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Le garçon de 13 ans a été déposé par ses ravisseurs près chez ses parents dans la nuit de dimanche à lundi. L’enfant est rentré à pied chez lui. Amaigri, il avait perdu 6 kilos, mais en relativement bonne condition physique et psychologique.
"Il dit avoir été relativement bien traité. Vu les circonstances bien sûr. Je l’ai vu, il a l’air d’aller très bien mais je pense que le processus psychologique va seulement débuter, sans aucun doute. Mais pour le moment, il est très courageux", a déclaré Luc Delbrouck, l’avocat de la famille.
A peine l’enfant en sécurité, les enquêteurs ont lancé une série de perquisitions dans les provinces d’Anvers et du Limbourg. 7 suspects ont été arrêtés. L’un d’eux a été libéré sous conditions. Il s’agit de musulmans radicalisés. Parmi eux, Khalid Bouloudo, une figure du salafisme condamné notamment pour avoir envoyé des jeunes combattre en Syrie.
Plusieurs questions demeurent: une rançon a-t-elle été payée ? Les ravisseurs réclamaient 5 millions d’euros. Ils supposaient que la famille avait de l’argent puisque le père et l’oncle du garçon avaient été condamnés pour trafic de drogue via le port d’Anvers.
"D’après nos informations, une partie de la rançon a été payée. Il y a eu certainement deux dépôts d’argent. On a parlé de 5 millions d’euros. C’est peut-être le montant demandé. Il est possible que tout n’ait pas été versé", a indiqué Faroek Ozgunes, un journaliste expert en terrorisme.
Autre question quel est le mobile de cet enlèvement ? Un règlement de compte dans le milieu de la drogue ? Un enrichissement personnel ou le financement du terrorisme…
"Le terrorisme a beaucoup de difficultés à se financer au jour le jour via le réseau bancaire. Les comptes sont gelés. Et donc le moyen d’obtenir de l’argent, c’est une attaque, une extorsion ou un enlèvement. La question importante est de savoir pour le compte de qui ils ont agi ? Qui est le commanditaire ?", s’interroge Faroek Ozgunes.
L’enquête se poursuit pour tenter de comprendre ce qui se trame derrière cet enlèvement.
Parmi les 6 personnes arrêtées figure donc Khalid Bouloudo. Qui est cet homme de 45 ans? Cet islamiste extrémiste, bien connu de la justice, est dans le collimateurs des services antiterroriste depuis 2004. Cette année-là, les attentats de Madrid font 191 morts. Une cellule avait été identifiée en Belgique, une cellule du groupe islamiste combattants marocains dont fait partie Bouloudo. Cette cellule était en contact avec les organisateurs des attentats de Madrid. Bouloudo a été condamné, mais cet arrêt a été cassé par la Cour européenne des droits de l’Homme.
Puis en 2015, Bouloudo réapparaît. Cette fois, il est interpellé et soupçonné d’avoir envoyé des jeunes de la région de Maaseik en zone syro-irakienne. Il est aussi soupçonné d’avoir accueilli chez lui des combattants qui reviennent de Syrie. Il opérait à partir d’une mosquée clandestine à Maaseik. Il est condamné une première fois à 10 ans de prison en 2018, mais l’année suivant cette condamnation fond comme neige au soleil. Il est finalement condamné à 3 ans avec sursis. Un arrêt qui a heurté les policiers de l’antiterrorisme. Les événements récents leur donnent raison.