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Si originellement, la filiale 'domotique' de Google, Nest, était réputée pour des tarifs assez élevés (caméras de surveillance, détecteurs de fumée, thermostat), l'orientation actuelle de la division 'matériel' globale du géant américain est accessible à toutes les bourses.
Effectivement, même s'ils ne sont pas (encore) en vente chez nous, les smartphones de Google (Pixel) n'affichent pas des prix haut de gamme, et c'est également le cas des nouveautés audio. On sait que l'entreprise californienne fait de gros effort pour imposer son assistant vocal 'Google Assistant', future (ou actuelle pour certains) pierre angulaire de son écosystème. C'est sans doute cette volonté qui le pousse à brader ses Nest Mini (50€), Nest Hub (90€) et depuis quelques jours, le nouveau Nest Audio (99€).
On pourrait le résumer en deux mots: c'est un Nest Mini avec un son digne de ce nom, qui mérite donc l'appellation d'enceinte connectée. Et vu son encombrement limité et son prix contenu, on se demande sur le Nest Mini va rester longtemps au catalogue, car avouons-le, à part répondre à des questions, ce n'est pas vraiment une manière propre d'écouter de la musique.
Tout ce qu'on demande à une enceinte connectée
Tous ceux qui utilisent les services de Google (en fait, la plupart d'entre nous en utilise au moins trois de manière fréquente : recherche, Maps et Gmail), et qui ont un smartphone Android (donc 90% de la population), ont un intérêt à passer aux enceintes intelligentes telles que le Nest Audio (mais Sonos existe depuis longtemps et est compatible avec d'autres assistants).
Il y a deux éléments à prendre en compte. Le principal, c'est que le Nest Audio est équipé d'un micro, et que relié (via l'application Home de Google) à un compte de streaming musical (Spotify, Deezer, Tidal, Apple Music, YouTube Music, etc), cette enceinte répondra à vos requêtes. Vous pouvez donc lui dire: "Ok Google, joue du jazz dans la salle à manger", ou "Joue Beat It de Michael Jackson dans le salon", selon l'endroit où vous aurez placé et configuré votre Nest Audio. C'est l'usage qu'en font 90% de ceux qui ont une enceinte connectée en Belgique. Et ça fonctionne assez bien, même si certaines radios (celles de nos amis de la RTBF par exemple) sont absentes de TuneIn, qui sert de base à Google pour diffuser des stations. Et même si parfois, l'assistant en langue française a du mal à comprendre les noms de chanteurs ou de groupe d'origine anglaise. Personne n'est parfait.
Un Assistant qui gagne à être connu
L'autre élément intéressant avec le Nest Audio, c'est que précisément, Google Assistant, c'est bien plus que de diffuser la musique/radio que vous souhaitez écouter. Google vous connait assez bien (ce qui effraie certains d'ailleurs), et donc si vous l'utilisez beaucoup, par exemple pour votre agenda ou vos communications, il peut vous aider à ajouter un rendez-vous ou consulter les prochains qui se trouvent dans le planning. Il peut répondre à quelques questions simples à comprendre, et dont la réponse se trouve sur internet (il a une base de données de sites internet servant de source). Mais le plus important, c'est qu'il est la télécommande parfaite pour tous vos objets connectés. Il les rend même nettement plus pertinents car plus faciles à utiliser: "Allume toutes les lampes, mets la température sur 18 degrés dans la chambre, éteins la TV", sont trois requêtes que j'utilise tous les jours. Il va de soi que je suis probablement nettement mieux équipé que la moyenne belge, mais n'empêche, ça fonctionne…
Un petit souci de basses…
J'allais oublier: et la qualité du son ? Google a fait un gros effort et compte tenu de l'encombrement ridicule du Nest Audio (17 cm de haut, 12 cm de large, 8 cm de profondeur) et de son prix contenu (99€), on peut vraiment saluer le travail des ingénieurs. C'est une enceinte musicale, tandis que les autres appareils de Google sont plutôt des haut-parleurs neutres.
Le son est correct et agréable, même si comparé à ce que propose Sonos pour 199€, c'est un cran en-dessous: les basses sont peu maîtrisées et partent dans tous les sens, de manière parfois assourdissante, comme si elles saturaient ou résonnaient. Même en les réglant au minimum via l'application Google Home, j'ai constaté cette limite gênante sur certains morceaux. Du côté des aigus et des voix, tout me semblait meilleur, sans être cristallin. Quant à la puissance maximale, elle suffira à la plupart des ménages belges.
Comment s'y prend Google, techniquement ? Ce n'est pas une enceinte 360°, malgré son look. Il y un woofer (basses) de 75 mm de large, et un tweeter (aigus) de 19 mm, mais ils sont logés tous deux dans la face avant, dans un caisson en aluminium. Recouvert, vous l'aurez remarqué, d'un tissu gris (le Nest Audio existe aussi en blanc).
Sachez que l'enceinte n'a pas de port réseau: c'est du Wi-Fi, ou rien. Et qu'il y a trois zones "tactiles" sur le dessus: play/pause au milieu, volume + et – à droite et à gauche. Dans le dos, un interrupteur vous permet de couper le micro. Quant aux petits points lumineux, ils s'affichent lorsque votre enceinte a entendu "Ok, Google", et pour montrer le niveau du volume quand vous le modifier.
Conclusion
La Nest Audio, à 99€, est un pari réussi pour Google, qui démocratise l'enceinte musicale connectée et intelligente. Pour un prix démocratique, vous avez un assistant vocal gratuit et un appareil qui diffusera votre radio internet préférée (ou votre musique si vous avez un compte payant de streaming).
La concurrence, en Belgique (ou Amazon est absent), il faut la chercher principalement du côté de Sonos, qui enrage contre Google, d'ailleurs (plusieurs procès sont en cours), l'accusant de concurrence déloyale, voire d'espionnage industriel.
Légèrement plus cher, Sonos garde pour lui un excellent design, une maîtrise très professionnelle du son et surtout, la gestion du multiroom. On peut, via l'excellente application Sonos, grouper facilement des enceintes et avoir accès à une liste de sources musicales exhaustive. Google propose aussi l'option "Créer un groupe d'enceintes" via son application Home, et j'ai fini par réussir à la faire fonctionner. Mais ce n'est pas aussi intuitif à gérer par la suite (dissocier/réassocier des enceintes).
De manière générale, l'application Home est un peu une usine à gaz, il faut le reconnaître. Elle veut être un genre de cartographie de votre maison connectée (caméras, lampes, enceintes, prises, etc), mais c'est difficile d'en faire également un moyen simple et pratique de contrôler la musique dans les pièces de la maison. Google devrait sans doute réfléchir à une application dédiée à la musique, vu qu'il multiplie ses haut-parleurs intelligents…