La 50ème ratification du traité d'interdiction des armes nucléaires (TIAN) a eu lieu samedi. Le traité prendra pleinement effet dans 90 jours. Les armes nucléaires seront donc bientôt illégales en vertu du droit international, s'est réjoui samedi la coalition belge contre les armes nucléaires.
Le traité international interdisant les armes nucléaires a été ratifié par un 50e pays, le Honduras, et il va pouvoir entrer en vigueur dans un délai de 90 jours, a annoncé samedi à l'AFP un responsable de l'ONU. "Aujourd'hui, c'est une victoire pour l'humanité et la promesse d'un futur plus sûr", a commenté dans un communiqué Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui s'est félicité, comme d'autres ONG, du cap ainsi franchi.
Le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires -- qui prohibe l'utilisation, le développement, la production, les essais, le stationnement, le stockage et la menace d'utilisation de telles armes -- avait été approuvé par l'Assemblée générale des Nations unies en juillet 2017 avec le soutien de 122 pays. Et il a désormais été signé par 84 pays. "Le Honduras vient de ratifier le traité, c'est le 50e Etat, ce qui est historique et permet son entrée en vigueur", s'est réjouie sur son compte Twitter la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN).
Cette ONG avait obtenu en 2017 le prix Nobel de la paix pour son rôle dans l'élaboration de ce traité.
Stigmatiser l'arme nucléaire
Les principaux pays possédant l'arme nucléaire, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Chine et la Russie, ne l'ont pas signé.
Les militants pro-abolition espèrent que sa ratification aura le même impact que les traités internationaux précédents interdisant les mines terrestres et les armes à sous-munitions: stigmatiser la possession et l'utilisation des armes nucléaires, ce qui pourrait conduire à un changement de comportement, même de la part des pays non-signataires.
Les Etats dotés d'armes nucléaires soutiennent pour leur part que leurs arsenaux servent de dissuasion et se disent attachés au Traité de non-prolifération, qui vise à empêcher la dissémination à d'autres pays des armes nucléaires.
"Trop de gens acceptent les armes nucléaires comme des composantes inévitables de l'architecture internationale de sécurité", a dit Peter Maurer. "Le traité d'interdiction des armes nucléaires nous permet d'imaginer un monde libéré de ces armes inhumaines comme un but atteignable", a-t-il ajouté.
Une étape symbolique
Plusieurs pays ont récemment ratifié le traité, dont le Nigeria, la Malaisie, l'Irlande, Malte, Tuvalu. Avec la ratification par le Honduras, son entrée en vigueur devrait intervenir autour du 21 janvier.
Cette étape, pour l'instant extrêmement symbolique, s'inscrit dans un contexte de fortes tensions sur la question du désarmement.
Le Traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI) signé en 1987 entre Washington et Moscou, qui avait entraîné la destruction d'environ 2.700 missiles d'une portée de 500 à 5.500 km, est de facto mort depuis 2019, au grand dam des Européens. Le président américain Donald Trump s'en était retiré après avoir accusé la Russie de ne pas le respecter.
Depuis, le traité américano-russe New Start conclu en 2010, qui arrive à expiration début 2021, est considéré comme le dernier accord nucléaire encore en vigueur, contenant les arsenaux des deux pays en dessous de leurs sommets de la Guerre froide.
Les deux pays viennent de s'entendre sur le principe d'une prolongation d'un an, le temps de régler les questions de fond.
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