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"Je n'avais plus de vie, plus aucun droit humain": témoignages choc au procès de Moha La Squale pour violences conjugales

Mis en examen depuis juin 2021 pour agression sexuelle et violences sur d'ex-compagnes, le rappeur Moha La Squale est jugé depuis ce mardi 2 juillet à Paris.

Elles racontent les insultes, les gifles, la peur. Lui nie en bloc et crie au complot. Au premier jour mardi du procès du rappeur Moha La Squale, jugé pour violences sur six ex-compagnes, le tribunal de Paris s'est penché sur les mécanismes de l'emprise toxique dans le couple.

"J'ai essayé de le quitter plusieurs fois, mais je me disais que ça allait s'arranger, et on repartait dans le même cycle", a résumé en larmes devant le tribunal correctionnel l'une des victimes, Elodie (prénom modifié), 31 ans. Après deux ans de relation chaotique, la jeune femme réussira finalement à rompre en 2018. "C'est un soulagement bien sûr. Mais il me reste tellement d'incompréhension : comment je me suis retrouvée dans une relation comme ça ? Pourquoi ça m'est arrivé à moi ?", se demande Elodie, toujours suivie par une psychologue.

Pour cette première journée d'audience, les débats, prévus jusqu'à vendredi, ont permis d'évoquer les relations entretenues entre 2017 et 2021 par le prévenu avec quatre des victimes présumées.

Le rappeur, Mohamed Bellahmed de son vrai nom, affirme n'être "pas violent". "Chacun raconte sa vérité", a botté en touche l'homme de 29 ans, qui comparaît incarcéré. Pour lui, le fait que plusieurs victimes, certaines qualifiées de "plans cul", se soient mutuellement convaincues de porter plainte après avoir échangé sur les réseaux sociaux équivaut à un "complot".

"Elle a porté plainte pour niquer ma vie !" et "ment beaucoup", dit-il ainsi à propos d'Elodie. Un vocabulaire qui suscite l'agacement de la présidente, d'autant que le prévenu nie les faits à grands renforts d'expressions comme "Sur la vie de ma mère !". "On dirait que c'est moi le méchant !", s'indigne-t-il. 

Bourreau et prince charmant 

Pendant l'instruction, Elodie a raconté aux enquêteurs que son compagnon, possessif et jaloux, l'abreuvait d'insultes, la suivait partout dans la rue, et entrait parfois dans une "rage extrême" : il la giflait violemment, l'attrapait par les cheveux pour la tirer sur le sol, lui crachait au visage.

Elodie dit avoir subi plusieurs tentatives d'étouffement ou d'étranglement, dont une avec un câble de téléphone. "Je n'avais plus de vie, plus aucun droit humain", a-t-elle résumé. D'après elle, c'est à elle que le rappeur s'est adressé dans son titre "Luna" en 2018, lorsqu'il écrivait "Oh, ma Luna c'est toi qu'je veux, c'est toi qu'je veux / Tu fais jamais d'chichis et pour moi, t'en as chié"

La jeune femme a raconté sa difficulté à sortir de cette relation toxique. "Il m'a battue, violentée, trompée pendant tant d'années, et il fait le mec adorable ! Alors oui, je sors de mes gonds !", s'est-elle exclamée.

Une autre plaignante, Chloé (prénom modifié) a fait état des graves violences psychologiques que le rappeur, rencontré sur le tournage d'un clip, lui aurait infligées, multipliant insultes et propos dénigrants.  "Le premier soir, il a été adorable", mais rapidement, il a ensuite alterné les comportements de "prince charmant" avec ceux d'un "bourreau", raconte la jeune femme, qui dit avoir aujourd'hui encore des "difficultés à contrôler (ses) angoisses" à cause de cette expérience traumatique.

"Je l'ai beaucoup apprécié, j'ai essayé de le comprendre, même si je voyais que ce n'était pas quelqu'un d'équilibré", analyse-t-elle. Pour elle, Moha La Squale est quelqu'un qui a "besoin d'aide". Pour Me Elise Arfi, l'avocate du prévenu, l'expert psychologue qui a examiné Chloé ne l'a pourtant pas jugée "sous emprise". Certes, répond l'avocat de la plaignante Me Antonin Gravelin-Rodriguez, mais il a bien décrit une "relation qui devenait étouffante", faite de "contraintes imposées". Et débouchant au final sur un "état de soumission".
 

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