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L’ancien prince régent ne faisait jamais rien comme les autres.
Le prince Charles (frère de Léopold III et oncle d’Albert II) poursuivait sa vie sentimentale au mépris de toutes les conventions royales. On ne compterait plus ses enfants illégitimes ou ses maîtresses mariées ou non. Jacqueline de Peyrebrune a raconté ses années dans la résistance et sa première rencontre avec Charles. Après la guerre elle le retrouva et elle vécut avec lui une longue histoire d’amour qui ne fut pas exempte de mauvais jours. Presque vingt ans séparaient Charles de sa maîtresse qui vécut étroitement les années de la régence. Jacqueline était mariée et Charles n’entendait pas renoncer à ce qu’il appelait "sa vie de Bohême".
"Dans notre appartement, Charles fit couler un bain. En un tournemain, il me dévêtit, me souleva dans ses bras comme une plume – il avait une force incroyable, mes cinquante-deux kilos n’étaient rien pour lui. Doucement, il me déposa dans le lit de mousse et pouffa de rire. Puis il se précipita à son tour dans la baignoire. Fous rires et éclaboussures s’entremêlèrent alors en un joyeux concert, délicieux et parfumé !"
Comme on le voit, Jacqueline ne fut pas avare en confidences sur sa relation avec Charles. Elle raconta également la séparation voulue par le prince au lendemain de la régence et puis les retrouvailles. Elle évoqua une grossesse malheureuse et un serment échangé à la cathédrale Saint-Paul à Londres. Elle livra les confidences du prince, sa souffrance par rapport à la faveur dont jouissait son frère aîné, son éloignement de sa mère et sa tendresse pour sa tante, la duchesse de Vendôme qui mourut au lendemain de la guerre.
"Minouche" ou "ma fée"
Grand amateur de petits noms doux, le prince enchaînait les "Minouche", "Ma Chérie", "Ma chatte", "Ma douce", "Mon cœur", "Ma fidèle", "Ma fée" etc. Charles aimait les femmes mais il vouait une véritable vénération à l’image de la femme dont il était amoureux de toutes les merveilles. La sensualité des cheveux, la douceur des courbes, la chaleur de la peau... Jamais il ne lassait de répéter les mots qui savaient toucher le cœur des femmes qui traversaient sa vie.
Nul n’a jamais pu cerner avec certitude les épisodes de sa vie sentimentale chaotique. On lui prêta une relation avec une certaine Berthe Carmiaux (la cuisinière devenue femme "en" chambre, selon les mauvaises langues) qui veillait en même temps sur sa fille Isabelle – que le prince ne reconnut jamais – et qui avait perdu sa mère et sa grand-mère. Quelques années plus tard, serait arrivée l’élégante Renée Damoiseau qui exigea un train de vie des plus confortables.
Charles poursuivit son itinéraire amoureux sinueux quand un bruit commença à courir. Une rumeur étrange selon laquelle le prince se serait enfin marié avec sa secrétaire néerlandaise Karin Vernooy, née en 1943. De mariage, il ne fut pourtant pas question. Il s’agissait plutôt d’une relation avec une demoiselle trop ambitieuse qui se voyait déjà couronnée parce qu’aimée d’un prince. Il semble pourtant que Charles ait fin par se marier en l’église Saint-Pierre de Paris le 14 septembre 1977 avec la fameuse Jacqueline Peyrebrune née en 1921.
Mais ce mariage, uniquement religieux, n’avait aucune valeur aux yeux du droit belge. Les observateurs ont pu constater que la tombe de Charles dans la crypte a régulièrement été fleurie d’une gerbe dotée de l’inscription "À mon défunt époux"... Un détail qui pourrait confirmer ce mariage tardif s’inscrivant dans la grande tradition Saxe-Cobourg.
Patrick Weber, chroniqueur royal RTL. Retrouvez-moi tous les soirs sur Bel RTL dans "On refait le monde" à 19h et dans "Quelle Histoire !" chaque weekend sur Bel RTL.