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Les corps de quatre adolescents retrouvés calcinés près d'une base militaire en Équateur: des détails troublants émergent

Quatre adolescents ont disparu après une opération militaire en Équateur. Quatre corps calcinés sont retrouvés près d'une base de l'armée. L'enquête s'annonce difficile, tandis que l'émotion et l'indignation grandissent dans le pays.

L'Equateur est saisi d'effroi depuis la découverte de quatre corps calcinés près d'une base de l'armée de l'air, concomitante à la recherche infructueuse de quatre mineurs disparus le 8 décembre lors d'une opération militaire dans l'ouest du pays. La Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) s'est dite "préoccupée" par la disparition des quatre garçons, âgés de 11 à 15 ans.

De leur côté, le Bureau des droits de l'Homme des Nations unies et l'Unicef ont demandé à l'Équateur "d'épuiser tous les mécanismes à sa disposition pour enquêter sur les faits de manière exhaustive, rapide et impartiale". Voici ce que l'on sait de cette affaire.

 

Disparition forcée

Saul Arboleda, Steven Medina et les frères Josué et Ismael Arroyo étaient partis jouer au football dans le sud de Guayaquil, située dans l'ouest du pays, le 8 décembre. Ils ne sont jamais revenus. Luis Arroyo, père des deux frères, a dit aux médias que le soir de la disparition de ses fils, il avait reçu un appel d'un homme qui lui avait passé Ismael. Des militaires "nous ont poursuivis, ont tiré en l'air, nous ont maltraités", aurait dit Ismael à son père.

Sur les vidéos que nous avons pu visionner, on voit deux garçons, l'un en chemise bleue, l'autre en chemise orange, emmenés par des hommes en uniforme. Ils sont placés face contre terre à l'arrière d'un pick-up blanc aux vitres teintées. L'un des enfants reçoit alors un coup de poing à la tête.

Le véhicule est équipé d'un gyrophare, mais il est dépourvu de plaque d'immatriculation. On remarque un banc noir à l'arrière, semblable à ceux utilisés lors des patrouilles militaires. Les hommes sur la vidéo sont armés et portent des uniformes de camouflage avec des insignes qui ressemblent à ceux de l'armée de l'air équatorienne.

La famille dit avoir ensuite reçu deux adresses via WhatsApp, dont l'une dans la ville de Taura, où se trouve une base militaire. Enfin, lors d'un autre appel, un homme leur aurait assuré que "la mafia avait capturé" les garçons. Mardi, après que la justice a déterminé qu'il y avait eu "disparition forcée", quatre corps ont été retrouvés dans une zone de mangrove, près de la base militaire de Taura, selon les médias locaux.

Des corps "détruits"

Dans une vidéo dont l'authenticité n'a pas pu être vérifiée et diffusée par l'Assemblée nationale, on distingue des soldats emmenant l'un des jeunes dans une camionnette et le frappant, tandis qu'un autre garçon est allongé face contre terre dans le véhicule. Les corps qui ont été découverts "sont détruits", ce qui rend leur identification difficile, a déclaré à la presse Billy Navarrete, directeur exécutif du Comité de défense des droits de l'homme de Guayaquil, qui accompagne les parents des adolescents disparus.

Les familles ont été appelées à se présenter à la morgue de Guayaquil le jour de Noël. Si elles ne parviennent pas à identifier les restes, les autorités procéderont à des tests ADN, qui prennent généralement 30 à 40 jours.

Quelles actions des autorités ?

Lundi, le parquet a perquisitionné la base militaire de Taura, près de Guayaquil, où étaient affectés les soldats impliqués dans l'opération militaire, confisquant les téléphones des suspects et les véhicules utilisés pour transporter les adolescents. Le ministère de la Défense a placé 16 soldats en détention militaire.

"Rien de ce que les enfants ont fait ne justifie leur disparition", a déclaré jeudi le ministre de la Défense Gian Carlo Loffredo. Il a aussi décrit cette affaire comme une tentative pour faire croire aux Équatoriens "que les soldats sont des fous qui sortent par groupe de 16 pour parcourir les terrains de football afin d'enlever et de faire disparaître des mineurs".

Cette affaire a suscité une vive émotion en Équateur, où les ONG dénoncent de graves violations des droits de l'Homme. Le président Daniel Noboa a renforcé le recours aux forces de sécurité pour combattre les puissants gangs de narcotrafiquants et faire face à la violence qui ravage l'Equateur, pays autrefois paisible. Il a indiqué que les mineurs disparus pourraient être déclarés "héros nationaux".
 

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