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"C'est génial! j'adore l'aspect physique du boulot!", s'exclame la Canadienne Pauline Bolay, une des deux femmes qui tondent lors du championnat du monde de tonte de moutons, débuté jeudi au Dorat (Haute-Vienne), dans le centre de la France.
Sous une immense tente blanche, cette tondeuse professionnelle s'apprête à rejoindre l'estrade où six des 323 participants internationaux ne vont cesser de se succéder jusqu'à dimanche pour tondre 5.000 moutons, dos courbé avec à la main une tondeuse ou des ciseaux traditionnels à grandes lames, appelés forces.
A côté d'elle, un Japonais en salopette fait quelques étirements tandis que son compatriote Shun Oishi vient de terminer le concours international de tonte de moutons, qui précède tout championnat du monde dont les épreuves débutent vendredi.
"Je suis impressionné par un tel niveau de technique", souligne ce compétiteur qui participe pour la première fois à des championnats du monde et aime pratiquer les deux types de tontes.
"Avec les forces, je sens que je coupe la laine mais ça fait mal au bras!", reconnaît ce trentenaire qui travaille dans une ferme pour touristes à une centaine de km de Tokyo.
Après ce concours, appelé "All Nations" et ouvert à plus de 300 participants, tous niveaux confondus, il va participer vendredi au championnat du monde, épreuve plus réduite qui se déroule pour la première fois en Europe continentale depuis sa création en 1977.
Seuls deux participants de chaque pays sont sélectionnés pour chaque catégorie : la tonte machine (rasoir), la tonte forces (ciseaux) et le tri de laine qui permet de sélectionner la meilleure qualité.
Pour être bon tondeur, la technique est importante et surtout "la fusion entre l'animal et l'homme", estime Christophe Riffaud, président de l’Association pour le mondial de tonte de moutons (AMTM), organisatrice de l'événement.
"L'animal doit se sentir en confiance et pour cela, il faut que nous-mêmes soyons confiants", poursuit cet éleveur de bovins et prestataire de service en tonte au Dorat.
- 5.000 moutons, 34 pays, 323 participants -
Pour accueillir la compétition, la petite commune rurale du Dorat, avec un budget d'un million d'euros et 300 bénévoles par jour, a vu grand : un site de 7 hectares sur son terrain de foot et les champs alentour accueillant stands et activités.
Quant aux moutons, ils sont cachés des regards jusqu’à leur entrée sur scène. Seul le nombre suffisant pour la journée est présent. Aussitôt après avoir été tondus, le cheptel repart en camion dans sa ferme, dans un rayon de 30 km.
"Ce championnat du monde peut servir de tremplin pour améliorer la filière. En se mesurant aux autres, ça fait monter la qualité et ça ne peut être que mieux pour l'animal. Comme c'est spectaculaire, les jeunes ont envie de le faire", se réjouit M. Riffaud.
Parmi les pays présents comme la Norvège, l’Estonie ou pour la première fois la Belgique, les pays anglo-saxons sont favoris, Nouvelle-Zélande en tête.
Elle a remporté à domicile le dernier championnat en 2017 en tonte machine et tri de laine. Le champion du monde pour la tonte aux forces, le Sud-Africain Mayenseke Shweni, est lui aussi au Dorat pour conserver son titre.
"Les championnats du monde apportent davantage de visibilité à la tonte, elle devient plus professionnelle, plus reconnue dans le monde maintenant", selon Greg Herrick, président du Golden Shears World Council qui fixe les règles du championnat.
"Le but, c’est que tous les pays qui élèvent des moutons participent au championnat du monde", ajoute ce Néo-Zélandais.
Le conseil qu'il préside s'est réuni mercredi au Dorat et a déjà choisi pour organiser l'édition 2022 l’Écosse qui pourrait bien doubler ce succès dimanche avec une victoire au championnat du monde.
L'association de défense des animaux PETA a en revanche accusé jeudi le mondial d'être "une expérience terrifiante pour les moutons".
Par respect pour les 34 pays présents, M. Riffaud s'est par ailleurs dit "déçu" de l’annulation à la dernière minute de la venue jeudi du ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume.
La Confédération paysanne a dénoncé une "dérobade" alors que la visite ministérielle aurait permis selon le syndicat d'aborder l'accord UE-Mercosur, la présence des loups ou le manque d'installation en élevage ovin.