Partager:
Selon le journal Le Soir, le parc éolien wallon compte 450 unités. Ce nombre devrait doubler en 10 ans. Les mâts culminent jusqu’à 200 mètres de haut. Alors pour certains, trop c’est trop. Dans les communes les plus fournies, la révolte gronde. Le gouvernement wallon lui-même semble partagé.
A Our, 5 éoliennes de 180 mètres de haut pourraient être installées. Maxime Collard, chef et propriétaire de la Table de Maxime est opposé au projet, en province de Luxembourg. Ces éoliennes vont-elles diminuer son attractivité. "Tout à fait, on a aussi 2 restaurants et 30 chambres dans le village. Our est reconnu comme étant un des plus beaux villages de Wallonie. Il faut essayer de conserver cela. Les clients qui viennent dans notre coin, viennent pour la nature, le chant des oiseaux, profiter des balades et de la gastronomie. Implanter 5 éoliennes sur les hauteurs va véritablement 'écraser' le village. (…) Je suis opposé au projet éolien à Our, je ne suis pas opposé au projet éolien dans la globalité, mais il faut qu’il soit implanté dans des endroits qui respectent le citoyen et la nature."
Existe-t-il une vraie levée de boucliers en Wallonie ? Fawaz Al Bitar, directeur général de EDORA, la fédération du secteur des énergies renouvelables, répond: "Nous devons être attentifs aux critiques, mais il faut pouvoir relativiser. Actuellement, il y a 458 mâts installés. L’installation en Wallonie est une installation de qualité. Il faut savoir que pour octroyer les permis, c’est un long processus. Les études d’incidence environnementale sont particulièrement poussées. Mes collègues européens sont étonnés qu’il faut plus d’un an en Belgique. Il ne faut pas balayer la minorité qui est contre ces projets. Il faut en tenir compte pour s’améliorer."
Certains promoteurs ont parfois agi comme des cowboys
La limitation de nuit va par ailleurs passer de 40 à 43 décibels en Wallonie, alors qu’en Flandre, elle restera à 39... Invité sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche, Philippe Henry, le vice-Président de la Wallonie et ministre de l’Énergie, n'a pas reprécisé cette décision.
"Il faut prendre l’ensemble des conditions. On est clairement dans un développement qui doit prendre en compte le cadre de vie des citoyens. D’une manière générale, il y a parfois de l’énervement car il y a beaucoup de projets au même endroit. Il y a de l’incompréhension par rapport à ce qu’il y a réellement sur la table. Mais les conditions sont très strictes pour implanter les éoliennes. Concernant le bruit, il y a à chaque fois une enquête précise en fonction du relief, des vents localement, pour que ça ne soit pas dérangeant pour la population. D’une façon générale, on est beaucoup plus dérangé par les avions ou le bruit des routes. Donc évidemment que localement, on a parfois eu des cas malheureux avec des éoliennes, mais les permis sont là pour analyser la situation. Il y a des levées de boucliers ponctuels au moment de l’émergence d’un projet. Certains promoteurs ont parfois agi comme des cowboys et n’ont pas été transparents."
Et d'ajouter: "On a décidé d’atteindre 55% de réduction de gaz à effets de serre en 2030. On doit progresser dans le renouvelable. Pour l’instant, on n’a pas suffisamment de permis octroyés pour des éoliennes par rapport à la trajectoire de 2030. On doit travailler sur toutes les filières d’énergies renouvelables, pas que sur l’éolien. C’est un fameux défi."
Un grand nombre de dossiers
De son côté, Willy Borsus, le ministre de l'Aménagement du territoire, a déclaré qu'"il faut bien se rendre compte qu’il y a un mouvement dans un certain nombre de communes, de citoyens qui s’opposent à certains projets. Il y a un grand nombre de dossiers. Quand j’ai regardé les chiffres de 2018, 2019 et 2020, il y a quelques 690 éoliennes en projet. Toutes ne vont pas aboutir, mais je dis que, bien sûr, il faut s’inscrire dans nos objectifs d’énergie renouvelable de transition énergétique, mais pas n’importe comment."
Pour Damien Ernst, spécialiste des réseaux d'électricité, le gouvernement wallon est "dans une immense crise en termes de politique énergétique et il pratique la langue de bois. On produit moins d’énergie renouvelable maintenant qu’il y a 2 ans. Une solution pour la Belgique serait d’importer de l’électricité verte de l’étranger ou de transformer cette électricité verte en hydrogène et de l’importer", a-t-il indiqué.