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Le spectacle de Zidani s'appelle "Les pingouins à l'aube" parce que la comédienne belge voulait écrire quelque chose qui parle de la banquise, des manchots mais aussi de la famille, de la culture, de notre monde actuel et du danger de la technologie.
"Le coronavirus a redonné un éclairage particulier à ce spectacle que j'avais déjà un petit peu imaginé et ça a mis en évidence que cela fragilisait à la fois le secteur de la culture, de la santé, de l'enseignement et pour la première fois, ça unifiait le fait qu'il y ait un problème écologique dans notre quotidien parce que sinon c'était un petit peu laissé sur le coté".
En fait, vous êtes fascinée par l'Antarctique et les manchots depuis pas mal d'années. Au point de les intégrer dans un spectacle. Vous dites même: "On a tous quelque chose en nous de l'Antarctique".
"L'Antarctique, c'est notre mémoire. Les scientifiques l'étudient beaucoup car c'est là qu'on voit les origines de la vie et avec la banquise qui fond on perd aussi une partie de notre mémoire et de notre patrimoine d'ADN, c'est pour cela. On est aussi des animaux sur la planète, et on a vu avec le Covid-19 que si on ne change pas un petit peu d'orientation dans notre tête, on va mourir parce que nous sommes des animaux qui abîmons la Terre mais nous sommes des animaux qui ne pouvons pas se permettre d'abîmer la Terre".
Et maintenant avec la crise du coronavirus, vous faites même un parallèle entre la culture et banquise qui fond.
"Cela fait partie de la mémoire, de l'identité. Je ne comprends pas comment on peut laisser partir la culture, l'enseignement, la santé. On ne met pas assez l'éclairage sur des secteurs importants qui font vivre l'être humain. Comme si tout à coup l'économie prenait la place de tout".
Mais ce spectacle qui raconte la fermeture d'une salle de spectacle, c'est une perspective extrême. C'est un message d'alerte?
"C'est un message car c'est un peu ce que vivent les théâtres, mais pas seulement maintenant, c'est tous les ans. Quand il y a la distribution de subsides, il y en a qui n'en ont même pas et qui risquent de disparaître. Il y en a finalement peu qui sont subventionnés en Belgique francophone".
Vous êtes inquiète?
"Oui, et très positive car le coronavirus a aussi mis en évidence la solidarité. N'oubliez pas le secteur du spectacle vivant et continuez à aller sinon à la sortie de crise Covid-19, il risque de ne plus y en avoir de lieux".
Pour vous, "le théâtre, c'est l'endroit de tous les possibles". Plus qu'au cinéma? Plus que dans les livres?
"Le cinéma et les livres, c'est fermé. Dès que c'est fait, on ne peut plus y toucher. Le théâtre n'est jamais fermé. Et cela me plaît bien. Le premier jour où j'ai mis les pieds sur scène, j'avais 9 ans. Moi qui suis d'origine belgo-algérienne, je me suis sentie chez moi, je me suis sentie Zidani. Je n'avais plus de nationalité et j'ai pu être simplement un être humain. Le théâtre, c'est l'endroit où il n'y a plus de nationalité, c'est l'endroit de tous les possibles, c'est l'endroit de la fraternité par excellence".