Le procès très attendu de Jonathann Daval, un informaticien de 36 ans jugé pour le meurtre de sa femme Alexia en 2017, s'est ouvert lundi devant la cour d'assises de la Haute-Saône, à Vesoul. Jugé pour "meurtre sur conjoint", il risque la réclusion à perpétuité.
C'était l'un des moments les plus attendus de cette semaine de procès. Jonathann Daval, jugé pour le meurtre de sa femme Alexia, a été entendu. Lundi, il s'était contenté de décliner son identité d'une voix faible, au bord des larmes. Il avait également répondu d'un simple "oui" lorsque le président de la cour d'assises lui avait demandé s'il était le seul impliqué dans le meurtre de sa femme.
Ce mercredi, après que les proches d'Alexia se sont succédé à la barre, ce fut donc au tour de Jonathann. Tous les regards étaient rivés sur cet informaticien de 36 ans qui avait confié par le biais de sa famille et de son avocat vouloir "révéler des choses". Cette vérité, les parents d'Alexia l'attendent depuis 3 ans.
Jonathann Daval s'est évanoui, l'audience a été suspendue peu après 19h30. Il a été pris en charge dans un véhicule médical. L'audience se termine ainsi, ce mercredi soir. Les débats reprendront ce jeudi, 9h.
L'avocat de Jonathann Daval, Randall Schwerdorffer, est revenu sur le malaise de l'accusé en fin de journée.
Une dispute a commencé
Jonathann Daval avait commencé cet interrogatoire par des excuses. "Je voudrais d’abord faire des excuses, même si c’est pas excusable ce que j’ai fait, aux proches d’Alexia, ce que j’ai fait, de leur avoir enlevé leur fille, de leur avoir menti, l’histoire du complot aussi. D’avoir détruit la vie de ma famille aussi, je vous ai menti", indique-t-il. L'accusé avait également présenté des "excuses" aux gendarmes pour leur avoir menti lors des premières heures de son interrogatoire puis lorsque, quelques mois plus tard, il a inventé une histoire de "complot familial" pour justifier la mort d'Alexia.
L'accusé a ensuite été sommé de s'expliquer sur le soir du drame. Il a maintenu sa version livrée en fin d'instruction. Il a décrit une fin de soirée normale après un repas chez les beaux-parents d'Alexia. Il a qu'expliqué qu'Alexia lui a demandé un rapport sexuel, chose qu'il refuse. Selon lui, viennent ensuite des insultes. "Là une dispute a commencé. Qui s’est poursuivie dans les escaliers où je l’ai frappée, étranglée", relate-t-il.
Je m'éloignais, je la fuyais
Ensuite, il dit avoir mis le corps de sa femme dans son véhicule professionnel puis avoir pris la route le matin suivant "pour l'emmener dans un bois, mettre le feu au corps", puis se "faire un alibi".
LCI rapporte que Jonathann a interrompu son récit pour pleurer. Il a décrit une épouse violente qui le "frappait" pendant des crises de colère. Il est revenu sur la situation compliquée de leur couple liée notamment à ses problèmes d'érection. Il soutient que, tout comme Alexia, il voulait un enfant. Mais que ses problèmes les en empêchaient.
À la question "avez-vous des déclarations à faire que vous n'avez jamais faites?", l'accusé est revenu sur cette situation de couple compliquée. "Je m'éloignais, je la fuyais", a-t-il lancé.
L'interrogatoire continue, les déclarations de Jonathann Daval sont actualisées au fur et à mesure
Les parents d'Alexia prennent la parole
Plus tôt dans la journée, c'est Jean-Pierre Fouillot, le père de la jeune femme, qui avait pris la parole en premier devant la Cour. Il a réclamé "la peine maximale" à l'encontre de Jonathann Daval, accusé du meurtre de sa fille. "J’espère tout simplement que la peine maximum soit octroyée", a-t-il déclaré lors d'une déposition forte à la barre alors que son gendre encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
"Notre futur, il est simple, nous avons pris perpétuité. Est-ce que ce sera le cas de Jonathann, c'est vous qui en déciderez", a-t-il lancé à la Cour. "Ce fameux jour nous a éteint la lumière du bonheur et de la sérénité. Nous sommes désormais en mode veilleuse", a-t-il ajouté. Et de s'interroger encore en s'adressant à l'accusé qui fuyait son regard : "Pourquoi Alexia a-t-elle été assassinée, pour une dispute, une relation sexuelle refusée et peut-être pour vouloir te quitter, Jonathann ?"
La mère d'Alexia s'était ensuite exprimée. Elle s'était adressée à Jonathann et lui avait lu une lettre qu'Alexia lui avait adressée. "Pour mon Valentin que j’aime tant. Pour Valentin, pour t’avoir regardé un jour, le sens de ma vie a changé, ce regard ne m’avait pas prévenu que j’allais tomber amoureuse, d’un être atypique, aussi gentil que diablotin. Huit ans que nous partageons nos vies, que nous sommes un couple (...) Tu es indispensable pour faire tourner ma Terre (...) Je t'aime", avait-elle lu Isabelle Fouillot, cité par l'Est Républicain.
À la lecture de cette lettre, Jonathann Daval s'était mis à pleurer et s'était recroquevillé derrière son masque.
Comme elle se sent seule, elle envoie des SMS
La sœur d'Alexia, Stéphanie, 37 ans, a estimé de son côté que sa sœur était "désespérément seule". Seule à la signature de l'achat de la maison du couple, seule dans son parcours de procréation médicalement assistée. "Comme elle se sent seule, elle envoie des SMS. Elle le provoquait pour lui dire: 'Rentre, j'ai besoin de toi' ", confie-t-elle.
"Mon ressenti personnel, c'est que depuis le mariage, il y a une fuite en avant de l'accusé", a-t-elle poursuivi. Et même si l'on accepte la figure d'une Alexia "dominatrice" décrite par la défense, "est-ce que ça donne le droit de battre, de massacrer, de dissimuler, de mentir? Non, sinon on excuserait toutes les violences conjugales".
Retour sur la garde à vue de Jonathann : "une attitude passive"
L'audience a débuté à 9h. Le gendarme responsable de la garde à vue de Jonathann Daval en janvier 2018 s'est exprimé. Il a expliqué comment après "32 h de silence", Jonathann a fini par avouer le meurtre de son épouse.
À son placement en garde à vue, l'accusé a "une attitude neutre, passive, il ne semble pas plus inquiet", s'est souvenu le gendarme selon le quotidien l'Est Républicain. Peu bavard, il se montre distant et répète qu'il ne sait pas ce qu'il est arrivé à Alexia. "Il nous tient tête froidement. Ça n'est pas un comportement courant", a souligné le gendarme. Puis vient l'heure des aveux. "Il se met à pleurer. Il est comme on l’a vu à la télévision. Il grimace beaucoup, quelques larmes coulent de ses yeux", a relaté le gendarme cité par nos confrères.
Rappel des faits
Jonathann Daval, qui avait joué les veufs éplorés pendant trois mois avant d'être arrêté, a livré durant l'instruction pas moins de sept versions de la mort de sa femme, une employée de banque de banque retrouvée morte le 30 octobre 2017 dans un bois à quelques kilomètres du domicile conjugal de Gray-la-Ville (Haute-Saône).
Il avait avoué le meurtre avant de se rétracter et d'inventer un invraisemblable complot familial, pour finalement reconnaître de nouveau le meurtre de son épouse commis selon lui lors d'une violente dispute conjugale.
L'informaticien de 36 ans, qui a aussi reconnu avoir incendié en partie le corps de son épouse, soutient toutefois ne jamais avoir voulu la tuer.
Jonathann et Alexia Daval avaient toutes les apparences d'un couple idéal. Mais ils vivaient en réalité en pleine "conjugopathie", selon Me Schwerdorffer. "On était face à un couple en grande souffrance qui ne savait pas comment s'en sortir et qui ne s'en sortait pas", a-t-il analysé.
Jonathann avait "un mode de fonctionnement basé sur le mensonge", a reconnu l'avocat, bien conscient que "l'unique possibilité" pour son client "d'avoir un procès juste", c'est désormais "d'être authentique et sincère", il le "doit à sa famille" et "à la famille d'Alexia".
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