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Nombreuses sont les personnes qui ont pris l'habitude de jeter leurs restes de pain pour nourrir les oiseaux. C'est le cas de Ludo, un Bruxellois qui en profite pour "shooter", comme il le dit, toutes sortes d'espèces d'oiseaux. Ce geste a priori bienveillant est pourtant fortement déconseillé par les spécialistes de l'environnement. Nous vous expliquons pourquoi.
Ludo nous a envoyé les photos des animaux qu’il peut observer chaque jour dans l’espace vert en bas de son immeuble à Schaerbeek. Depuis le mois de janvier, un rapace s’y est même invité. "J'ai photographié de ma terrasse ce rapace qui mangeait le pain et les graines que je donne aux oiseaux vu le grand froid... jamais vu ça !", nous écrivait-il il y a quelques semaines depuis le
"Est-ce normal ? Est-ce un oiseau malade ou blessé ?", questionne-t-il. Il est vrai qu’en milieu urbain, on a plus l’habitude de croiser la route d’un pigeon ou d’une pie que celle d’un rapace. Nous avons contacté un spécialiste afin d’en savoir plus. Jean-Yves Paquet, directeur d’études chez Natagora, nous explique qu’il s’agit ici d’une buse variable, une espèce qui, généralement, ne s’aventure pas trop dans les jardins. "Ce n’est pas nécessairement un oiseau très farouche", commente-t-il.
"Ils vont se poser à l’endroit où je vais donner la nourriture"
Ce n’est pas pour autant qu’il s’agit d’un animal blessé. Et ce ne sont, au départ, probablement pas les miettes qui ont attiré ce carnivore dans l’espace vert de Ludo: "Il se peut que la buse ait tenté de capturer un rongeur ou un oiseau venant pour prendre du pain, plutôt que de prendre le pain elle-même", explique Jean-Yves Paquet. Mais depuis, chaque jour, le Schaerbeekois lance ses restes de pain et quelques graines et constate qu’il s’en accommode très bien: "Je l’ai encore vu hier, je le vois pratiquement tous les jours", nous avait-il expliqué au téléphone. "Il ne vient manger que le pain. Tous les autres oiseaux partent quand il arrive, et lui se fait attaquer par les gros oiseaux noirs [probablement des corneilles, ndlr]". Car tous les midis, Ludo répète ce même petit rituel: "Je sors, ils me voient, ils vont se poser à l’endroit où je vais donner la nourriture et pendant une bonne grosse demi-heure c’est la rue neuve un jour de Noël ! Puis une heure et demi après il n’y a plus rien".
Nourrir les oiseaux, un comportement qui n'est pas encouragé
Si l’intention de Ludo est, à n’en point douter, bienveillante, et qu’elle lui permet par ailleurs d’observer ces espèces, son comportement n’est pas encouragé. Le nourrissage d’animaux à Bruxelles est par ailleurs réglementé. Un arrêté régional relatif au Règlement de parc dans la Région de Bruxelles-Capitale stipule qu’il est défendu de nourrir les animaux sans autorisation de l'autorité compétente (
"Les gens pensent aider, mais l'équilibre naturel est perturbé"
C’est une constante aussi en Wallonie. On se souviendra par exemple du cas de Simone, une octogénaire d’Arlon
Une espèce opportuniste, c'est quoi?
Une espèce opportuniste, c’est un animal omnivore, qui mange un peu ce qu’il trouve, comme le renard, et dont le menu est très varié: "Il mange de la viande mais aussi tout ce que les gens donnent, il va même chercher sa nourriture dans les poubelles". En effet, ce nourrissage ne profite pas qu’aux oiseaux, en témoignent les clichés de Ludo: "J'ai déjà aussi photographié à cet endroit-même un renard qui se prélassait au soleil (on les entend surtout se balader le soir et la nuit) un écureuil aussi venu manger, très friand de grosses graines genre noisettes..."
Le pain, une mauvaise idée
Lancer du pain, cela signifie donc attirer des espèces opportunistes qui entrent en concurrence avec des espèces plus faibles, ce qui perturbe la biodiversité. Mais en plus, cela ne rend pas vraiment service aux oiseaux: "Du pain, ça peut faire gonfler l’estomac, et ça peut provoquer des troubles digestifs chez les oiseaux. Même s’ils aiment bien cela, ce n’est pas très nutritif", explique Olivier Beck.
Comment aider les espèces sauvages ?
Que faut-il faire alors ? "En ce qui concerne les oiseaux, on conseille de limiter le nourrissage aux petits passereaux, chez soi, dans son jardin. On conseille d’utiliser une mangeoire avec des graines, fermée, qui cache l’entrée pour de grandes espèces opportunistes comme les perruches et les corneilles, et de le faire entre le 1er novembre et le 1er avril". Une liste de recommandations est disponible