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Dans le sillage de la Bundesliga allemande, le football reprend petit à petit dans différents pays d'Europe, presque toujours à huis clos, excepté en Hongrie où les supporters ont fait leur retour.
Des supporters en plastique en Pologne, un public virtuel au Danemark, des drive-in en République tchèque et un sacre de l'Etoile rouge en Serbie: carte postale d'un week-end de foot à l'ère du coronavirus.
. Retour des supporters en Hongrie
Des chants, des battements de tambours et le frisson qui parcourt les gradins quand le ballon s'approche des buts: après deux mois sans spectateurs, les enceintes sportives ont rouvert leurs portes au public en Hongrie, premier pays d'Europe à autoriser le retour des supporters en tribunes.
A condition qu'une rangée sur deux reste vide et que seulement un siège sur quatre soit occupé.
"Nous respecterons les règles car il pourrait y avoir de nouveau des matchs à huis clos si nous nous plantons", a assuré Richard Kovacs, 36 ans, l'un des 2.255 spectateurs du match de Diosgyor face à Mezokovesd.
"Tout ce qui nous inquiète, c'est de savoir si nous allons gagner ou perdre, pas l'épidémie", a balayé Gabor Lengyel, 41 ans. Preuve que le foot, et donc la vie pour ce supporter, commence à reprendre son cours normal.
. Supporters en plastique en Pologne
La Pologne doit imiter la Hongrie à partir du 19 juin, avec un retour programmé du public dans les stades, limités à 25% de leur capacité.
En attendant, le championnat a repris vendredi à huis clos et les ultras polonais, réputés bruyants, s'adaptent. Ceux du Pogon Szczecin, à la frontière allemande, ont organisé une haie d'honneur sur le chemin du stade: tous les dix mètres, chacun brandissait une torche allumée, selon une vidéo diffusée sur Twitter.
Dimanche, le Lechia Gdansk comptait lui sur l'appui de supporters particuliers contre l'Arka Gdynia: 200 photos de fans, prises de la tête jusqu'à la ceinture et imprimées sur des plaques de PVC seront placées en tribunes.
Une présence "plastique" qui coûte 75 zlotys (17 euros). Leurs propriétaires pourront ensuite reprendre leur photo ornée d'un autographe de leur joueur vedette.
. "Drive-in" tchèques
Pour la deuxième journée du championnat tchèque depuis la coupure forcée, le champion en titre, le Slavia Prague, a étrillé samedi Jablonec 5-0 dans son Eden Aréna déserte.
Enfin... pas tout à fait, puisque le club avait placé 1.000 portraits en plastique de ses joueurs dans les tribunes et proposé aux supporters d'envoyer leur photo et de la faire afficher moyennant 500 couronnes (18,60 euros), dont la moitié doit aller aux équipes de jeunes du Slavia.
Environ 500 fans s'étaient prêtés au jeu avant le coup d'envoi.
Mieux, le Sparta Prague et le Viktoria Plzen ont organisé mercredi une projection de leur match dans des cinémas "drive-in".
"J'ai vu cette opportunité sur un réseau social alors mon ami et moi avons acheté des billets et sommes venus. C'est très différent, on ne crie pas tellement et le stade nous manque, c'est impossible à remplacer", a confié à l'AFP, Petr Svoboda, un fan du Sparta qui a assisté, maillot sur le dos, à la défaite (2-1) de son club.
. L'Etoile rouge sacrée en Serbie
Malgré leur réputation et un titre de champion à décerner -- le premier depuis la reprise éparse du foot en Europe -- les bouillants supporters serbes sont restés discrets lors de la reprise de leur championnat qui a redémarré vendredi à huis clos.
Le match-phare de cette journée qui se poursuit dimanche était la rencontre entre le Rad Belgrade et l'Etoile rouge vendredi, puisqu'une victoire assurait mathématiquement un nouveau titre aux "Rouge et Blanc", le 31e de leur histoire.
Chose faite, l'Etoile rouge ayant assuré une large victoire 5-0 devant des gradins désespérément vides.
Devant l'antre de l'Etoile rouge, en revanche, un groupe d'une centaine d'ultras a accueilli les nouveaux champions avec des fumigènes en acclamant leur entraîneur, l'ancien joueur de l'Inter Dejan Stankovic, qui s'est même emparé d'un mégaphone pour partager lui aussi sa joie.
. Public virtuel au Danemark
Après une suspension de 80 jours, le championnat danois a repris jeudi avec une rencontre à huis clos entre AGF et Randers, à Aarhus, la deuxième ville du pays, qui s'est soldée par un match nul (1-1).
La veille, le club aarhusois avait invité des supporters impatients à venir disposer bannières, drapeaux, et autre effigies en carton dans les gradins, un ersatz de fête qu'aurait pu être le match entre les deux rivaux du Jutland (ouest).
Avec des amis, Liva Hansen, une fan d'AGF de 28 ans engagée au sein du club des supporters, a suivi le match devant la TV et... sur la plateforme de visioconférence Zoom en compagnie d'un public virtuel de 30.000 personnes !
Leur image était transmise sur des écrans géants disposés autour du terrain. "Aucun doute, ça a aidé", a assuré au tabloïd Ekstra Bladet l'entraîneur d'AGF, David Nielsen. "Ca a créé une petite ambiance alternative, spécial 2020."
"C'est une bonne solution, mais évidemment j'aurais préféré être dans les tribunes", confesse Liva. "C'était sympa de pouvoir voir les autres fans et de suivre leurs réactions, lors des bonnes mais aussi des moins bonnes actions!"
. Une victoire "capitale" pour le Shakhtar en Ukraine
Le Championnat d'Ukraine a fait son retour avec une affiche de prestige entre ses deux poids lourds, le Shakhtar Donetsk et le Dynamo Kiev. Devant les 70.000 sièges vides du Stade olympique de Kiev, le Shakhtar, champion en titre, s'est imposé 3 à 1 grâce à un doublé de l'international ukrainien Marlos, Brésilien de naissance, et a conforté son statut de leader.
Avec seize points d'avance sur son adversaire du jour, et encore huit journées à disputer, le Shakhtar a fait un grand pas vers une 13e titre de champion depuis 2002.
Cette victoire et la reprise du championnat ont été salués par les supporters du Shakhtar, club nomade qui ne joue plus à Donestk depuis 2014 à cause de la guerre entre Kiev et les séparatistes prorusses dans le Donbass et qui s'est installé dans la capitale depuis le début de la pandémie de coronavirus.
"On n'aurait pas voulu gagner le titre sur tapis vert", assure Borys Nikitin, un supporter de 42 ans.