Partager:
Déjà contestée en pleine cérémonie, l'attribution du César de la meilleure réalisation à Roman Polanski a continué samedi de susciter protestations et mécontentement, du monde du cinéma au mouvement féministe. A la sortie de la cérémonie, Isabelle Morini-Bosc a expliqué aux personnes qui manifestaient contre le réalisateur, qu'elle était d'accord avec l'attribution du César au réalisateur. Traitée de "traîtresse" à la sortie, la chroniqueuse de Touche pas à mon poste avait ensuite expliqué à une des jeunes femmes opposées à Polanski qu'elle aussi avait été violée mais qu'elle aimait et soutenait le film J'accuse.
Filmés et diffusés, les propos d'Isabelle Morini-Bosc ont suscité de nombreuses réactions sur Twitter. Le 4 mars, sur le plateau de Touche pas à mon poste, Cyril Hanouna n'a pas hésité à lui montrer quelques messages d'une grande violence, dont ceux-ci..."Elle représente les femmes violées de l'ancienne époque. Des femmes qui normalisent le viol, qui soutiennent les violeurs et les agresseurs, car pour elles, c'était dure, mais simplement "une épreuve de la vie". Elles sont déconnectées de cette nouvelle génération", "Isabelle Morini-Bosc, porte-parole des violeurs en France".
Blessée par ces mots, la chroniqueuse, victime de viol trois fois, a répondu par ces mots: "J'ai entendu des idioties dans ma vie, mais une comme celle-ci, rarement". Ensuite, la journaliste s'est mise à raconter en détails l'agression qu'elle a subie il y a quatre ans.
"C'est honteux de dire ça. On est dans une société 2.0 qui mélange tout. C'est un film important sur l'antisémitisme. Je n'ai jugé que le film (...) Ce soir-là on juge un film (...) Il doit être jugé par la justice, qu'on le fasse repasser au tribunal mais c'est un autre débat. Mais dire que je normalise le viol, que je soutiens les violeurs...Qu’est-ce qu’ils savent que j’ai souffert moi? J’ai souffert, ma dernière tentative de viol, c’est il y a quatre ans. Parc Saint-James, à 8 heures du matin, près du centre équestre, où le mec est arrivé et m’a ceinturée par derrière. Je vous garantis, quand le mec arrive, vous tient les bras et les mains, vous ne pouvez plus rien faire. Il m’a couchée dans l’herbe. Je voyais passer les camions, mais personne ne me voyait, car les herbes étaient hautes. Le monsieur n’a pas réussi à me débraguetter, il me l’a mise partout ailleurs, dans les yeux, les oreilles, dans la bouche", a détaillé la journaliste sur le plateau de TPMP.
"Quand je suis tétanisée, je garde mon sang-froid pendant tout le truc. Ça a quand même duré deux heures et demie, j’avais qu’une envie, c’était de rentrer chez moi et de prendre ma douche, de retrouver mon mari qui rentrait de Haute-Savoie. Je ne suis pas allée porter plainte. Je me sentais salie, je voulais me doucher. Après, je n’y ai même pas pensé. J’avais des gens à aller aider l’après-midi et je ne voulais pas faire faux bond à la personne. Je n’y ai même pas pensé", a-t-elle expliqué.
Isabelle Morini-Bosc n'a pas porté plainte, mais a raconté les faits à ses "amis flics" qui ont enregistré ses témoignages. Cette dernière est ensuite revenue sur un des messages publiés sur Twitter.
"On me dit "pense aux autres". Honnêtement, je trouve ça dégueulasse de dire ça. De quel droit ces gens se permettent de dire des choses comme ça ? Parce que je soutiens un film que je trouve important ! Elle est où la liberté de penser ? Elle est où la démocratie là-dedans ?", s’est énervée Isabelle Morini-Bosc.