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Victimes de leur succès auprès des consommateurs, les marques de cosmétiques, et pas seulement les parfums, sont une cible de choix pour les contrefaçons, souvent produites en Asie et qui se vendent surtout sur internet.
Comment repérer un produit cosmétique contrefait?
Premier indice: le prix de vente. "Un prix anormalement bas est généralement signe de contrefaçon", surtout pour un produit classique et intemporel sur lequel il n'y a jamais de soldes, relève Delphine Sarfati-Sobreira, directrice générale de l'Union des fabricants (Unifab), association française de lutte anti-contrefaçon qui réunit 200 entreprises.
La méfiance doit également être de mise s'il ne s'agit pas d'un revendeur agréé ou d'un site internet officiel, même s'il existe des "sites miroir", reproduisant à l'identique le site d'un distributeur officiel.
Il faut aussi veiller à ce que le nom et l'adresse du fabricant figurent sur l'emballage. Des lignes moirées, une impression un peu floue ou des petites fautes d'orthographe sur les étiquettes sont autant d'autres signes indiquant un produit cosmétique contrefait, note Mme Sarfati-Sobreira.
S'agissant des parfums, si la tige qui va dans le vaporisateur est "rebiquée" au fond du flacon, "c'est toujours une contrefaçon" car les producteurs authentiques adaptent la longueur des tiges en fonction des contenants, un souci esthétique dont ne s'embarrassent pas les contrefacteurs, précise-t-elle.
Toujours dans les parfums, les "tableaux de concordance", présentés comme des "guides" permettant au consommateur d'acheter des parfums moins chers en retrouvant les équivalences aromatiques de jus de grandes marques sont une pratique "constitutive du délit de contrefaçon, d'usurpation et d'usage illicite de la marque d'autrui", rappelle la Fédération des entreprises de la beauté (Febea).
En 2015 à la suite d'une plainte de la Febea, la chaîne espagnole de parfumerie à bas prix Equivalenza a ainsi été mise en examen en France, la justice la soupçonnant de vendre des imitations de parfums de marque dans ses boutiques, ce que la société a contesté.
Où sont-ils fabriqués, et par qui?
Une grande partie est produite en Asie, notamment en Chine, mais également en Turquie, en Europe de l'est et en Afrique du nord, selon l'Unifab et la Febea.
Cependant de tels ateliers peuvent aussi exister en France: mercredi, la douane a ainsi annoncé le démantèlement d'un laboratoire de cosmétiques de contrefaçon en Seine-et-Marne, une première dans le pays selon l'Unifab.
Comme les faux médicaments ou les faux vêtements de marque, la contrefaçon de produits de beauté est souvent l'apanage de réseaux mafieux "et également d'organisations terroristes", selon Mme Sarfati-Sobreira.
En tant qu'activité rapportant "énormément" tout en étant "très peu punie", la contrefaçon est une des principales activités finançant ces organisations, après le trafic de drogue, estime-t-elle.
Quant aux sites de vente de cosmétiques contrefaits sur internet, ils sont souvent hébergés dans des Etats peu regardants, comme les paradis fiscaux, ce qui rend difficile leur fermeture.
Quelles conséquences pour l'industrie et les consommateurs?
La contrefaçon représenterait 10% du marché mondial des cosmétiques et touche davantage les parfums que les crèmes de soin, a rappelé à l'AFP Emmanuelle Gourbin, directrice des affaires juridiques et sociales de la Febea.
L'industrie cosmétique "légitime" perd environ 4,7 milliards d'euros de recettes chaque année sur le marché européen en raison de la présence de produits de beauté contrefaits, soit 7,8% des ventes du secteur, et une perte de près de 50.000 emplois, selon une étude publiée en 2015 de l'Office européen pour la propriété intellectuelle (EUIPO).
Quant au consommateur, il prend d'abord un risque pour sa santé. Car un produit cosmétique non contrôlé "peut être dangereux pour la peau et provoquer une allergie", étant fabriqué par une main-d'oeuvre non qualifiée, sans respect des règles d'hygiène et à l'aide d'ingrédients de mauvaise qualité, voire interdits, met en garde la Febea.
En achetant un produit contrefait, le consommateur commet aussi un délit pénal, sans compter le risque de se faire voler des données personnelles, comme ses coordonnées bancaires, en cas d'achat sur un site internet douteux.