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"Ce matin j'ai découvert cette drôle de bête jamais vue avant", nous indique Cynthia, qui habite à Messancy, en province de Luxembourg. A Châtelet, dans le Hainaut, une personne a photographié la même espèce d’insecte: "Aperçu une drôle de petite bête volante, première fois que je voyais cet insecte".
Une invasive venue d'Amérique du Nord
Il s’agit d’une punaise américaine du pin, un insecte considéré comme invasif en Europe. "On en a retrouvé fin des années 90, début des années 2000 en Italie, en France… et ça remonte. Elles sont originaires d’Amérique du Nord et sont arrivées avec les importations", explique Frédéric Francis, doyen à la faculté d’Agro-Bio Tech à Gembloux et responsable de l’unité d’entomologie. On retrouve cet insecte, comme son nom l’indique, sur le pin, mais aussi différentes espèces de résineux. "Ils viennent consommer les pommes, les fructifications et les graines".
On reconnaît cette punaise notamment à ce petit dessin blanc, une sorte de zigzag caractéristique, sur une partie des ailes antérieures visibles au repos, nommées les "hémélytres".
"Elles rentrent pour passer l’hiver"
Nous avons reçu plusieurs messages de personnes qui s’interrogeaient sur la présence de ces punaises dans leurs maisons. Elles sont particulièrement visibles en ce moment.
"Depuis quelques jours, ce type d'insecte envahit ma véranda, je les remets dehors", nous dit Louis, depuis Jumet, du côté de Charleroi. Et il y a fort à parier qu'elles retenteront leur chance. "Elles rentrent pour passer l’hiver, comme les coccinelles asiatiques. C’est le stade auquel elle passe sa mauvaise saison, et l’hiver, c’est le stade adulte. Maintenant, elle cherche simplement à rentrer dans les maisons pour avoir un refuge pour l’hiver", précise le spécialiste en entomologie.
Si elles sont invasives, ces punaises ne sont pas nuisibles. Leur impact dans nos foyers peut être considéré comme neutre, même s’il n’est pas toujours agréable de constater une présence accrue d’insectes chez soi. "Elles cherchent uniquement à rentrer pour passer l’hiver, il n’y a pas de danger pour le mobilier, le bois de charpente, ou quoi que ce soit d’autre", rassure le spécialiste.
Est-ce qu'elle pique?
Cette espèce pique-t-elle? Vous êtes nombreux à nous avoir posé la question. Les punaises sont toutes munies de ce qu’on appelle un rostre, une pièce buccale qui leur sert à se nourrir. Ainsi, toutes les punaises mordent, mais cette espèce ne mord pas l’humain. "La punaise du pin ou les pucerons prélèvent de la matière végétale. Il y a des punaises aussi sur les fruits rouges, les groseilles et les framboises".
Par contre, il y des punaises d’une autre espèce, les punaises des lits, bien connues pour faire vivre un enfer aux habitants de maisons infestées. Celles-ci se nourrissent de sang. "Ces insectes ont les mêmes pièces buccales, mais qui ont évolué de manière un peu différente. On a des pièces buccales qui sont un peu plus costaudes et robustes pour venir percer la peau humaine ou de certains animaux. C’est bien un rostre, mais qui n’est pas tout à fait le même en termes de structure et de robustesse", indique Frédéric Francis.
Une punaise pas diabolique
Ces derniers jours, vous avez peut-être vu passer des informations provenant de médias français sur une autre punaise, venue elle d'Asie de l'Est, nommée "punaise diabolique". Dans son habitat naturel, elle n'est pas considérée comme une ravageuse, car elle a des "ennemis" naturels qui consomment ses oeufs. Mais en Europe, ou encore aux Etats-Unis, ce n'est pas le cas. "Elle se nourrit de beaucoup de fruits, comme les poires, les pommes, les prunes. Elle va aussi dans les grandes cultures comme le maïs. Elle est polyphage, c’est-à-dire qu’elle se nourrit de plein de plantes différentes", nous explique Laurent Serteyn, qui se consacre à l'étude de cette espèce à la faculté d’Agro-Bio Tech à Gembloux.
Si la punaise diabolique (Halyomorpha halys) a été repérée près de Paris, elle n'a pas encore été signalée chez nous. "On n’a pas encore eu d’écho, mais ça va aller très vite. Parfois, la première observation se fait quelques mois voire années après la première introduction". D'autant plus que cette punaise se déplace très rapidement: "Elle est dans les milieux urbains et peut faire de grandes distances par les transports humains, surtout quand elle cherche un abri pour passer l’hiver".
Photo de la punaise diabolique: Hectonichus sur Wikipedia
Une autre punaise ressemble bien plus à la diabolique
Ingrid nous avait fait parvenir, via le bouton orange Alertez-nous, la photo d'une punaise lui ressemblant plutôt, se demandant de quelle espèce il s'agissait. "Je suis envahie par cet insecte volant qui cherche à entrer dans la maison et qui y réussit vu ses ailes. Pas évident de prendre des photos, ils sont toujours actifs". Nous l'avons soumise à Laurent Serteyn, qui nous indique qu'il s'agit d'une autre punaise, nommée Rhaphigaster nebulosa: "On les confond souvent. Sur sa partie membraneuse, celle-ci va avoir de petits points noirs. Elle est européenne, et se retrouve dans nos régions". Cette punaise cherche également à se faire une place au chaud en vue de l'hiver.