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Au nom de la "convergence des luttes", plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté mardi partout en France, à l'appel principalement de la CGT mais aussi pour la première fois avec la participation de "gilets jaunes" qui jusqu'à présent avaient regardé les syndicats avec méfiance.
"Aujourd'hui c'est un succès qui en appelle d'autres", s'est réjoui le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, voyant dans la fermeture de la Tour Eiffel pour grève le symbole "d'une journée de réussite".
A Paris où il a défilé, il y avait à ses côté 30.000 personnes selon la CGT, 18.000 selon la préfecture de police, 14.000 selon le cabinet Occurrence, mandaté par un collectif de médias dont l'AFP.
Lors de son dernier cortège dans la capitale le 14 décembre, la CGT avait plus faiblement mobilisé: 15.000 manifestants selon elle, 6.000 pour la police.
Dans les cortèges mardi, les revendications étaient nombreuses: hausse des salaires, justice fiscale, opposition à la réforme du lycée ou à l'augmentation des frais d'inscription des étudiants étrangers, droit de manifester ou défense du service public.
A Marseille, 5.200 personnes, selon la police, ont manifesté entre le Vieux-Port et la gare Saint-Charles. Si la CGT dominait très largement, plusieurs centaines de "gilets jaunes" étaient présents en milieu de cortège.
"Nos revendications sont identiques. Il faut être tous ensemble", témoignait Brigitte, retraitée qui perçoit une pension de 680 euros. Elle a rejoint les "gilets jaunes" à Fos-sur-Mer. "Il arrive un moment où toutes les luttes se rejoignent. Sans convergence avec les partis et les syndicats, on n'arrivera à rien", estime-t-elle.
A Lyon, parmi les 4.300 manifestants selon la préfecture, environ 500 "gilets jaunes". "Cela fait trois mois qu'on est dehors et il faut aller plus loin alors on fait un pas: les syndicats ont appelé, on est là, maintenant on verra quand on appellera s'ils répondent", constate l'un d'eux, Fabrice.
Parmi les autres cortèges en régions, on recensait selon la police environ 8.500 personnes à Toulouse, 2.500 à Caen, 2.300 à Lille et Clermont-Ferrand, 2.200 au Havre, 1.500 à Strasbourg, 1.400 à Nîmes, 1.300 à Tours, 500 à Rennes...
Dans l'ensemble, les manifestations se sont déroulées dans le calme même si à Bordeaux quelques poubelles ont été incendiées et des boutiques taguées.
La circulation a été perturbée par plusieurs manifestations CGT et "gilets jaunes" sur des ronds-points ou sur des routes en Normandie ou dans le Gard, des régions fortement mobilisées depuis le début du mouvement.
- "Liberté de manifester" -
Des préavis de grève avaient été déposés dans la fonction publique, à la RATP, à la SNCF ou Radio France. Selon le ministère de l'Éducation nationale, environ 5% des enseignants étaient en grève.
En tête du cortège parisien, Philippe Martinez s'est réjoui de voir "beaucoup de +gilets jaunes+. Les revendications communes, on les a, elles sont sociales. A part la couleur des gilets je ne vois pas beaucoup de différences".
En novembre pourtant, il avait refusé tout lien avec le mouvement des "gilets jaunes" à cause de son discours anti-fiscal et des risques de récupération par l'extrême droite. Il a révisé son discours lorsque les revendications des "gilets jaunes" se sont élargies à la hausse du Smic, la "justice fiscale" ou davantage de services publics.
"Au début, il y a eu de la méfiance de part et d'autre. Petit à petit, la convergence se fait", s'est réjouie auprès de l'AFP Aurélie Trouvé, porte-parole d'Attac, également de la partie, de même que Solidaires, le NPA, le PCF, la France insoumise et des organisations de jeunesse comme l'Unef et l'UNL.
Des syndicats de Force ouvrière étaient aussi présents, même si leur confédération n'a pas appelé à rejoindre le mouvement.
Après des hésitations, la CFDT s'est finalement désistée, son numéro un Laurent Berger qualifiant les revendications de mardi de "liste à la Prévert". Contrairement à la CGT, il préfère participer au grand débat proposé par l'exécutif.
Le Premier ministre recevra mercredi les partenaires sociaux pour faire le point sur le grand débat.
Outre les revendications sociales, certains entendaient défendre "la liberté de manifester". Hasard du calendrier, mardi a été votée la loi "anticasseurs", donnant la possibilité aux préfets de prononcer des interdictions de manifester, un dispositif vivement critiqué par les syndicats.
La CGT prévoit une nouvelle journée nationale à la mi-mars.