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Acteur majeur du parcours de Tottenham jusqu'en finale de Ligue des Champions l'an dernier, le Danois Christian Eriksen erre comme une âme en peine cette saison, symbolisant une équipe des Spurs en plein doute avant d'affronter l'Etoile Rouge de Belgrade mercredi en C1 (21h00/20h00 GMT).
Les statistiques du milieu offensif contre Everton (1-1) dimanche ont été accablantes: 0 tir, 0 occasion créée, 16 ballons perdus et un carton jaune en prime.
Une prestation qui fait suite à une autre sortie catastrophique, même si elle était chez le leader invaincu Liverpool (2-1), avec moins de 53% de passes réussies, son plus faible taux en plus de 200 matches comme titulaire avec les Londoniens.
Pas toujours très impliqué, parfois brouillon, en manque d'inspiration... L'impression visuelle laissée par le meneur de jeu, qui a fortement contribué à hisser Tottenham sur le podium de Premier League ces deux dernières années, semble inquiétante.
L'hypothèse principale pour expliquer cette baisse de performance a été de l'imaginer abattu par son transfert avorté vers l'Espagne cet été.
"Comme un enfant privé de sucreries"
Une hypothèse soulevée par son entraîneur Mauricio Pochettino, un soir d'élimination humiliante contre une D4, Colchester, en Coupe de la Ligue. Sans le nommer, le technicien avait attribué la méforme de l'équipe, au-delà de cette simple défaite, aux joueurs qui avaient "d'autres objectifs" en tête.
Une hypothèse reprise par d'anciens joueurs devenus consultants, comme Gary Neville, qui avait estimé, après Liverpool, qu'Eriksen se comportait "comme un enfant vexé d'avoir été privé de sucreries".
Le Danois n'a jamais caché qu'il rêvait de partir au Real ou à Barcelone. Mais cet été, il n'y a eu aucune offre formelle, l'intérêt le plus poussé à son égard est venu de Manchester United, mais il n'y a pas donné suite.
"Eriksen est un très bon joueur pour Tottenham, mais il n'est pas tout à fait assez bon pour Madrid", avait même estimé l'ancien joueur de Liverpool Jamie Carragher.
Ceux qui ont bien connu Eriksen réfutent cette hypothèse, et soulignent le côté impénétrable du joueur.
"Je me demande s'il exprime toujours ce qu'il ressent (...) Il n'était jamais très expressif avec ses émotions. C'était difficile pour moi de lire ce qu'il ressentait", avait expliqué récemment à The Athletic Ruben Jongkind, responsable du développement des joueurs au centre de formation de l'Ajax Amsterdam où a été formé Eriksen.
Eriksen, cible facile
Mais son investissement maximal avec les Néerlandais, même quand son départ a été acté - avec 5 buts lors de ses 10 derniers matches sous leurs couleurs - montre qu'il n'est pas dans son tempérament de lâcher prise.
La vérité est sans doute qu'Eriksen est une cible facile pour expliquer les problèmes de Tottenham.
On prête à la Juventus un intérêt pour le Danois, en fin de contrat cet été et qui pourra donc signer où il veut gratuitement dans deux mois, tout comme les défenseurs belges Jan Vertonghen et Toby Alderweireld, eux aussi des cadres des Spurs.
Avec Giovanni Lo Celso, prêté par le Betis Séville avec une option d'achat obligatoire à la fin de la saison, Tottenham semble même avoir déjà trouvé son remplaçant.
Dans l'ensemble, les Spurs n'ont pas voulu, pas pu ou pas su rafaîchir suffisamment cet été un effectif qui a sans doute atteint son apogée et qui est rattrapé par une usure nerveuse et mentale compréhensible.
Avec Davinson Sanchez (23 ans), Juan Foyth (21 ans), Ryan Sessegnon (19 ans) ou Kyle Walker-Peters (22 ans) en défense, Tanguy Ndombele (22 ans) et Lo Celso (23 ans) au milieu, Pochettino a pourtant de quoi injecter du sang neuf dans son équipe.
La qualification ou non pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions - une victoire à Belgrade, écrasé 5-0 à l'aller, serait un grand pas dans ce sens - pourrait peser très lourd dans l'avenir d'Eriksen et des autres cadres de Tottenham.