le pays depuis des mois.
"Être ici aujourd'hui signifie beaucoup pour moi, car je pense qu'ils ont rassemblé le pays à nouveau, et c'est très beau", disait par exemple Cora Barciela, Majorquine d'une vingtaine d'années et supportrice de Barcelone, dimanche à l'AFP.
L'Angleterre s'est elle de nouveau réveillée avec la gueule de bois, sonnée par une nouvelle défaite en finale, trois ans après avoir vu son rêve s'envoler, à Wembley, contre l'Italie aux tirs au but.
Le retour des "Three Lions" ne se fera pas dans la liesse espérée après un parcours chaotique, parfois laborieux, et finalement malheureux, ponctué par un but fatal de Mikel Oyarzabal à la 86e minute.
- Réservoir de jeunes -
La traversée du désert se prolonge pour le pays du football, incapable de trouver un héritier aux champions du monde 1966, les seuls à avoir soulevé un trophée.
"La douleur continue", a titré le Daily Telegraph. "Le rêve est terminé", a retenu le Mirror. Quant au Daily Mail, il parle d'un "coeur brisé" au dessus du visage, décomposé, de Jude Bellingham.
L'Angleterre possède néanmoins des pépites en devenir ou déjà confirmées avec le phénomène de 21 ans, ou encore Kobbie Mainoo, Bukayo Saka et Cole Palmer, autant de motifs d'espoirs qu'il faudra cultiver d'ici la Coupe du monde 2026 (USA, Canada, Mexique) et l'Euro-2028 co-organisé à domicile (avec l'Ecosse, le Pays de Galles, l'Irlande du nord et l'Irlande).
"Sans aucun doute, l'Angleterre dispose de jeunes joueurs fabuleux et même les plus jeunes ont acquis une grande expérience des tournois", a déclaré Gareth Southgate. "Beaucoup de ces joueurs seront encore là dans deux, quatre, six ou huit ans".
Les prochains jours seront en revanche troublés par l'incertitude entourant l'avenir du sélectionneur, sous contrat jusqu'en décembre, et qui n'a pas voulu annoncer de décision immédiate dimanche.
"Je dois avoir ces conversations avec des personnes importantes en coulisses et je ne peux évidemment pas en parler publiquement avant", a-t-il répondu dans la foulée de la défaite, sans s'étendre davantage.