Le procès très attendu de Jonathann Daval, un informaticien de 36 ans jugé pour le meurtre de sa femme Alexia en 2017, s'est ouvert lundi devant la cour d'assises de la Haute-Saône, à Vesoul. Jugé pour "meurtre sur conjoint", il risque la réclusion à perpétuité.
Même son avocat en doutait, mais Jonathann Daval a finalement livré jeudi devant les assises de Haute-Saône le récit terrifiant du meurtre de son épouse Alexia, avec cet ultime aveu: il a bien "donné la mort" volontairement à sa femme.
L'accusé de 36 ans assurait jusqu'à présent ne pas l'avoir tuée intentionnellement. Mais jeudi après-midi, la voix étouffée par l'émotion, il ne s'est plus dérobé, poussé dans ses retranchements par le président de la cour Matthieu Husson.
"C'est donc la mort que vous vouliez ?", l'interroge le président. "Ben oui", lâche Jonathann qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour ce "meurtre sur conjoint" désormais pleinement assumé. "Je lui ai donné la mort, oui, quand on étrangle quelqu'un comme ça, c'est pour donner la mort", avoue-t-il encore dans le silence glacial du prétoire.
"Il n'essaie pas d'atténuer sa responsabilité", assure son avocat, Me Randall Schwerdorffer, "il a tout dit (...) Il a reconnu l'intention homicide. Qu'est ce qu'on veut de plus ?".
Je l'ai saisie par le cou, j’ai serré
"Au moins, là-dessus nous avons fait un pas en avant", a abondé Me Caty Richard, l'une des avocates des parties civiles. "Il a dit a deux reprises: 'oui j'ai voulu la tuer, oui forcément j’ai voulu la tuer' ".
Mais pour la mère d'Alexia, Isabelle Fouillot, la vérité reste "incomplète", il manque "la raison, le pourquoi"Poursuivant le récit de son crime, Jonathann Daval avait enchaîné: C'est "la colère de toutes ces années qui est ressortie (...) D'où l'étranglement pour qu'elle se taise".
"Les coups étaient rapides et c'est parti sur la strangulation, je l'ai saisie par le cou, j’ai serré, le temps, on l'a estimé à 4 minutes, mais moi je peux pas vous estimer le temps".
Le facteur déclenchant ? Une dispute après un rapport sexuel refusé à Alexia qui lui aurait "encore" reproché de "ne pas être un homme". Lui se serait senti "humilié", sachant qu'il ne pouvait pas "combler" sa femme en raison de ses sévères problèmes d'impuissance. Puis la jeune femme l'aurait mordu, provoquant sa "rage": "ça m'a mis hors de moi (...) J'ai fait cocotte minute".
Il décrit les faits survenus le soir du drame
"Je lui cogne deux fois la tête contre le mur avant de la frapper. Avant j'osais pas admettre que j'avais fait ça... Je ne me suis jamais battu", ajoute Jonathann Daval.
L'accusé que les parents d'Alexia implorait depuis le début du procès de dire "toute la vérité", explique avoir déposé le corps de sa femme dans le coffre de sa voiture avant de le conduire le lendemain dans le bois où il sera retrouvé le 30 octobre 2017. Il reconnaît, balbutiant, en larmes, l'avoir traîné comme "un vulgaire sac à patates", un acte "dégueulasse..."
Jonathann recouvre le corps de sa femme d'un drap, "pour pas qu'elle ait froid". Puis, il tente de l'embraser avec un aérosol, mais seules quelques parties brûleront. "Je suis parti aussitôt que j'ai mis le feu", dit-il.
Il se rend alors à la gendarmerie pour signaler la disparition de sa femme lors d'un prétendu jogging. Puis il jouera pendant trois mois les veufs éplorés jusqu'à son interpellation et ses premiers aveux, se rétracte, multiplie les versions, allant jusqu'à accuser son beau-frère Grégory Gay d'être le meurtrier pour finalement avouer de nouveau.
A l'audience, les avocats des parties civiles ont tenté de le mettre face à ses contradictions. "Comme les parties civiles, je ne crois pas qu'Alexia Daval vous a demandé une relation sexuelle", a tancé l'avocat général Emmanuel Dupic.
A-t-il violé son épouse comme le soutiennent aussi les parties civiles ? Daval nie catégoriquement.
"Personnalité caméléon"
Mercredi soir, le frêle trentenaire avait présenté des "excuses" aux parents d'Alexia pour leur avoir "pris leur fille". Le meurtre n'est "pas excusable", a-t-il reconnu. Mais son interrogatoire, à peine débuté, avait été interrompu par un malaise vagal qui l'avait conduit à l'hôpital de Vesoul où il a passé la nuit.
A la reprise du procès, jeudi matin, les experts ont décrit une "personnalité caméléon", "immature" et capable de réactions "non maîtrisées".
Face aux importants retards pris par le procès, le verdict, initialement prévu vendredi, pourrait intervenir "dans la nuit de samedi à dimanche", a estimé Me Gilles-Jean Portejoie, l'avocat des parents d'Alexia.
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