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Sabrina a eu une petite frayeur un dimanche, lorsque sa belle-fille s'est coupée le doigt avec une trancheuse en travaillant. "Ayant fait des études d'infirmière, je me suis rendue à la pharmacie pour acheter deux ou trois compresses qui me manquaient", raconte-t-elle. Son ticket de caisse en main, elle est surprise en lisant "honoraires d'urgence : 5,52€", "or la pharmacie était grande ouverte, il y avait un monsieur devant moi, et un après moi".
Pour cette ancienne infirmière, c'est l'incompréhension. "Je trouve que comme les cliniques sont déjà engorgées de personnes, des frais d'honoraires pour des compresses basiques, c'est un peu aberrant", regrette-t-elle. Selon elle, il s'agissait d'une urgence, et donc les frais d'honoraires ne se justifiaient pas. "C'était à 14h, on ne peut pas dire que j'ai réveillé madame !"
Pourquoi applique-t-on des frais d'honoraires ?
Asmae doit souvent traiter des urgences lorsqu'elle est de garde dans sa pharmacie. Cette pharmacienne dort sur son lieu de travail "au moins une fois par mois, mais parfois trois". Ce sont des moments qu'elle préférerait passer chez elle. "J'ai des enfants qui sont à la maison, c'est toute une organisation familiale à mettre en place", raconte-t-elle. Malgré tout, elle prend sa tâche très au sérieux. "Pendant la garde, on est là pour ne pas faillir à notre devoir. Une urgence ratée peut coûter une vie. On est là pour traiter toutes les urgences, parce qu'un patient doit avoir son traitement à tout moment et surtout au bon moment", indique-t-elle.
Cependant, comme Sabrina a pu le constater, le client peut se retrouver à devoir payer un honoraire supplémentaire sur son achat. Nicolas Echement, le porte-parole de l'Association Pharmaceutique Belge, justifie cette surfacturation : "Comme tout prestataire qui travaille en dehors de ses heures, le pharmacien est là et est disponible, et c'est une forme de rémunération pour cette disponibilité". À cela, il faut ajouter certains coûts d'ordre économique, "il y a des charges. (…) Il y a le chauffage, l'électricité, …" liste Asmae.
Le montant de l'honoraire est choisi par le pharmacien. Il correspond généralement à 5€. "Il y a certains pharmaciens qui choisissent en fonction de l'heure à laquelle ils sont dérangés, c'est laissé à leur appréciation", explique Nicolas Echement. Mais en réalité, durant les heures de garde, il y a toujours un honoraire. A de rares occasions, il est remboursé par l'INAMI. C'est le cas "à partir du moment où il y a une prescription, que le médicament soit remboursé ou non. S'il n'y en a pas, le pharmacien peut compter un honoraire" nous éclaire le porte-parole.
N'ayant pas de prescription, Sabrina aurait-elle payé un honoraire dans tous les cas ? Cela dépend aussi de "l'urgence" de son achat. "Ce qui est urgent pour moi n'est pas forcément urgent pour l'autre", nuance Asmae. L'application de l'honoraire sur la facture est un droit du pharmacien. Il peut décider de l'appliquer ou non, dans le respect de la loi : "C'est vrai que quand on est réveillé pour une tétine, pour moi ce n'est pas une vraie urgence, on peut anticiper. On n'est pas content, mais en même temps on répond à la demande, avec courtoisie mais avec des honoraires de garde". L'Association Pharmaceutique Belge précise cependant que cet honoraire "doit être raisonnable et être affiché de manière bien visible".
Il s'agit donc de préférer les horaires d'ouverture des officines si la demande n'est pas urgente ou si l'on n'a pas de prescription afin d'éviter tout frais supplémentaire.