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L'écrivain Francis Ryck, l'un des maîtres du roman policier français, auteur d'une soixantaine de livres, est décédé dimanche à Paris à l'âge de 87 ans, a-t-on appris mardi auprès de sa famille.
De son vrai nom Yves Delville, Ryck était né le 4 mars 1920 à Paris d'une mère russe et d'un père français. Engagé dans la marine à l'âge de 18 ans, il participe en 1939-1940 à la campagne de Norvège et sera fait prisonnier par les Allemands.
De retour à Paris en 1943, il exerce divers métiers avant de se lancer dans l'écriture. Après plusieurs livres chez Albin Michel, dont "Promenade en marge", Grand prix de la Société des gens de lettres en 1954, il se lance dans le polar et entre en 1966 à la Série Noire.
Il y publie 18 romans jusqu'en 1978 et influence profondément une nouvelle génération d'auteurs, en mettant notamment en scène des marginaux, des flics et des truands en rupture, des adolescents révoltés et des héros désabusés, inspirés de ses multiples rencontres.
Francis Ryck est alors considéré comme l'un des pères du "néo-polar" français, avec Jean Amila, Jean-Patrick Manchette et Frédéric Fajardie. Son dernier titre à la Série Noire, "Prière de se pencher au dehors" (1978), a valeur de manifeste pour de nombreux auteurs.
Ses romans ont longtemps inspiré les réalisateurs français, qui en ont porté une dizaine au cinéma : "La peau de Torpédo" (Jean Delanoy), "Drôle de pistolet" ("Le silencieux" de Claude Pinoteau), "Le compagnon indésirable" ("Le secret" de Robert Enrico), "Nos intentions sont pacifiques" ("L'entourloupe" de Gérard Pirès), "Le piège" (Gérard Vergez), "Effraction" (Daniel Duval) ou "Conseil de famille" (Costa-Gavras).
Francis Ryck porte dans ses livres un regard sans concession sur une société qui perd pied. "J'ai voulu dire autre chose. Mes héros fuient la réussite sociale comme la peste. Ce sont les derniers hommes libres", déclarait-il.
Son oeuvre gagne en gravité à partir des années 1980, avec des histoires de vengeance ("Le nuage et la foudre", 1982) ou d'ados à la dérive ("Le chemin des enfants morts", 1991).
En marge du milieu littéraire, dont il méprisait les règles, il vivait depuis quelques années modestement à Paris après une vie de bourlingueur.
Francis Ryck avait encore publié deux livres depuis le début de l'année, "La casse" aux Editions Scali et "L'enfant du lac" chez Melis Editions.