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Auteur d'un amendement qui vient contrarier les plans de Boris Johnson de faire voter par le Parlement britannique son accord de Brexit, Oliver Letwin n'en est pas à son premier coup d'éclat à Westminster, où il a déjà réussi à enrayer la mécanique.
Bien que favorable à cet accord, Sir Letwin, 63 ans, a rédigé un amendement visant à écarter le risque d'une sortie de l'UE sans accord le 31 octobre, adopté samedi par la Chambre des communes: il contraint Boris Johson à demander un report du Brexit le temps que soit adoptée toute la législation nécessaire à la mise en oeuvre de l'accord qu'il a décroché à Bruxelles.
Il s'agit selon ses propres termes d'une "police d'assurance" pour éviter une sortie "accidentelle" sans accord à la fin du mois si, pour une raison ou pour une autre, les textes nécessaires n'étaient pas adoptés d'ici-là.
Député conservateur du Dorset (sud-ouest de l'Angleterre) depuis 1997, Oliver Letwin fait partie des 21 rebelles exclus du parti pour avoir voté début septembre avec l'opposition une loi imposant à Boris Johnson de demander un report de trois mois du Brexit au cas où un accord de divorce ne serait pas conclu au 19 octobre.
Cet intellectuel et ancien banquier s'était déjà illustré en mars avec un amendement qui a permis au Parlement d'arracher des mains de Theresa May, alors Première ministre, le contrôle du processus, pour organiser une série de votes permettant aux députés de donner leur avis sur le Brexit.
Au final, aucune majorité ne s'était dégagée sur les divers scénarios envisagés.
- Gaffes et excuses -
Fils de deux universitaires juifs américains installés en Grande-Bretagne, Oliver Letwin, marié et père de deux enfants, est issu de l'élite de l'enseignement britannique: Eton, Cambridge et la London Business School.
Membre du cabinet de la Première ministre Margaret Thatcher de 1983 et 1986, il écrivait dans une note en 1985, en réaction à une émeute dans un quartier défavorisé de Londres, que des projets pour soutenir des entrepreneurs noirs aboutiraient à alimenter "le business des discothèques et de la drogue". Quand cet écrit a resurgi trente ans plus tard, il avait immédiatement présenté des excuses, trouvant ses mots "mal choisis et condamnables".
Après avoir travaillé pour la banque d'affaires Rothschild, Oliver Letwin s'était fait élire député dans une circonscription facile pour les Tories.
Connu pour son libéralisme économique, il a été porte-parole sur les affaires budgétaires lors de la campagne des législatives de 2001, et se disait à titre personnel favorable à une baisse de l'imposition de 20 milliards de livres par an, alors que son parti promettait 8 milliards seulement.
En 2003, il avait déclaré qu'il préférait "donner [son] bras droit", voire "aller dans la rue et mendier" pour pouvoir envoyer ses deux enfants dans une école privée plutôt que de les inscrire dans le public.
Proche de David Cameron, il a participé en 2010 aux négociations pour constituer un gouvernement de coalition entre conservateurs et libéraux-démocrates. Le Premier ministre l'avait récompensé en créant pour lui le poste de ministre de la Politique gouvernementale. Dans les faits, Oliver Letwin était l'homme chargé de résoudre nombre de problèmes.
Mais les gaffes avaient continué: en 2011, il était surpris par un photojournaliste en train de jeter dans une poubelle d'un parc de Londres des documents confidentiels sur l'antiterrorisme. Là encore, il avait présenté ses excuses.
Eurosceptique, il avait soutenu comme M. Cameron le maintien du Royaume-Uni dans l'UE lors du référendum de 2016.