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Cinq petites minutes de jeu mardi dans le match de l'année contre Dortmund (1-0)... Lucas Hernandez, champion du monde français acquis pour 80 millions d'euros l'été dernier, n'a pas réussi à s'imposer au sein de la défense du Bayern Munich, et l'avenir s'annonce compliqué.
Hansi Flick, son entraîneur, a été franc lorsqu'on lui a soumis le problème: "Je suis très satisfait de sa mentalité, il se donne toujours à 100% (mais) la situation actuelle est que nous faisons confiance au quatuor défensif en place", soit Benjamin Pavard, Jérôme Boateng, David Alaba et Alphonso Davies.
La sentence est claire. Et se traduit dans les chiffres: en trois matches "post-coronavirus" depuis la mi-mai, le défenseur central de 24 ans a passé en tout et pour tout... 22 minutes sur la pelouse. Dont cinq seulement en toute fin de match mardi dans le "Klassiker" à Dortmund, où le Bayern s'est ouvert la route vers le titre en s'imposant 1-0 pour prendre sept points d'avance à six journées de la fin.
A sa décharge, le transfuge de l'Atletico Madrid, joueur le plus cher jamais acheté par le Bayern Munich, et deuxième défenseur le plus cher de l'histoire (derrière Virgil van Dijk et ses 84,6 millions entre Southampton et Liverpool), a été trop longtemps blessé cette saison pour avoir vraiment le temps de s'imposer.
- Six fois titulaire -
Gravement touché à la cheville fin octobre, il a été absent plus de trois mois et, au total, n'a été titularisé que six fois cette saison en Bundesliga, et deux fois en Ligue des champions.
En son absence, le paysage au Bayern s'est recomposé: Niko Kovac le coach a été évincé et remplacé par Hansi Flick. Après quelques tâtonnements, le nouveau technicien a installé une défense au départ improbable, mais désormais indéboulonnable.
David Alaba, le talent autrichien polyvalent qui jouait latéral, a été replacé au centre, où il fait merveille. Le vétéran de 31 ans Jérôme Boateng, que l'on disait en bout de course, a pour sa part trouvé une deuxième jeunesse, et s'impose de nouveau comme défenseur central, avec ses passes de 40 mètres millimétrées et sa puissance dans les duels.
Sur le flanc gauche -- celui d'Hernandez en équipe de France --, le jeune surdoué canadien Alphonso Davies est la révélation de la saison. Et le natif de Marseille, gaucher, ne peut songer à prendre la place de son compatriote Benjamin Pavard, titulaire indiscutable à droite.
Insoluble, donc, d'autant que ses prestations, lorsqu'il a joué en début de saison, n'ont pas été époustouflantes. Solide en défense, il a montré des limites dans le jeu offensif, pourtant une marque de fabrique des défenseurs du Bayern ces dernières années, de Lahm à Kimmich en passant par Hummels, Boateng, ou aujourd'hui Davies et Alaba.
- Rumeurs de transfert -
Récemment, Flick a fait des éloges appuyés à Boateng, et surtout à Alaba, qu'il songe apparemment à reconvertir définitivement: "Je lui ai dit que je le voyais bien devenir un bon arrière central. Ses progrès à ce poste sont fantastiques, il est très bon dans la relance, il pousse l'équipe et joue un rôle de leader."
Inquiétant pour Hernandez, qui devra aussi affronter la saison prochaine la concurrence de Niklas Süle, le central de l'équipe d'Allemagne, blessé cette saison.
Du coup, les sites spécialisés commencent à spéculer sur un possible transfert dès cet été. Son agent Manuel Garcia Quilon a même dû démentir fermement ces derniers jours une rumeur de départ vers Newcastle.
Pour l'instant, l'intégration de l'ex-Colchonero n'est au niveau ni des attentes sportives ni de l'investissement financier: "C'est clair, il va avoir du temps de jeu dans ce sprint final, parce qu'il faudra obligatoirement faire tourner pour ménager les organismes", pronostique le magazine allemand du football Kicker, "mais ce n'est pas pour ça que le Bayern l'a fait venir, et ça ne doit pas non plus être son ambition".
Samedi, le "Rekordmeister" accueille Düsseldorf à 18h30 (16H30 GMT). Hernandez aura peut-être sa chance. Mais le champion du monde ne s'attendait sûrement pas, en arrivant à Munich, à devoir faire ses preuves contre le 16e du classement, trois jours après avoir suivi un "Klassiker" en grande partie depuis le banc de touche.